Ils ont également élu un nouveau président. Aujourd’hui, les chiffres sont encourageants : de 250 membres en juillet 2012, ils sont désormais 900 membres.
L’Association internationale des exorcistes (AIE) a publié un communiqué de presse informant qu’elle a tenu sa 14e Convention internationale du 25 au 30 septembre 2023 à la Maison de la spiritualité « Fraterna Domus » à Sacrofano, dans la province de Rome. Cette rencontre a réuni 203 prêtres exorcistes de tous les continents et une centaine d’exorcistes auxiliaires.
Dans son discours d’ouverture, le P. Francesco Bamonte, président sortant de l’Association, a rappelé les origines de l’AIE : la fondation et la première rencontre en 1991, la première Convention internationale en 1994, toutes deux organisées par le président de l’époque, le P. Gabriele Amorth. En trente ans, de nombreux pas ont été accomplis et, grâce à l’AIE, la sensibilité pastorale à l’égard du ministère de l’exorcisme, dont le Christ Jésus est la source et le modèle, s’est fortement accrue dans l’Église universelle. Les cours de formation et de recyclage pour exorcistes, en Italie et à l’étranger, la publication des lignes directrices pour le ministère de l’exorcisme (2019), ainsi que les Actes des Conférences nationales et internationales, de même que la diffusion de la bourse de formation interne Quaderni AIE (depuis 2015), représentent quelques-unes des réalisations de l’Association, atteintes ou consolidées au cours de la dernière décennie. Il convient de mentionner en 2014 l’érection canonique par le Saint-Siège de l’Association internationale des exorcistes en tant qu’association internationale privée de fidèles, puis l’approbation de ses statuts.
Aujourd’hui, les chiffres sont encourageants : de 250 membres en juillet 2012, on compte désormais environ 900 membres. Le père Bamonte a ensuite annoncé que, à la veille de la Convention, le Conseil d’administration de l’Association avait décidé de déclarer saint Michel archange saint patron de l’Association internationale des exorcistes, au même titre que la Vierge Marie. Le père Bamonte, président depuis 2012, a été chaleureusement remercié par l’Assemblée pour son travail au cours de ses deux mandats consécutifs.
Robert-Joel Cruz, exorciste américain, a parlé des bénédictions et des sacramentaux : de véritables armes spirituelles « à la fois défensives et offensives ». Le Seigneur offre à travers les sacrements et les sacramentaux le don de la communion avec lui. En même temps, chacun est appelé à être vigilant, surtout face aux formes dangereuses de spiritualité alternative que le temps de la pandémie a favorisées : pensons à l’exagération du thème écologique, qui conduit à des cultes panthéistes, sans parler des cultes tels que la Wicca, le druidisme, le chamanisme.
Bamonte a ensuite illustré l’histoire de sœur Tomasina Pozzi (1910-1944), originaire de la province de Sondrio (Italie), qui a subi de graves harcèlements diaboliques pendant sa vie de religieuse : un témoignage émouvant de souffrance.
Mgr Karel Orlita, exorciste et canoniste de la République tchèque, a présenté un rapport sur la délégation par l’évêque du pouvoir d’exorciser, en soulignant certains aspects de ce pouvoir liés au territoire, tant du point de vue de la région dans laquelle l’exorciste peut et doit exercer son ministère, que du point de vue des personnes qui ont besoin de son apostolat.
Piermario Burgo, également exorciste et canoniste, a parlé de la possibilité de prononcer des exorcismes sur des non-catholiques, qu’ils soient chrétiens d’autres confessions, croyants d’autres religions ou athées. Une fois qu’ils en ont fait la libre demande et que le besoin réel a été constaté, l’Église, à travers le ministère de l’exorciste, offre son aide, tout en évitant résolument toute attitude de prosélytisme à l’égard des victimes du malin. Dans ces cas qui, en raison du phénomène de l’émigration, se multiplient en Europe et sur le continent américain, l’exorciste doit toujours suivre les indications de l’évêque dont il dépend.
Cristian Cabrini, originaire d’Argentine, a retracé les étapes de sa vocation de prêtre et d’exorciste. Le démoniaque, a-t-il rappelé, est un pauvre parmi les pauvres, souvent abandonné, pas toujours reconnu et accepté. À la lumière de son expérience, il a déclaré qu’un discernement interdisciplinaire minutieux de chaque cas est toujours souhaitable.
Le Dr Richard Gallagher, assistant du ministère des exorcismes et psychiatre américain, a rappelé l’importance du discernement spirituel du prêtre exorciste, confronté à un phénomène – celui de la souffrance causée par l’action extraordinaire du malin – qui présente souvent un tableau clinique complexe, dans un contexte singulier. Le médecin collaborant avec le prêtre exorciste doit également veiller à ce que la personne tourmentée par le malin ne développe pas de pathologies secondaires.
Mgr Rubens Miraglia Zani, exorciste brésilien, a illustré l’approche psychothérapeutique de l’Allemand Bert Hellinger (1925-2019), théoricien des « constellations familiales ». Le psychologue Hellinger, ancien prêtre et missionnaire catholique, réduit ensuite à l’état laïc, a proposé une « recette » thérapeutique à contenu syncrétique, tirée de son expérience en Afrique et exposée aux dangers du spiritisme, où le lien supposé avec les générations passées, pour guérir la relation avec les ancêtres, se prête à des dérives avec des médiums alimentées par des implications théosophiques. Les hommes, observe Mgr Miraglia, n’ont certainement pas besoin de ces croyances « intergénérationnelles », imprégnées de déterminismes obscurs, mais plutôt d’une « catéchèse correcte fondée sur la Parole de Dieu authentiquement libératrice ».
Le professeur Alberto Castaldini, assistant et professeur universitaire de philosophie, a traité de la singulière concomitance, à l’époque moderne, des cas de conversion à la foi catholique et de possession. Un phénomène qui a généré des souffrances individuelles et des divisions sociales entre les groupes, où – comme en Italie et en France – il y a eu des situations d’opposition religieuse et des confrontations politiques.
Le père Burgo est revenu sur la question de savoir s’il est licite ou non de commander aux démons sans être exorciste. Partant d’un fait d’anthropologie théologique, l’orateur a rappelé que tout être humain, par la grâce de Dieu, est hiérarchiquement supérieur à tous les démons, sans exception. Il est donc interdit aux chrétiens d’avoir peur du diable, qu’ils doivent au contraire mépriser. Par conséquent, en cas de nécessité et dans des situations d’urgence, en sachant ce que l’on fait, il n’est pas inopportun et en soi dangereux d’ordonner au démon de cesser son action perturbatrice, et l’Église ne l’interdit pas non plus. Cela n’autorise pas quelqu’un qui n’est pas exorciste à utiliser le Rituel des exorcismes ou même l’exorcisme de Léon XIII, tel qu’il a été établi à l’époque par la Congrégation pour la doctrine de la foi, alors que pour soulager la souffrance il est licite, par exemple, qu’un époux ou un parent, en priant, en se confiant au Seigneur et avec la certitude de faire son devoir, ordonne au démon de cesser son action néfaste.
Benigno Palilla, exorciste et formateur, a rappelé la primauté de l’amour divin miséricordieux dans la pastorale de l’exorcisme. Comme l’attestent certains épisodes de l’Évangile, la personne libérée par Jésus, auparavant intimement blessée et accablée dans sa dignité, semble renaître.
L’exorciste mexicain, le père Andrés López Ruiz, a parlé du phénomène de la médiumnité, en montrant comment la personne, séduite par la possession de « pouvoirs », devient un instrument, un sujet passif et habituel de l’action du malin, ce qui génère progressivement une sujétion démoniaque, conduisant, entre autres, à une forte détérioration psychologique. Le discernement et l’accompagnement de ces personnes sont nécessaires, avec une catéchèse et un renoncement explicites et renouvelés de leur part, visant à favoriser un changement de mentalité.
Le père Paolo Morocutti, exorciste et professeur universitaire de psychologie, a présenté les effets secondaires et les dépendances générés par les pratiques occultes, y compris leur cadre pornographique fréquent et de plus en plus répandu, dont la personne sort détruite, brisée dans son identité et dans ses relations.
Mario Mingardi, exorciste et assistant spirituel de la communauté d’enfants « Domus Familiae Padre Daniele », a présenté une analyse actualisée des offres musicales pour la jeunesse, en soulignant ses contenus occultes et sataniques (et certainement pas l’élan vers la beauté et la joie), qui favorisent la destruction de l’identité chez les plus jeunes auditeurs. Il faut être vigilant « comme des sentinelles », a-t-il souligné, « et être capables de signaler là où il y a des dangers ».
Dans son discours de clôture de la conférence, Don Aldo Buonaiuto, de l’Associazione Comunità Papa Giovanni XXIII et exorciste, animateur du service Anti-sectes, a expliqué que le phénomène des sectes dans le monde globalisé devient de plus en plus structuré et complexe. La secte occultiste et sataniste est une véritable « galaxie » (de plus en plus répandue sur le web) et chaque secte est un contexte dont il est souvent impossible de sortir. Le fait de commettre crimes et meurtres (même d’enfants) consolide l’appartenance au groupe, dans une dimension d’omertà et de coopération secrète dont il est très difficile de sortir. Ceux qui s’y opposent, consacrés et laïcs, représentent une minorité au sein de la minorité qui, avec un dévouement héroïque, apporte du réconfort à ceux qui souffrent. Le monde des sectes avec ses dynamiques, y compris politiques et économiques, est un monde qui asservit, emprisonne et introduit dans une expérience faite de magiciens, de gourous et de prêcheurs. Enfin, le père Buonaiuto s’est attardé sur la tragédie sociale des soi-disant « enfants sorciers » en Afrique, soumis à une violence indicible lors de pseudo-exorcismes tribaux ou abandonnés à leur sort dans les bidonvilles, dans les rues et souvent contraints de vivre dans des décharges.
Certaines des célébrations eucharistiques de la semaine de la Conférence ont été présidées par les évêques Mgr Baldo Reina (Vice-président du diocèse de Rome), Mgr Marco Salvi (Ordinaire du diocèse de Civita Castellana) et Mgr Andres Gabriele Ferrada Moreira (Secrétaire du Dicastère pour le clergé).
Le jeudi 28 septembre, au cours de la conférence – que le pape François a décrite dans son message aux participants comme un « moment d’approfondissement du ministère de l’exorcisme, délicat et plus nécessaire que jamais » – les nouveaux dirigeants de l’Association internationale des exorcistes ont été élus. Karel Orlita, exorciste du diocèse de Brno (République tchèque) a été élu président, tandis que le père Francesco Bamonte, exorciste du diocèse de Rome dans ses salutations finales, par le secrétaire du Dicastère pour le clergé, Mgr Andrés Gabriel Ferrada Moreira, comme « le cœur de l’Association internationale des exorcistes », en a été élu vice-président.
L’AIE est à son tour confirmée comme un cœur fort et battant, étroitement uni aux Cœurs du Christ et de la Vierge Marie, un cœur qui bat à l’unisson dans le partage fraternel de ses membres et qui est confirmé comme un moyen valable et efficace dans la lutte contre Satan et le monde des ténèbres, pour la plus grande gloire de Dieu et le salut de tous ses enfants.
À cette occasion, le pape François a envoyé un télégramme de vœux et de bénédictions :
« À l’occasion du Congrès international de l’Association des exorcistes, le Saint-Père adresse ses vœux aux organisateurs, aux intervenants et à tous les participants.
Il souhaite que ces moments d’approfondissement du ministère de l’exorcisme, délicats et indispensables, favorisent l’engagement à accompagner avec sagesse les fidèles qui ont particulièrement besoin de guérison et de libération spirituelle. Le souverain pontife, en vous encourageant à placer la parole de Dieu au centre de votre mission et à proclamer le message du salut avec une ardeur renouvelée, a le plaisir de vous accorder sa bénédiction apostolique. »
Cardinal Pietro Parolin, secrét
aire d’État de Sa Sainteté