Le conflit intercommunautaire dans la Commune de Lubunga, rive gauche du fleuve Congo dans la ville Kisangani, Chef-lieu de la province de la Tshopo (Issue de la province Orientale démembrée), continue de faire couler du sang. Six civils sont morts ce week-end, portant le bilan à plus de 500 morts depuis le début des hostilités en février 2023. Pour mettre un terme à ce carnage au nom du schéma de l’ethnicité, et par crainte de débordements, le gouvernement central a dépêché un escadron de 250 policiers pour le maintien de l’ordre dans cette partie de la République, troisième pôle économique en crise.
Malgré ses efforts pour mettre fin au conflit sur le schéma de l’ethnicité entre Mbole et Lengola, les violences ne font que s’accroître, ce qui a fini par pousser Kinshasa à apporter un soutien en hommes et matériels aux autorités provinciales.
Partie d’une crise foncière, des tueries sont régulièrement rapportées et rien que pour le début de la semaine dernière, au moins 9 personnes ont été tuées. Selon le gouvernement provincial, plus de 500 personnes ont été tuées et plus de 70 000 déplacés enregistrés depuis le début du conflit il y a huit mois. Les Mbole accusent les Lengola d’avoir vendu leurs terres à une entreprise pour 20 ans d’occupation. Mais le conflit a été aggravé par des assassinats et des cycles de représailles.
Le renfort des policiers avec des équipes permanentes, seront installées sur les deux axes routiers sous menaces: Kisangani-Ubundu et Kisangani-Opala. Dans la commune de Lubunga, cette force spéciale sera déployée dans les quartiers périphériques de 5 chantiers, Maniema, Osio, Kpangobi, Lokwa, Lokata, Kubagu, entre autres, où les attaques sont fréquentes.
« Il y a aujourd’hui environ 5 à 6 jours d’accalmie, sauf hier quand les assaillants se sont retirés en profondeur. Ils ont essayé d’inquiéter la population à 184 km de la ville de Kisangani. Depuis le début du conflit en février, on a enregistré plus de 70 000 déplacés mais beaucoup sont partis dans des familles d’accueil », raconte Mateus Kanga, porte-parole de la gouverneure de cette province. Et d’ajouter,
« Ce qui est plus alarmant, c’est le nombre d’enfants qu’on a pu enregistrer. Plusieurs maisons ont été incendiées, les besoins en nourriture se sont accrus et il y a des malades… Les difficultés sont énormes pour la province qui ne peut plus assurer une prise en charge correcte », alerte le porte-parole.
C’est un bilan plus élevé que celui donné par des médias internationaux, citant les sources sécuritaires et indépendantes qui parlaient de 250 morts. Il s’agit plutôt de plus de 500 morts.
Le nombre des victimes a explosé ces deux derniers mois et la crise semble dépasser les autorités provinciales qui n’arrivent plus à ravitailler les déplacés en nourriture, faute de moyens financiers.
L’arrivé des 250 policiers à Kisangani, un soulagement pour la population
Un escadron de 250 policiers est arrivé mercredi à Kisangani en provenance de Kinshasa pour faire face aux violences persistantes dans la commune urbano-rurale de Lubunga et d’autres entités, à la suite de conflit entre les membres des communautés Mbole et Lengola, comme le montre les propos des observateurs rapportés par Gabriel Makabu, un journaliste depuis Kisangani.
“L’arrivée de ces policiers est un soulagement pour la population. Cet appui vient résoudre le problème d’effectif des policiers à Kisangani. Dans la ville et à l’intérieur de la province, il se pose toujours avec acuité le problème du nombre réduit des policiers par rapport aux différentes interventions dans le secteur de la sécurité”, a indiqué ce samedi, le ministre provincial de l’intérieur et sécurité de la province de la Tshopo, Norbert Lokula.
“Ce conflit est né à partir de la signature entre l’autorité provinciale et l’entreprise Cap Congo de contrat de 20 ans d’occupation provisoire. Les terres qui servaient pour les activités agricoles sont vendues, des personnes sont tuées, des maisons incendiées, des femmes éventrées et violées, des bétails emportés. Nous en avons assez”, ont indiqué jeudi les habitants de la commune de Lubunga dans un mémorandum déposé auprès du gouverneur.
Dans leur même mémorandum, ces membres de la société civile ont appelé à “l’implication personnelle du Chef de l’État pour mettre fin à ce conflit car nos autorités provinciales sont restées indifférentes à nos cris de détresse”.
Willy Makumi Motosia