Ils sont au total 19, soustraction faite des sexagénaires et du septuagénaire. Une vingtaine à se retrouver sur le pavé du jour au lendemain !
Pour tous, la journée du 5 mai 2023 aura été la même : réveil le matin, coup de fil du secrétaire de direction annonçant un échange avec le directeur de la Cellule de Communication autour de midi et, à l’arrivée au Palais de la Nation, une lettre dont voici le contenu, outre les destinataires et le signataire :
” Par la présente, je tiens à vous remercier pour avoir accompli avec succès les tâches qui vous ont été confiées à la Cellule de Communication du Président de la République en qualité de Journaliste, cependant, suite à des nouvelles dispositions prises, je vous notifie la fin de votre prestation au sein du Cabinet du Président de la République et vous souhaite bonne chance pour d’autres opportunités professionnelles. A tout moment nous pourrions vous recontacter pour recourir à votre expertise. La présente vous est établie pour servir et faire valoir ce que de droit”.
Ainsi, agents le matin, chômeurs autour de midi ! Sans préavis !
Aussitôt la nouvelle répandue, quelques confrères saluent la décision frappant des journalistes incompétents (sic), des moutons noirs introduits dans la plus haute institution du pays ! Parmi ces confrères et consœurs – limitons-nous aux sexagénaires et septuagénaire – Jeannot Lusenge, près de 40 ans à l’Acp, Paulin Tunsele” autrefois des quotidiens Le Potentiel et La Tempête des Tropiques à l’époque de la Presse rouge et, bien entendu, le chroniqueur des BALISES, un certain Omer Nsongo die Lema, pour ne pas citer le photographe Thorga Lolonga, près de 40 ans dans le métier. Parmi les moins vieux : Alain Diasso de ” Dépêches de Brazzaville “. Il y a surtout des jeunes pour la plupart de l’audiovisuel.
Pourquoi ce plaidoyer ?
La plupart des jeunes ont moins de 40 ans. Ils ont, en plus, appris le journalisme dans des écoles et des facultés spécialisées.
Il nous a été donné l’occasion de les encadrer, de les accompagner dans la transition entre la presse privée libre et la presse publique, particulièrement celle de la première institution du pays au sein de laquelle les mots sont utilisés autrement. Question de ne pas embarquer le Chef de l’État dans des polémiques.
D’abord, au plan purement administratif, à la différence de la révocation ou de la démission, le licenciement d’un agent – peu importe les raisons – s’accompagne illico du versement de ses indemnités de sortie.
Or, cela n’est pas le cas. En effet, privés du décompte final en même temps que de la rémunération du mois de mai dernier, les 23 ” incompétents” voient s’écouler le mois de juin sans garantie de percevoir leurs droits.
En clair, ils sont non seulement chassés, mais en plus punis triplement puisque interdits même d’accès aux soins de santé. On devrait plutôt dire quadruplement en ce que leur décompte final est soumis à des pénalités pour des crédits obtenus des banquiers.
Ensuite, au plan purement politique, le licenciement a frappé même des combattants ! Ceux qui ont passé les 4 ans et demi de travail à rappeler à la cantonade le nombre de bastonnades reçues, le poids de gaz lacrymogène avalé, etc.
Enfin, au plan social, le licenciement met particulièrement les jeunes en difficulté de trouver rapidement un emploi ailleurs pour diverses raisons : couleurs politiques affichées, salaire à rabattre, crédibilité affectée etc.
C’est un secret de Polichinelle : toute Révolution a certes pour tradition de bouffer quelques-uns de ses enfants.
Mais, quand elle est le fait de l’Udps – chantre par excellence de la trilogie ” État de droit-Démocratie-Droits de l’homme ” et creuset du Progrès Social – il y a de quoi susciter des inquiétudes.
Car si l’ex-fille aînée de l’Opposition, devenue Parti pilote du Pouvoir, traite de la sorte les enfants-maison, que ne feraient pas les autres, singulièrement ceux du secteur privé ?
Moralité : ce qui s’est produit le 5 mai 2023 au Palais de la Nation ne reflète nullement la vision du Président de la République, vision non ou mal intériosée par certains de ses proches.
S’il est alors un plaidoyer à faire, c’est bien celui de demander à Félix Tshisekedi de se pencher sur le cas de ces jeunes dames et de ces jeunes messieurs remerciés pour une première mondiale : avoir accompli avec succès les tâches (..) leur confiées à la Cellule de Communication ! Chaque jour depuis le 5 mai 2023, ils crient dans le désert.
Omer Nsongo die Lema