Aussitôt qu’il a atterri ce mercredi 3 mai 2023 à l’aéroport Melchior Ndadaye de Bujumbura, capitale de Burundi, le Minétat en charge de l’Intégration régionale, Antipas Mbusa Nyamwisi a entrepris des réunions marathon en vue du XIème Sommet de chefs d’État et de gouvernement inhérent à l’Accord-cadre d’Addis-Abeba.
Mbusa Nyamwisi a d’abord tenu un brainstorming avec les experts congolais en prélude de la réunion ministérielle qui se tient ce 4 mai 2023 à Bujumbura ainsi que du Sommet de chefs d’État et de gouvernement du Mécanisme régional de suivi de l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération entre la RDC et la région. Ce sommet sera notamment marqué par la remise et reprise prévue le 6 mai prochain, entre le Président sortant du Mécanisme régional, le congolais Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo et son homologue burundais, le Général Évariste Ndayishimiye.
Le ministre d’État congolais en charge de l’Intégration régionale s’est ensuite entretenu, à l’hôtel Panoramique de Bujumbura, avec l’envoyé spécial du Secrétaire général des Nations Unies dans les Grands-lacs, Huang Xia. Le tête-à-tête a été élargi à certains officiels congolais notamment le Haut-représentant du chef de l’État dans le processus de Nairobi et la Feuille de route de Luanda, le prof Serge Tshibangu, du coordonnateur du Mécanisme national de Suivi de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba (MNS), Claude Ibalanky, de son adjoint, Patrick Mutombo, de la conseillère principale du chef de l’État en matière de la diplomatie, Mme… ainsi que des experts des Forces armées de la RDC (FARDC) et des services spécialisés.
La RDC reste et demeure dans la logique de la paix dans la région, et ce, dans la dynamique des feuilles de route de Luanda et Nairobi déjà en exécution, ont, en substances, fait comprendre les officiels congolais à l’émissaire du SG de l’ONU dans les Grands-lacs. La partie congolaise regrette que dix ans après la conclusion de l’accord-cadre d’Addis-Abeba, seul le Congo s’est appliqué à sa mise en application, le Rwanda, par contre, a fait fi des principes de bonne foi, du respect de la parole donnée, du Pacta sunt servanda, et s’est même payé l’outrecuidance d’entretenir un climat d’hostilités en foulant au pied l’Accord-cadre d’Addis-Abeba. Pour le régime de Kigali, après Accord-cadre= avant Accord-cadre.
Il y a 20 ans, a rappelé Mbusa Nyamwisi au diplomate onusien, il était ministre de la Coopération régionale. Depuis, la situation n’a guère évolué suite aux agressions répétées et mal camouflées dans des rébellions internes. Pis, à ce jour, Kinshasa s’offusque que les forces d’EAC qui sont déployées dans l’est de la RDC soient inactifs face aux menées subversives des éléments des M23 et leurs soutiens rwandais. Pourtant l’Accord-cadre précise qu’aucun pays membre ne peut violer la souveraineté d’un autre ni soutenir ni héberger un groupe armé étranger. Le MINETAT congolais en charge de l’Intégration régionale a tout de même encouragé les troupes régulières burundaises pour leurs efforts de s’imposer, bien que laborieusement, sur les forces négatives. “L’agression rwandaise n’a fait que trainer la RDC au rendez-vous du développement et du bien-être de sa population. Nous devons trouver les solutions.
La communauté internationale est responsable
C’est une Responsabilité historique très lourde pour la communauté internationale! « Durant 20 ans, être incapable de de restaurer la paix dans la région”, a repris M. Claude Ibalanky, Coordonnateur du MNS.
Le Haut représentant du chef de l’État, le prof Tshibangu s’est, lui, élevé avec fougue, contre l’hypocrisie des organisations régionales et de la communauté internationale. « Un pays agresseur, signataire du Pacte mais qui ne respecte aucun engagement ! et dont les institutions garantes ne condamnent ni ne pointe du doigt!”
Rappelant au représentant du SG de l’ONU, le contexte de la guerre actuelle pire qu’il y a 10 ans, la RDC, a fait comprendre Serge Tshibangu, a le droit de se questionner sur son opportunité de l’accord-cadre d’Addis-Abeba. Et Patrick Mutombo coordonnateur adjoint du MNS de rebondir, “la Charte de l’Union africaine a été violée par le Rwanda. Les signataires doivent pointer le Rwanda comme agresseur après 10 millions des morts déjà enregistrés en RDC”.
La conseillère principale du chef de l’État Wagner Katharina Mbuyi, dénonce les girouettes de Kigali qui souffle le chaud et le froid sur l’Accord-cadre d’Addis-Abeba pour mieux assouvir ses velléités expansionnistes. Le diplomate congolais en poste à Bujumbura estime sans fioritures que l’Accord-cadre d’Addis-Abeba, dans sa forme actuelle, ne peut nullement apporter la paix dans la région, particulièrement dans l’est du Congo.
Aux grands maux, de grands remèdes. Tirant profit du XIème sommet de Bujumbura, la RDC mènera un lobbying, selon les indications du Minétat Antipas Mbusa Nyamwisi, pour la revitalisation des textes du Mécanisme de suivi en vue de les rendre plus contraignants et coercitifs notamment sur le respect de l’intégrité et l’intangibilité des frontières héritées de la colonisation.