En 2024, l’Inspection Générale des Finances (IGF) s’est affirmée comme un outil de fierté nationale, renforçant la lutte contre les mauvais gestionnaires et les pratiques douteuses dans la gestion des finances publiques. Baptisée « l’année du renforcement de la lutte contre les antivaleurs dans la gestion publique », cette période a vu Jules Alingete Key, inspecteur général des finances-chef de service, assurer que la patrouille financière demeure le mode par excellence du contrôle des finances publiques, visant à positionner la République Démocratique du Congo parmi les grandes nations en matière de gestion publique.
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Pour comprendre l’ampleur de l’apport de l’IGF en 2024, il est pertinent de revenir sur le discours d’investiture du président Félix Tshisekedi le 20 janvier 2024. Il y mentionne la renégociation du contrat Sicomines, conduite par l’IGF, qui a rapporté jusqu’à 7 milliards de dollars américains à la RDC, somme investie dans les infrastructures pour désenclaver les provinces congolaises. Plus de 600 millions USD ont déjà été décaissés par la partie chinoise grâce à cette revisitation, permettant de lancer plusieurs travaux, notamment la rocade de Kinshasa, la construction de la route Kananga – Kalamba-Mbuji, la route Bukavu – Kamanyola, la route Mbuji-Mayi – Mwenze Ditu jusqu’au Lualaba, et bien d’autres.
En février 2024, comme annoncé par Jules Alingete, l’IGF a intensifié ses missions de contrôle. Une descente au Ministère de l’EPST, dans le cadre d’un dossier lié à la Dinacope ex-Secope, a ouvert une affaire qui a scandalisé l’opinion publique. Une vidéo virale montre l’ex-ministre Tony Mwaba tentant de bloquer la mission des inspecteurs de l’IGF, qui seront ensuite séquestrés et conduits manu militari devant la justice alors qu’ils exerçaient simplement leur travail. Ils seront rapidement relâchés, et cette affaire contribuera à l’éviction de Tony Mwaba du gouvernement, selon plusieurs sources crédibles. Cette affaire a mis en lumière la crainte désormais inspirée par les inspecteurs de l’IGF chez les ennemis de la bonne gestion.
Deux autres affaires scandaleuses ont secoué le secteur des finances publiques en RDC. L’IGF a révélé le décaissement de centaines de millions de dollars par l’État congolais pour l’érection de 1000 forages et leurs stations de traitement d’eau à travers la République, ainsi que pour l’installation de lampadaires le long de certaines artères de Kinshasa. Ces projets n’ayant pas abouti, l’IGF a mis en lumière les détournements impliquant l’ex-ministre des Finances Nicolas Kazadi, l’ancien ministre du Développement rural François Rubota et l’opérateur économique Mike Kasenga. La justice s’est saisie de la question après un tollé médiatique. Rubota et Kasenga ont été interpellés et attendent le verdict final. Mike Kasenga risque jusqu’à 20 ans de prison pour détournement des deniers publics, tandis que François Rubota pourrait écoper de 5 ans pour complicité. L’opinion publique reste perplexe quant à la disculpation de Nicolas Kazadi par la justice.
Mi-2024, l’IGF a constaté que certaines entreprises et établissements publics avaient maîtrisé les règles prudentielles de gestion et implanté la bonne gouvernance. En conséquence, l’IGF a décidé de retirer ses missions d’encadrement, tout en gardant un œil attentif sur les dépenses à haut risque.
En octobre, en présence du président Félix Tshisekedi, un nouveau bâtiment administratif de l’IGF a été inauguré. Baptisé « Immeuble Étienne Tshisekedi Wa Mulumba », cet édifice de 8 niveaux comprend plus de 150 bureaux personnels meublés, 6 salles de réunion, un amphithéâtre de plus de 250 places assises, des parkings aériens et plusieurs autres compartiments utilitaires.
Au cours du même mois, grâce à l’IGF, la RDC a été récompensée au niveau continental pour ses efforts dans la lutte contre la corruption, en se hissant à la direction du Forum des institutions étatiques africaines de lutte contre la corruption (FIGE). Le pays a été désigné pour occuper le poste de vice-présidence du FIGE, aux côtés de l’Angola qui assurera la présidence de cette organisation.
Malheureusement, l’IGF a été frappée par une douloureuse perte un mois plus tard. L’inspecteur général des finances-chef de service adjoint, Victor Batubenga, est décédé en Belgique des suites d’une longue maladie. De grandes funérailles ont été organisées à Kinshasa, et il a été élevé à titre posthume au rang de Commandeur dans l’ordre national des héros nationaux Kabila-Lumumba.
Toutefois, l’année 2024 s’est clôturée en beauté. Les efforts de Jules Alingete Key ont été reconnus par deux prestigieuses récompenses : le Prix d’excellence du Trophée Tombwama pour son efficacité dans la lutte contre la corruption, et la distinction de Personnalité de l’année du Sondage Les Points.
L’année 2024 a également été marquée par plusieurs séances de sensibilisation des différentes couches de la société sur les méfaits de la corruption et l’utilité de la lutte contre les antivaleurs dans la gestion des finances publiques.
Par Didier Mbongomingi