Déclaration de la présidence à l’issue de la quarante-neuvième réunion du CMFI

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Mohammed Aljadaan, ministre des Finances de l’Arabie Saoudite

Les membres du CMFI ont discuté des incidences macroéconomiques et financières des guerres et conflits actuels, dont la guerre en Ukraine et la crise humanitaire à Gaza, ainsi que des perturbations du transport maritime en mer Rouge. Tout en reconnaissant que le CMFI n’est pas une instance chargée de résoudre des questions géopolitiques et sécuritaires et que ces questions seront examinées dans d’autres cadres, les membres du CMFI conviennent de ce que ces situations ont des retombées considérables sur l’économie mondiale. L’époque que nous vivons ne doit pas être celle de la guerre et des conflits.

Le CMFI remercie vivement Mme Nadia Calviño pour son mandat à la présidence du Comité et souhaite la bienvenue à son nouveau président, Mohammed Aljadaan, ministre des Finances de son pays.

Il semble que l’économie mondiale se prépare à réussir un atterrissage en douceur. Il s’avère que l’activité économique a mieux résisté que prévu dans de nombreuses régions du monde, même si des disparités continuent de se creuser entre les pays. Toutefois, les perspectives de croissance mondiale à moyen terme restent moroses. Les guerres et les conflits en cours continuent de peser lourdement sur l’économie mondiale. Même si l’inflation a diminué dans la plupart des régions, à la faveur de l’atténuation des chocs sur l’offre et des effets du resserrement de la politique monétaire, son caractère persistant incite à la prudence. Alors que les risques qui pèsent actuellement sur les perspectives sont globalement équilibrés, des risques de détérioration subsistent et leur concrétisation dépendra de l’évolution à court terme de l’inflation et des taux d’intérêt, de la stabilité financière et de celle des prix des actifs, des mesures budgétaires prises ainsi que de la situation géopolitique. L’économie mondiale est également confrontée à des difficultés structurelles qui requièrent une attention urgente, notamment le changement climatique, les facteurs de vulnérabilité liés au niveau élevé de l’endettement, l’accroissement des inégalités et les risques de fragmentation géoéconomique.

Dans ce contexte, nos priorités sont d’assurer la stabilité des prix, de renforcer la viabilité budgétaire et de préserver la stabilité financière, tout en favorisant une croissance inclusive et durable. Nous procéderons à la reconstitution des marges de manœuvre budgétaires en adaptant soigneusement les mesures à la situation de chaque pays, tout en protégeant les populations les plus vulnérables et les investissements porteurs de croissance. Conformément à leurs mandats respectifs, les banques centrales demeurent fermement déterminées à stabiliser les prix et continueront de doser leurs politiques en s’appuyant sur des données et en faisant connaître clairement leurs objectifs pour éviter tant que possible la propagation de répercussions négatives. Elles collaborent avec les autorités de surveillance et de régulation pour suivre les risques qui pèsent aussi bien sur les banques que sur les établissements non bancaires, dont les risques liés aux marchés immobiliers. Nous continuons à œuvrer pour remédier aux carences en matière de données, de supervision et de régulation dans le secteur financier, en particulier pour ce qui concerne les institutions financières non bancaires, et nous nous tenons prêts à déployer nos instruments macroprudentiels pour atténuer les risques systémiques. Nous accélérerons la mise en œuvre de réformes structurelles, ciblées et judicieusement échelonnées, visant à renforcer l’offre pour atténuer les contraintes pesant sur l’activité économique, stimuler la productivité, accroître la participation au marché du travail, promouvoir la cohésion sociale et soutenir les transitions écologique et numérique.

Nous insistons sur l’importance de la coopération internationale pour améliorer la résilience de l’économie mondiale et du système monétaire international. Nous agirons collectivement, en tant que de besoin, pour faciliter les transitions en cours sur les plans climatique et numérique, notamment dans le domaine de l’intelligence artificielle, tout en tenant compte des circonstances propres à chaque pays. Nous réaffirmons nos engagements concernant les taux de change, la gouvernance et la lutte contre les déséquilibres mondiaux excessifs, ainsi que notre déclaration sur le système commercial multilatéral fondé sur des règles, telle que nous l’avons formulée en avril 2021, et insistons sur notre volonté d’éviter le recours aux mesures protectionnistes. Nous continuerons également de travailler ensemble pour renforcer le dispositif mondial de sécurité financière et remédier aux vulnérabilités mondiales liées à la dette. Nous maintiendrons notre soutien aux pays vulnérables à mesure qu’ils adopteront des réformes pour remédier à leurs vulnérabilités et répondre à leurs besoins de financement.

Nous souscrivons aux mesures prioritaires énoncées dans le plan d’action mondial de la directrice générale et espérons que le FMI mènera ce travail conformément à son mandat et en collaboration avec d’autres parties.

Nous soutenons les efforts particuliers du FMI en matière de surveillance pour adapter les conseils qu’il fournit aux pays membres afin de les aider à évaluer les risques, à renforcer leurs cadres stratégiques et institutionnels et à calibrer les politiques macrofinancières et macrostructurelles pour reconstituer des amortisseurs, stimuler une croissance inclusive et durable et renforcer la résilience de leur économie. Nous soulignons qu’il est important que le FMI, conformément à son mandat, évalue les risques et les vulnérabilités associés aux tendances transformatrices qui remodèlent actuellement l’économie mondiale.

Nous réaffirmons notre attachement à un FMI solide, reposant sur un système de quotes-parts et disposant de ressources adéquates, au centre du dispositif mondial de sécurité financière. L’achèvement de la 16e révision générale des quotes-parts, qui accroît de 50 % les ressources du FMI issues des quotes-parts, renforce le fait que le FMI est une institution fondée sur un système de quotes-parts et accroît sa capacité à préserver la stabilité financière mondiale dans un monde exposé à de multiples chocs. Nous travaillons d’arrache-pied à l’obtention, d’ici mi-novembre, d’accords nationaux consentant à l’augmentation des quotes-parts ; ceux d’entre nous qui participent aux nouveaux accords d’emprunt (NAE) œuvrent à obtenir des accords nationaux dans les mêmes délais en vue de la réduction du volume de leurs NAE. Aux fins de préserver la capacité de prêt du FMI pour le cas où tarderaient les accords sur l’augmentation des quotes-parts, les créanciers parties à des accords d’emprunt bilatéraux s’emploient à obtenir des accords nationaux en vue de dispositions transitoires permettant de préserver l’accès à l’emprunt bilatéral. Nous reconnaissons qu’il est urgent et important de réaligner les quotes-parts de façon à mieux rendre compte de la position relative des pays membres dans l’économie mondiale, tout en protégeant les quotes-parts des pays membres les plus pauvres. Nous invitons donc le conseil d’administration à proposer, d’ici à juin 2025, des approches possibles qui guideront de nouveaux réalignements des quotes-parts, notamment à l’aide d’une nouvelle formule de calcul, dans le cadre de la 17erévision générale des quotes-parts.

Nous reconnaissons que le FMI joue un rôle essentiel et mobilisateur dans la fourniture d’assistance financière pour aider les pays membres à résoudre leurs problèmes de balance des paiements et à favoriser la stabilité économique et la croissance inclusive. Le FMI doit rester un partenaire solide pour les pays à faible revenu ; à cette fin, nous attendons avec intérêt la revue des facilités du fonds fiduciaire pour la réduction de la pauvreté et la croissance (fonds fiduciaire RPC) et des financements accordés par ce biais, revue qui doit avoir pour objectif d’aider ces pays à satisfaire à leurs besoins de financement de la balance des paiements et d’assurer la viabilité du fonds fiduciaire en n’excluant aucune possibilité, y compris le recours à des ressources internes et la réforme des politiques de prêt. Nous attendons avec le même intérêt la revue intermédiaire du fonds fiduciaire pour la résilience et la durabilité (fonds fiduciaire RD), qui a pour objectif de renforcer la résilience macroéconomique des pays membres face au changement climatique et à de futures pandémies. Nous remercions ceux de nos pays membres qui jouissent d’une meilleure situation économique pour leurs contributions volontaires, et appelons de nos vœux de nouvelles contributions à grande échelle aux guichets concessionnels du FMI et au fonds fiduciaire RD. En outre, nous attendons avec intérêt le réexamen des règles relatives aux commissions additionnelles, la revue complète des limites d’accès au compte des ressources générales, et le lancement de la revue de la conception et de la conditionnalité des programmes.

Nous soutenons le travail du FMI visant à aider les pays à remédier durablement aux facteurs de vulnérabilité liés à leur dette. Nous saluons les avancées dans le domaine des restructurations de dette rendues possibles par le cadre commun du G20 et d’autres initiatives. Nous restons déterminés à remédier à l’échelle mondiale aux facteurs de vulnérabilité liés à la dette, en procédant de manière efficace, exhaustive et systématique, et notamment en renforçant sans tarder la mise en œuvre du cadre commun, de façon prévisible, rationnelle et coordonnée, ainsi qu’en améliorant la transparence en matière de dette. Nous accueillons favorablement le travail en cours au sein de la table ronde mondiale sur la dette souveraine pour susciter une compréhension commune de nature à faciliter les restructurations de dette, et attendons avec intérêt la revue du cadre de viabilité de la dette pour les pays à faible revenu, établi par la Banque mondiale et le FMI.

Nous appuyons les efforts que le FMI continue de déployer pour renforcer ses activités de développement des capacités et en assurer le financement. Nous saluons le lancement du partenariat mondial sur les finances publiques, dont l’objectif est de répondre à la demande croissante d’activités de développement des capacités dans le domaine des finances publiques ; de plus, nous apportons notre soutien au lancement d’une initiative de mobilisation des ressources intérieures, en collaboration avec la Banque mondiale.

En novembre de cette année, nous aurons le plaisir de compter un 25esiège au conseil d’administration du FMI, pour l’Afrique subsaharienne, dont la création a pour but d’améliorer la participation et la représentation de cette région et l’équilibre général de la représentation régionale au conseil d’administration. Nous accueillons favorablement les efforts que le FMI déploie sans relâche pour attirer et développer les compétences qui apporteront leur concours dans les domaines prioritaires actuels et nouveaux, et pour améliorer la diversité et l’inclusion du personnel, en remédiant aux problèmes mis en évidence dans le rapport 2022–23 sur la diversité et l’inclusion. Nous rappelons notre engagement en faveur d’un meilleur équilibre de la répartition entre hommes et femmes au conseil d’administration, saluons les nouveaux objectifs volontaires en vue de l’augmentation du nombre de femmes à des postes de direction au conseil d’administration, et convenons de prendre des mesures pour atteindre ces objectifs.

Nous exprimons à Mme Kristalina Georgieva notre appréciation pour le dévouement qu’elle manifeste dans ses fonctions de directrice générale, et nous nous félicitons qu’elle ait été désignée pour un second mandat.

Notre prochaine réunion devrait se tenir en octobre 2024.

 

 

COMITÉ MONÉTAIRE ET FINANCIER INTERNATIONAL

LISTE DES PERSONNES PRÉSENTES

Président

Mohammed Aljadaan, ministre des Finances de l’Arabie saoudite

Directrice générale

Kristalina Georgieva

Membres ou suppléants

Ayman Alsayari, gouverneur de la banque centrale d’Arabie saoudite

Luis Caputo, ministre de l’Économie de l’Argentine

Jim Chalmers, Trésorier de l’Australie

Carlos Cuerpo, ministre de l’Économie, du Commerce et de l’Entreprise de l’Espagne

Chrystia Freeland, Vice-Première ministre et ministre des Finances du Canada

Giancarlo Giorgetti, ministre de l’Économie et des Finances de l’Italie

Fernando Haddad, ministre des Finances du Brésil

Robert Holzmann, gouverneur de la Banque nationale autrichienne

Jeremy Hunt, ministre des Finances du Royaume-Uni

Karin Keller-Sutter, conseillère fédérale et cheffe du département fédéral des Finances de la Suisse

Lesetja Kganyago, gouverneur de la Banque de réserve d’Afrique du Sud

François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France (suppléant de Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, France)

Christian Lindner, ministre fédéral des Finances de l’Allemagne

Mays Mouissi, ministre de l’Économie et des Participations du Gabon

Gongsheng Pan, gouverneur de la Banque populaire de Chine

Riikka Purra, ministre des Finances de la Finlande

Anton Siluanov, ministre des Finances de la Fédération de Russie

Shaktikanta Das, gouverneur de la Banque de réserve de l’Inde (suppléant de Nirmala Sitharaman, ministre des Finances de l’Inde)

Alisara Mahasandana, vice-gouverneure de la Banque de Thaïlande (suppléante de Sethaput Suthiwartnarueput, gouverneur de la Banque de Thaïlande)

Shunichi Suzuki, ministre des Finances du Japon

Salah-Eddine Taleb, gouverneur de la Banque d’Algérie

Steven van Weyenberg, ministre des Finances des Pays-Bas

Janet Yellen, secrétaire au Trésor des États-Unis

Observateurs

Agustín Carstens, directeur général de la Banque des règlements internationaux (BRI)

Mohammed bin Hadi Al Hussaini, président du Comité de développement et ministre d’État chargé des Affaires financières des Émirats arabes unis

Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale européenne (BCE)

Valdis Dombrovskis, vice-président exécutif de la Commission européenne (CE)

Klaas Knot, président du conseil de stabilité financière (CSF) et président de la banque centrale des Pays-Bas

Laura Thompson, sous-directrice générale de l’Organisation internationale du travail (OIT)

Clare Lombardelli, cheffe économiste de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE)

Joerg Spitzy, analyste principal, Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP)

Achim Steiner, administrateur du PNUD, Nations Unies (ONU)

Rebeca Grynspan, secrétaire générale, Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED)

Ajay Banga, président du Groupe de la Banque mondiale

Ngozi Okonjo-Iweala, directrice générale de l’Organisation mondiale du commerce (OMC)

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