Au Palais des Nations, Genève M. Tomson Phiri, porte-parole du PAM pour l’Afrique australe a donné un bref aperçu de l’une des situations humanitaires les plus complexes et les plus difficiles en République démocratique du Congo.
« Je reviens tout juste de l’Est de la République démocratique du Congo. J’ai été témoin de la crise humanitaire aiguë et complexe qui se déroule en raison du conflit sans précédent qui aggrave l’insécurité alimentaire », explique-t-il, avant d’ajouter que l’Est du Congo est un exemple classique de crise oubliée. La région réunit tous les ingrédients d’une catastrophe humanitaire : conflit, accès limité, crise socio-économique et climatique et manque criant de financement.
L’Est du pays est aux prises avec des groupes armés non étatiques actifs, ce qui aggrave le cycle de violence en cours, provoque des déplacements massifs de population et exacerbe une situation humanitaire déjà fragile.
Environ 5,7 millions de personnes ont été déplacées depuis mars 2022 dans le Nord-Kivu, le Sud-Kivu et l’Ituri. 6,2 millions de personnes ont fui leurs maisons à travers le pays, soit le nombre le plus élevé d’Afrique. Le pays a une taille continentale, avec des hectares d’espace, mais des millions de personnes n’ont d’autre choix que de vivre dans des camps surpeuplés.
Et de poursuivre que la crise prolongée s’est considérablement aggravée avec une recrudescence des besoins à grande échelle. La situation d’aujourd’hui n’est pas une affaire normale, ni une affaire à remettre au lendemain, ni une simple “mauvaise journée au Congo”.
Les opérations humanitaires ne peuvent pas répondre de manière adéquate et ceux qui ont fui la violence vivent dans des conditions précaires dans des abris de fortune ou dans des familles d’accueil déjà surchargées. Ils ont peu d’accès à l’eau potable, aux centres de santé et à la terre pour cultiver.
La Rdc est un pays à deux opposés contradictoires
Un pays qui produit le métal le plus précieux pour fabriquer les technologies les plus récentes compte le plus grand nombre de personnes en situation d’insécurité alimentaire dans le monde. Environ 25,8 millions de personnes seront confrontées à une insécurité alimentaire aiguë en 2023, soit trois fois la population de la Suisse.
La crise climatique aggrave une situation humanitaire déjà fragile. Au moins 400 personnes ont été tuées dans les inondations du mois dernier ; environ 3 000 maisons ont été détruites et 108 000 personnes déplacées internes, ce qui a eu un effet dévastateur sur leurs moyens de subsistance et sur l’accès aux voies d’approvisionnement vitales. Les communautés d’accueil, aujourd’hui plus que jamais, sont également confrontées au risque de faim et ont besoin d’une intervention d’urgence.
Le Programme alimentaire mondial des Nations unies (PAM) a activé un programme d’intensification globale de ses opérations pour l’est de la RDC afin d’accroître l’aide à apporter à 3,6 millions de personnes vulnérables au cours des six prochains mois.
Il s’agit de la forme d’alerte la plus élevée, mais il existe un écart important entre le nombre de personnes dans le besoin et le nombre de personnes bénéficiant d’une assistance alimentaire.
Nonobstant d’importants problèmes opérationnels, administratifs, de sécurité et d’accès, les organisations humanitaires et le PAM sont restés déterminés à fournir une assistance vitale aux personnes touchées par la crise.
Le PAM craint que la situation de la population n’empire si l’aide humanitaire n’est pas accrue. Nous devons répondre aux besoins croissants des personnes touchées.
Le PAM a besoin de 870 millions de dollars pour la réponse humanitaire en RDC. Cependant, il manque 738,5 millions de dollars (85 %). Nous comptons sur vous pour nous aider à concrétiser
Soulignons que le Programme alimentaire mondial des Nations unies est la plus grande organisation humanitaire au monde à sauver des vies dans les situations d’urgence et à utiliser l’assistance alimentaire pour ouvrir la voie à la paix, à la stabilité et à la prospérité pour les personnes qui se remettent d’un conflit, de catastrophes et de l’impact du changement climatique.
JMNK