Depuis le lancement de l’offensive diplomatique ‘pacifiste’ conduite par le Chef de l’Etat congolais, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, qui a permis de mettre en nue les manœuvres belliqueuses du Rwanda et de l’Ouganda ainsi que la duplicité des forces de l’EAC qui seront bientôt remplacées par les forces de la SADC, pendant que la MONUSCO amorce son retrait et les FARDC montent en puissances, Paul Kagamé est aux abois et, rabat ses cartes. Derniers actes en date, le remaniement de son gouvernement et les changements dans son appareil de défense nationale où le maitre de Kigali remplace son ministre de la Défense et le Chef d’Etat-major Général à l’issue du remaniement de ce mardi 06 juin 2023. Juvénal Marizamunda est le nouveau ministre de la Défense en remplacement du Général Albert Murasira, jusque-là Commandant des services correctionnels du Rwananda (RCS), et le général de corps d’armée Mubarakh Munganga ancien chef d’État-major de l’infanterie a été nommé chef d’État-major de la défense.
« L’horrible voisin va-t-en-guerre » de la RDC, à en croire Kinshasa, scrute faits et gestes de son riche voisin, la République démocratique du Congo, et se positionne selon ce qu’il estime être pour lui, l’angle favorable pour la prédation. Condamné de toutes parts et la stratégie M23 dévoilée, Kagamé rabat ses cartes pour être en bonne position d’infiltration lors des élections générales à venir au mois de décembre 2023 prochain. Etant donné que le gouvernement refuse catégoriquement de négocier avec le M23, démasque et arrête les taupes de l’intérieur qui ont infiltré toutes les institutions nationales et même les organisations sous régionales comme l’EAC, la CPGL et même l’organisation régionale l’Union africaine, Kagamé est donc obligé de changer des cartouches face à la montée en puissance des FARDC, dont la gestion administrative est actuellement sous la houlette du Vice-Premier ministre en charge de la Défense, Jean-Pierre Bemba, qui avait combattu l’armée régulière rwandaise avec la branche armée du Mouvement de Libération du Congo (MLC).
Si Kinshasa, par sa diplomatie pacifiste, a mis à nue l’inutilité de recourir aux pays courtiers, transitaires des minerais de sang congolais, se positionne de plus à plus comme Etat leader dans la région des grands-lacs, détrônant le Rwanda et l’Ouganda, la politique belliqueuse de Kagamé ne paie plus. Le mythe de pseudo ‘miracle économique rwandais’ est en train de tomber et le mécontentement gagne l’opinion publique à tel point que le ‘roi’ des mille collines évoque, entre autres raisons, ‘l’indiscipline’.
Infiltré la Rdc lors des batailles électorales
Kagamé combat la RDC sur tous les plans. A l’approche des élections, il multiplie de stratégies au point que certains médias parlent de l’ombre de Kagamé qui planerait sur la campagne pour la présidentielle de décembre prochain en République démocratique du Congo. D’ailleurs, plusieurs responsables politiques ou sécuritaires se retrouvent accusés d’être en collusion avec l’ennemi. On se rappellera par exemple de la déclaration le lundi 5 juin 2023 lors de son briefing, que le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, a dit qu’ «Il faut laisser les enquêtes suivre leur cours », en réponse à une question sur l’arrestation, six jours auparavant à l’aéroport de Kinshasa, de Salomon Kalonda, un proche conseiller l’opposant Moïse Katumbi, président du parti politique Ensemble pour République, l’un des candidats déclarés de l’opposition à la présidentielle.
De son côté, la grande muette par son service des renseignements militaires a tenu, lundi également, à expliquer via un point de presse les raisons de l’arrestation du conseiller. Il est reproché à Salomon Kalonda, Conseiller de Katumbi, « d’avoir été en contact avec les rebelles du M23 et leur parrain supposé, le Rwanda, pour renverser le pouvoir », comme l’a écrit Mediacongo ,un journal en ligne qui précise aussi que « ponctuellement, il est accusé d’avoir détenu une arme à feu le 20 mai lors d’une manifestation de l’opposition et d’avoir des militaires dans sa garde sans autorisation », rapporte ‘médiacongo’ cité ci-haut.
Le renseignement militaire, affirme que Salomon Kalonda sera poursuivi pour « incitation des militaires à commettre des actes contraires au devoir et à la discipline, détention illégale d’arme et de munitions de guerre, atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat». Ce qui a des traits de ressemblance avec l’accusation contre Fortunat Biselele, ex-conseiller privé du président Félix Tshisekedi, arrêté en janvier pour “trahison” ou encore “intelligence avec le Rwanda” ainsi que l’Interpellation début mars du député Edouard Mwangachuchu, élu de Masisi (Nord-Kivu) et propriétaire d’une société minière stratégique, accusé d’intelligence avec le M23, qui est détenu depuis lors et jugé par la haute cour militaire à Kinshasa.
La liste n’est exhaustive, on citera par exemple l’interpellation du « lieutenant-général Philémon Yav, chargé de la conduite des opérations militaires contre le M23 dans le Nord-Kivu, qui a été arrêté mi-juillet 2022 sur des soupçons de “haute trahison”. L’ex-conseiller spécial de Félix Tshisekedi chargé de la sécurité, François Beya, avait quant à lui été arrêté en février 2022. Son procès, notamment pour “complot”, avait débuté au mois de juin suivant, mais la justice militaire lui a accordé la liberté provisoire pour raisons de santé », tous cité par la même source, semble monter que l’ombre du Rwanda plane non seulement sur la sécurité de la RDC, mais également sur la tenue des prochaines élections.
Toujours pointé du doigt comme tireur des ficelles dans l’insécurité dans l’Est de la RDC, l’ombre de Kagame, se profile sur les élections congolaises à venir.
Pourquoi cette omniprésence du Président rwandais dans la crise sécuritaire dans l’est de la RDC ?
La réponse à cette question n’a pas manqué d’échos dans ces propos du Ministre de Communication et Médias, Patrick Muyaya : « Kagamé ne saurait pas construire son pays avec une paix restaurée à l’Est de la Rdc ». Comme la Rdc avance fermement vers les élections en décembre 2023, à six mois des élections générales qui auront lieu le 20 décembre prochain, le Rwanda de Kagame joue son va-tout. Les congolais ne sont pas prêts d’oublier la guerre pour le contrôle des richesses de la RDC entre le Rwanda et l’Ouganda, il y a 23 ans lors de la guerre de 6 jours, du 5 au 10 juin 2000 à Kisangani et les crimes graves commis par les armées régulières de ces deux pays. Chacune de ces deux armées régulières se battaient loin de leurs territoires respectifs pour ‘leurs survies nationales’ grandement influencé par l’insécurité au Congo.
La situation sécuritaire préoccupante doublée d’une situation humanitaire critique, concrétise l’adage populaire qui dit : « le malheur des uns fait le bonheur des autres ». A cause de l’agression rwandaise et ses atrocités dans la région du Kivu, le monde a parlé du « miracle économique rwandais » à tel point que le Rwanda est devenu premier exportateur mondial de coltan sans que son sol n’en produise un seul gramme!
La paix au Congo signifie donc la fin du régime Kagame et asphyxie de l’économie Ougandaise par où transitait 99% de la production artisanale de l’or de la RDC jusqu’à 2020. Comprenez donc ce que signifierait ‘paix au Congo’ pour les régimes de Kagame et Museveni ! ces deux leaders tutsis ne sauraient construire leurs pays avec une paix restaurée à l’est de la RDC.
Willy Makumi Motosia