Dans un tweet devenu viral sur les réseaux sociaux, le président Kais Saied a qualifié l’immigration clandestine d’Afrique subsaharienne de « complot criminel » visant à « modifier la composition démographique » de la Tunisie et la transformer en un pays uniquement africain sans son identité arabe et musulmane.
Selon Morocco Intelligence qui a relayé ce tweet, le président Kais Saied a par la suite dénoncé des «parties ayant reçu des grosses sommes d’argent» après la Révolution de 2011 afin de faciliter l’immigration clandestine d’Afrique subsaharienne.
Il a annoncé des «mesures urgentes» et souligné la «nécessité de mettre un terme rapidement à ce phénomène», estimant que les migrants clandestins commettent «des violences, crimes, pratiques inacceptables et criminelles».
Ceci est à la base de la campagne de xénophobie et de maltraitance des originaires de l’Afrique subsaharienne constatée depuis un certain temps dans ce pays. Tout le monde a encore fraiche dans la mémoire les images de la maltraitance d’un subsaharien dans un des aéroports de la Tunisie ! Nombreux sont les appels au secours qui proviennent d’Africains habitant la Tunisie. Et c’est ce qui a poussé certains gouvernements à réagir, demandant à la Tunisie de mettre un terme à ce contexte rétrograde en plein 21ème siècle.
Ça s’annonce donc très mal pour les Subsahariens qui vivent dans ce pays et qui sont désormais obligé de penser à une solution de retour dans leurs pays d‘origine. « Bonjour Madame Mangaya, la situation des congolais subsahariens en Tunisie est alarmante, le président tunisien a tenu un discours irresponsable hier soir et aujourd’hui les attaques visant les noirs en Tunisie ont commencé. Veuillez interpeler nos autorités afin qu’ils puissent demander des explications à l’ambassadeur de Tunisie en RDC sur ce qui s’est passe ici. Nous sommes victimes de cette irresponsabilité. Nos sœurs sont « Vl0LEES » nos frères sont menacés de mort», c’est le cri d’alarme lancé par Pitshou Mangaya, un Congolais maltraité et habitant la Tunisie, qui espère une réponse conséquence des autorités de son pays.
Ainsi, Kais Saied, par son comportement, crache sur la mémoire des pères de l’indépendance tunisienne, à l’instar du nationaliste Habib Bourduiba qui ont fédéré les populations dans la lutte contre le colonialisme et dans la défense des intérêts communs.
Alors que les critiques fusent de partout sur Kais Saied, un nouveau parti proche du président est encore plus sulfureux. Le Parti Nationaliste Tunisie déclare vouloir « lutter contre la colonisation de la Tunisie par les Subsahariens » et a développé toute une idéologie complotiste. C’est quand même grave pour les autorités tunisiennes qui, au lieu de suivre la nouvelle politique de migration du Maroc, initiée par SM le Roi, sont en train de faire le sale boulot : servir les européens et prétendre obtenir quelques retombées.
Le comportement rétrograde de Kais Saied est même en contradiction avec les idéaux défendus par l’Organisation internationale de la Francophonie dont la Tunisie est membre. En effet, la Francophonie a toujours accompagné les aspirations des jeunes et les associe désormais pleinement à ses processus de décision ainsi qu’à ceux des plus grandes instances internationales. L’OIF a aussi choisi de faciliter leur mobilité et d’appuyer de nombreux projets en lien avec l’entrepreneuriat, le numérique et l’innovation, domaines dans lesquels leur dynamisme et leur immense créativité sont à l’œuvre.
Dans un contexte où les portes se ferment à un pan entier de la jeunesse africaine, comment alors concourir à la matérialisation des missions de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), qui vise à intégrer à terme l’ensemble des 55 États de l’Union africaine au sein de la zone de libre-échange ? Et l’Union africaine créée dans le respect des valeurs africaines de solidarité, d’entraide, d’amour, de partage, etc., ne peut qu’être qu’estomaquée face à cette attitude qui n’encourage pas le vivre collectif.
Le moment est donc venu pour les pays africains de se ressaisir, de ne pas voir les frères africains comme une menace, mais comme une opportunité. C’est en cela que l’on bâtira ensemble une communauté de destin commun ou communauté d’avenir partagé.