2 août, GenoCost ? Par devoir de mémoire, parlons d’abord faits !

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1 août 1998. Siège de “Demain le Congo “, croisement des avenues Kasaï et Marché, dans le voisinage immédiat de l’université salutiste William Booth. La nuit avance. Nous sommes en train de boucler l’édition prévue pour le lendemain lorsque Albert Rachel Kisonga Mazakala, fondateur et éditeur, débarque en catastrophe à la rédaction. Les premières balles crépitent à Gombe, côté centre-ville. Il nous lance ” C’est la guerre ” et l’ordonne l’arrêter du travail puisqu’il est impossible d’atteindre l’imprimerie située au sous-sol du CCIZ (Fleuve Congo hôtel). Surtout, il nous dissuade de rentrer à la maison. Évidemment, nous passons la nuit éveillés, chacun priant son Dieu pour que les choses n’aillent pas loin !

Soupçons de la présence des génocidaires rwandais aux côtés des Forces armées de la Rdc !

Hélas !, les choses vont aller plus loin qu’on ne l’imagine. Le lendemain – on est effectivement le 2 août 1998 – on découvre l’impensable : la décision prise le 27 juillet par Laurent-Désiré Kabila de suspendre la coopération sécuritaire congolo-rwandaise, d’ailleurs informelle, a pour premier effet de susciter la colère de Kigali !

C’est ici l’occasion d’ouvrir une parenthèse pour clarifier l’acte posé précédemment par M’Zee en nommant le général rwandais James Kabarebe au poste de chef d’État-major des Forces armées congolaises (FAC) formées sur les cendres des Forces armées zaïroises (FAZ).

On est le 17 mai 1998. Le Pouvoir Afdl totalise un an d’existence. Des manifestations de grande envergure sont prévues à Kinshasa. Parmi les invités de marque, cela va de soi, les chefs d’Etat du Rwanda Pasteur Bizimungu et de l’Ouganda Yowerie Museveni.

Le JOUR J, personne n’est au rendez-vous. A la base : des soupçons de connivence entre l’armée congolaise (FAC) et les ex-FAR et milices Interahamwe rwandaises (actuellement FDLR).

Soupçons étendues aux services de sécurité congolais (ANR et DEMIAP).

On sait qu’à son accession à la magistrature suprême, Laurent-Désiré a un problème : il n’a ni responsable d’armée, ni responsable de sécurité pour assurer les fonctions qui nécessitent loyauté et expertise. Au départ, n’ayant pas été associé à l’aventure Afdl, il joue le jeu de façon à rassurer ses homologues rwandais et ougandais de sa sincérité.

Aussi, confie-t-il, dans le cadre de cette coopération, la direction de l’appareil militaire et sécuritaire aux Rwandais. Dont James Kabarebe pour les FAC.

Or, si soupçons de connivence il y a entre les FAC et les futures FDLR, cela ne doit être que sur base du constat des partenaires rwandais. De quoi rappeler, 25 ans après, le prétexte de la présence des génocidaires rwandais aux côtés des FARDC !

Quand, le 27 juillet 1998, de retour d’une escale à Luanda, Laurent-Désiré Kabila apprend la programmation de son propre assassinat par la ceinture rwandaise, il décide évidemment de la suspension de la coopération sécuritaire avec Kigali.

Et 5 jours après, exactement le 2 août 1998, c’est par une expédition aéroportée, sur le modèle de celle d’Israël sur Entebbe en 1976, que le Rwanda fait décoller le 5 août 1998 de Goma un avion pour la base militaire de Kitona, au Kongo Central.

Premier crime commis : l’occupation du barrage d’Inga et la coupure d’électricité pendant plusieurs jours.

Il eut des morts dans des hôpitaux, des pertes en vivres frais, de suspension puis suppression d’emplois dans des unités industrielles et commerciales fonctionnant au courant électrique, etc.

Il fallut attendre l’intervention de la SADC, d’abord par l’Angola, ensuite par le Zimbabwe et la Namibie, pour sauver le Congo !

Certaines forces politiques et sociales s’en étaient prises à la SADC accusée plutôt d’avoir sauvé le régime Kabila.

C’est cela, la vérité des faits

Y a-t-il eu unanimité dans la classe politique et dans la société civile congolaises face à une agression pourtant avérée ? Non, hélas !

Car, lorsque les Yerodia, Mova, Mumengi et autres Ghenda utilisaient les médias pour dénoncer l’agression et le génocide, ces forces convainquaient du contraire l’opinion ” tant nationale qu’internationale “.

Lorsque ces médias présentaient les Kinois de Tshangu en génocidaires alors qu’ils se défendaient, mains nues, contre l’envahissement de Kinshasa par les agresseurs confondus aux rebelles ou vice versa, ces forces affirmaient et soutenaient la thèse de la rwandophobie attribuée à Laurent-Désiré Kabila et aux siens.

Lorsque les Mwenze Kongolo, Mbayi, Mbaya, Mira et autres Etumba se battaient pour sécuriser le front intérieur, ces forces politiques et sociales mobilisaient le peuple sous prétexte de lutter contre la dictature.

Lorsque les Katumba, Kikaya, Kamerhe, Cishambo et autres Mawampanga accompagnaient Mzee Laurent-Désiré Kabila dans la croisade diplomatique, ces forces applaudissaient les Occidentaux pour les sanctions prises à l’encontre de la RDC pour cause de non-respect des droits de l’homme !

Si on les met aujourd’hui au défi de prouver par un seul programme de messe, de marche, de conférence ou de communiqué de presse leur solidarité à l’égard des victimes de la tragédie de l’Est en prévision du 26ème anniversaire de la guerre du 2 août 1998, elles ne sauront pas le relever. Elles croyaient être du bon côté de l’histoire. Simplement parce que, jusque-là, la guerre du 2 août 1998 était à leurs yeux une rébellion (donc une affaire interne aux Congolais), et non une agression !

Là, c’est la vérité des faits.

Autrement, on restera dans la récupération politique

Que ces forces se ressaisissent maintenant, c’est une excellente chose pour le pays. Car elles réalisent enfin l’écart entre l’art (qui est difficile) et la critique (qui est aisée).

Mieux vaut tard que jamais, dit-on.

Mais, normalement, le revirement ne sera sincère qu’au travers d’un pardon vrai et d’un repentir pur.

Il faut absolument que les Congolais qui s’étaient trompés de perception hier commencent par un mea culpa.

La meilleure occasion à leur portée se présente le 2 août prochain.

Autrement, on restera dans la récupération politicienne avec des histoires de “grand-mère” rapportées plutôt en fond de commerce et en stratagème de racolage qu’en acte de réarmement moral pour la reconquête de la dignité nationale !

Omer Nsongo die Lema

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