Pas facile d’être à l’origine du rabattement des avantages acquis, surtout par ces temps de restriction budgétaire. Pas facile non plus que l’initiative soit d’un Vital Kamerhe soupçonné, à tort ou à raison, d’ambitions démesurées. Un Vital Kamerhe qui s’est vu soumis à un parcours du combattant, mieux à un chemin de la Croix avec des stations conçues chacune pour la chute mais qui en ait survécu. Monter contre sa personne les collègues ayant rêvé de faire de la chambre basse une sinécure est l’une de ces épreuves…
“Sans sacrifice, nous ne ferons rien”
Le 15 juin 2024, à l’occasion de la clôture de la session parlementaire consacrée essentiellement à la mise en place du bureau définitif et à l’investiture du Gouvernement Judith Simwinua Tuluka (JST), Vital Kamerhe a rendu publics les arrangements qu’il a eus avec ses collègues. “Je voudrais vous remercier, vous, Honorables députés, d’avoir accepté que votre salaire, qui était rejeté par la population, soit divisé par deux, et là, c’est un geste de patriotisme. Vous devez vous applaudir. Je vous ai dit que sans sacrifice, nous ne ferons rien”, leur a-t-il dit.
S’adressant aussi à la Première ministre, il s’est exprimé en ces termes : “nous tenons à vous rassurer que nous ne vous demanderons pas une augmentation de salaire de député. C’est ma parole pendant tout cet exercice budgétaire. Nous serons ensemble comme vous l’avez souhaité. Nous allons échanger sur des questions essentiellement qui touchent le bien-être du peuple congolais, l’accomplissement de votre programme pour que notre pays recouvre finalement sa place naturelle, qui est celle de locomotive du décollage de l’Afrique subsaharienne et son rôle dans ce monde en ce moment de réchauffement climatique. Le Congo a des solutions à proposer au monde, et le Congo doit être respecté, protégé”.
Le Procureur près la Cour de Cassation doit se préparer…
Ainsi, n’ayant rien inventé, Vital Kamerhe ne pouvait que terminer son discours, comme il l’a dit lui-même, avec une clarification et un témoignage. Les députés qui ont travaillé ont droit à leur salaire ramené à USD 5.000, tous avantages confondus.
Il a mis quiconque au défi de prouver les émoluments de USD 21.000.
“Nous avons dit que nous allons réduire la tension salariale”, a-t-il affirmé. C’est chose faite.
Certains acteurs politiques, activistes de la Société civile et professionnels des médias ont d’emblée contesté ses affirmations en s’appuyant, entre autres, sur la loi de finances 2024.
Il faut admettre qu’ils sont allés vite en besogne.
En effet, en dehors des Livres sacrés, toutes les lois d’inspiration humaine sont modifiables. Pour preuve, la Constitution actuelle au centre du débat politique et juridique.
Une loi des finances est, de par sa nature, ” amandable ” du fait même du mécanisme dénommé “collectif budgétaire”. Wikipédia en dit ceci : “Les lois de finances rectificatives, ou collectifs budgétaires, sont des lois votées en cours ou en fin d’année, qui modifient les dispositions de la loi de finances initiale”.
Etant alors elle-même Autorité budgétaire, l’Assemblée nationale est tenue au devoir d’enclencher le processus de modification de cette loi.
Si elle ne l’a pas fait avant la fin de la session de mars à juin clôturée le 15 juin 2024, c’est sûrement faute de temps. Ce qui n’empêche pas cependant les députés de percevoir leurs émoluments. D’où l’avertissement de Vital Kamerhe particulièrement aux ONG à l’origine de la confusion suscitée et entretenue autour de cette affaire. Il leur a déclaré, par souci de transparence, les portes de la chambre basse ouvertes pour apporter les preuves de leurs allégations.
Afin de préserver la dignité de son institution, il s’est dit prêt à saisir les Cours et Tribunaux. “…le procureur près la Cour de Cassation doit se préparer puisqu’il y aura beaucoup d’actions dans ce sens. Je n’accepterai pas qu’on puisse ternir l’image d’une aussi grande institution de la République”, a-t-il annoncé.
Vital Kamerhe culpabilisé et crucifié…”
Comment en est-on arrivé là ? La mauvaise conception des libertés démocratiques y est pour beaucoup, sinon pour tout. C’est la rançon de la politisation à outrance de tout, et cela depuis 1990.
La communication se caractérise par la pratique honteuse de la déformation des propos. La propension est de les sortir de leur contexte pour en faire un scoop !
En 2017, Joseph Kabila en avait fait les frais avec la phrase ” Je n’ai rien promis” et en 2019, Félix Tshisekedi avec la phrase “sous d’autres cieux c’est illégal mais au Congo c’est légal” prononcée dans le cadre de l’affaire ” rétrocession”.
Lorsqu’on restitue ces phrases dans le contexte originel, on se rend compte des mauvaises intentions leur prêtées gratuitement.
Entre-temps, le mal est fait, et les dégâts irréparables.
Il faut absolument et rapidement un travail d’assainissement et de moralisation des espaces politiques et médiatiques congolais si on veut vraiment sauver le pays.
Car, à voir comment Vital Kamerhe est culpabilisé, crucifié, on se demande en quoi il a tort dès lors qu’il applique les restrictions budgétaires maintes fois recommandées aux Institutions publiques congolaises par les forces politiques et sociales qui le livrent aujourd’hui en pâture au déshonneur !
C’est tout ce qu’il y a de paradoxal, au point de justifier son silence…
Omer Nsongo die Lema