M. Simaro Ngongo, président de la Commission Africaine pour la Supervision des Élections (CASE), expert, analyste et Consultant international des élections, consultant de Human Reghts et observateur international, à partir des Etats-Unis d’Amérique, dénonce une campagne électorale précocement anticipée dans une totale illégalité par la Majorité présidentielle en République Démocratique du Congo. L’appareil de l’Etat est déserté ; Les finances publiques dilapidées ; La terreur d’Etat enfle et les médias officiels aggravent la violation de la loi sur la campagne électorale.
1. La Commission Africaine pour la Supervision des Élections (CASE) dénonce la perturbation des activités gouvernementales, institutionnelles et de l’appareil de l’État à tous les niveaux depuis l’année 2022 par une campagne électorale d’Etat instituée par le régime du Président de la République.
2. La CASE est informée de l’indisponibilité quasi-régulière à leurs postes de travail, de plusieurs Ministres, Directeurs et Autorités administratives en raison de leur agenda électoral très chargé consistant à battre obligatoirement campagne en faveur du Président Félix Tshisekedi. Ils sont obligés de rassembler des électeurs, chacun dans sa sphère de compétence afin de s’assurer que ces personnes fidélisées voteront effectivement pour le candidat du pouvoir.
3. Ce mouvement de campagne anticipée en faveur du Président de la République, candidat à sa propre succession, affecte non seulement l’administration publique et fiscale, mais aussi les Cours et Tribunaux et certains services spécialisés. Des fonctionnaires contactés affirment que « l’urgence du moment pour tout citoyen actif au sein de l’administration publique est d’apporter chacun sa contribution à l’effort de réélection du Président de la République ». Cette culture inédite d’étatisation forcée d’une campagne électorale illégale tue l’administration publique et privatise dangereusement l’Etat.
4. Les fonctionnaires (toutes catégories confondues) sont réquisitionnés par la mouvance présidentielle. À défaut de jouer le jeu, certains fonctionnaires sont privés de leurs avantages, remplacés par des néophytes ou exposés à des poursuites judiciaires cavalières.
5. Toutes les missions fabriquées à destination de l’extérieur ou de l’intérieur du pays n’ont qu’un seul objectif à savoir, se faire suffisamment d’argent pour préparer le peuple à voter le candidat du pouvoir.
6. Les cas de détournement des deniers publics décriés ici et là font partie de la stratégie de financement de campagne, sans que l’inspection Générale des Finances (IGF), la Cour des Comptes ou le Parlement n’y jettent le moindre regard et que les Cours et Tribunaux n’en fassent leur sujet de préoccupation.
7. Des Gouverneurs de province, principales vaches laitières du pouvoir, ont décidé de jouer le jeu du mal pour se maintenir au pouvoir. Les dirigeants médiocres résistent et les meilleurs sont écartés du système de gouvernance. Le cas des deux provinces sous état de siège où la population est exténuée de voir s’empirer la situation sécuritaire, est loin de préoccuper les dirigeants.
8. Cette campagne électorale précoce et illégale s’est transportée jusqu’à la Radiotélévision Nationale Congolaise (RTNC) où les éditions des journaux radiodiffusés et télévisés ne font que reciter le nom du Chef de l’État à tous les coups. Qu’il s’agisse d’une activité communale ou du domaine de la voirie, tout est fait pour gratifier médiatiquement le Président de la République, une façon dictatoriale de donner l’impression au Chef que les membres de l’Union Sacrée sont populaires. Cette technique est aussi exploitée par les flatteurs du régime pour se remplir les poches. Beaucoup parmi eux, ont choisi d’intégrer la chorale pour faire bonne figure.
9. Toutes les villes du pays sont étouffées d’affiches, banderoles et supports visuels avec effigie du Président Félix Tshisekedi. Il devient impossible de différencier la période de campagne de celle non concernée par la réclame publique du candidat. Malheureusement, ni la CENI qui est censée réguler la campagne électorale, ni le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et de la Communication (CSAC) ne se prononcent utilement sur la question.
10. Une vague d’actes d’intolérance se cristallise et les citoyens vivent avec la peur au ventre dans plusieurs villes du pays, cas de Kinshasa, Lubumbashi, Kisangani, Goma, Bunia, Beni, Mbandaka, Kolwezi, Kwamouth etc. Critiquer objectivement la gouvernance du Président de la République devient susceptible de vous attirer des ennuis de la part de ses frères de tribu et de ses fanatiques recrutés pour la cause. Ce phénomène est courant chez les motocyclistes communément appelés WEWA qui n’hésitent pas à s’attaquer à tout Congolais qui ne partage pas les mêmes convictions politiques que leur leader.
11. La CASE estime que tous ces phénomènes ne favorisent pas un climat de sérénité et de confiance avant la tenue des élections en République Démocratique du Congo. Et qu’il convient que le Président de la République au nom de qui ces bavures sont tolérées, prenne une décision courageuse pour calmer la tension et rassembler la nation. La CASE l’invite donc à s’impliquer en vue de la décrispation de la situation, étant donné qu’il y a risque de débordement désavantageux pour la population Congolaise.
12. Ces dérèglements politiques compliquent toutes les conditions d’organisation sereine des élections en République Démocratique du Congo.