Budget de USD 18 milliards en 2025 ? Que sont devenus alors ceux de USD 16 milliards de 2023 reconduit en 2024 ? 

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C’est la première épreuve pour le speaker national Vital Kamehre pour justifier son come-back ! Le 16 septembre 2024 – jour d’ouverture de la session parlementaire ordinaire courant jusque décembre prochain – Judith Suminwa Tuluka, Première ministre de la RDC, a déposé auprès de Vital Kamehre, président du Bureau de l’Assemblée nationale, trois documents financiers importants : le Projet de Budget 2025, le Projet de loi portant reddition des comptes exercice 2024 et le Projet de loi de finances rectificative 2024. Libellé en francs congolais, le premier, dit-on, “présente une augmentation d’environ 21% par rapport au budget de l’exercice 2024, qui s’élevait à 40.986,0 milliards de francs congolais, soit un peu plus de 16 milliards de dollars américains”.

Priorités bien calées

Domaines prioritaires sélectionnés : sécurité et rétablissement de la paix sur l’ensemble du territoire national ; amélioration du pouvoir d’achat de la population ; éducation ; investissements et agriculture.

“On a une augmentation de près de 14% au niveau des investissements ainsi qu’une augmentation de 13% des ressources allouées à l’agriculture. Nous allons continuer les réformes sur la gratuité de l’enseignement de base, en mettant l’accent, un peu plus, sur la qualité des enseignements. Il y a une amélioration au niveau aussi de la rémunération des enseignants, mais aussi pour l’ensemble de la fonction publique”, a-t-elle indiqué.

Autre priorité : le PDL-145T impliquant le développement rural au travers des infrastructures des voies de communications routières suivantes : Routes nationales, Routes interprovinciales, Routes dites de dessertes agricoles, mais aussi voies fluviales et lacustres.

Texte du budget de l’Etat est d’abord une loi

La question à se poser se devine : qu’est-il advenu du budget de 2023 chiffré à USD 16 milliards et de son “collègue” de 2024 quand on se rend compte non pas que du cumul d’arriérés de salaire, mais aussi de l’essaimage des chantiers les uns inachevés, les autres budgétisés mais non lancés !

D’ailleurs, on parle de relance des travaux du port de Banana, preuve qu’ils ont été suspendus.

Rentrons à la session parlementaire ordinaire de septembre 2023 pour comprendre le sens de cette chronique.

On a tous vu et entendu les Honorables députés nationaux écourter le débat sur le projet de loi de finances 2024 au motif que les élections intervenaient sous peu.

Qu’en est-il cependant arrivé du projet de loi de reddition des comptes ? On n’en sait pas grand-chose.

Déjà, il y a une pratique ayant la dent dure dans ce pays : le peu d’intérêt accordé par le législateur aux projets des lois relatives à la reddition des comptes alors qu’il s’agit d’un exercice essentiel dans la gouvernance financière d’un État. C’est, en effet, à cette occasion qu’on se met en état de découvrir les réalités du terrain. Par exemple la construction budgétisée et financée d’une route, d’une école, d’un dispensaire ou d’une borne fontaine, action que constate ou non le député national ou le sénateur de retour des vacances parlementaires.

Un juriste nous a même fait remarquer que le texte du Budget de l’État est d’abord une loi au même titre que toutes les lois. Sa mauvaise application requiert des sanctions à l’égard des contrevenants !

En d’autres termes, il ne sert absolument à rien de continuer à édicter des lois de finances si la finalité est de les soustraire de l’exercice de la reddition des comptes.

L’effort de guerre a tendance à dégénérer

Aujourd’hui – l’information a été livrée par le président non statutaire mais secrétaire général statutaire de l’Udps Augustin Kabuya – une bonne partie du budget national est affectée à l’effort de guerre !

” C’est à cause de la guerre qu’il y a de l’inflation, de l’instabilité du taux de change, etc. On ne dit pas à l’opinion combien coûte la guerre. La situation économique de notre pays doit subir des secousses”, a-t-il déclaré en tant qu’invité du Magazine Le Débat sur TOP CONGO FM,

Il a dit vrai.

Seulement voilà : cet effort de guerre, couvert du sceau du secret, est en train d’hypothéquer sérieusement un grand nombre d’actions du Gouvernement, notamment dans l’enseignement, la santé, l’eau, l’électricité, la voirie etc.

Tous les spécialistes l’affirment avec conviction : on sait comment une guerre commence mais on ne sait pas comment elle se termine.

Partant de cette réalité, chacun doit se demander ce qu’il qu’adviendrait du second et dernier mandat de Félix Tshisekedi si la guerre ne se terminait pas au profit de Kinshasa au plus tard le 20 décembre 2028 ! Car plus la guerre va se poursuivre en 2025, en 2026, en 2027 et en 2028 – touchons du bois pour qu’il n’en soit pas le cas – plus le régime Udps/Usn aura de moins en moins de ressources pour financer des projets d’utilité publique sur toute l’étendue du territoire.

Du reste, l’effort de guerre, dans tous les pays du monde, a tendance à dégénérer en affairisme. Ceux qui le gèrent misent sur la poursuite des conflits pour continuer à se faire davantage de sous. Et dès lors qu’ils sont assurés d’être épargnés de tout débat sur la reddition des comptes au nom du secret d’Etat, ils sont (comme) peinards.

Un tel budget, ça vole trop bas

 

Comme on peut bien s’en rendre compte, un budget – déjà irréalisable de USD 18 milliards – hypothéqué en plus par un effort de guerre non “déclarable” ni “débattable” et soumis par ailleurs à un exercice de reddition des comptes tout ce qu’il y a de fantaisiste, perd au bout du compte toute sa crédibilité.

Si l’objectif est juste d’atteindre en 2028 pour la consommation populaire le fameux cap de USD 86 milliards sur cinq ans, soit une moyenne de USD 17,2 milliards l’an, et cela concomitamment avec les non moins fameux 6 millions d’emplois, chacun est libre de s’en faire une idée.

Face aux besoins gigantesques (l’autre dirait gargantuesques) qui réclament de l’État priorité, un tel budget, ça vole trop bas pour être pris au sérieux…

En attendant, le devoir citoyen impose aux Congolais le suivi des plénières consacrées à la reddition des comptes de l’exercice 2024, à l’exception, bien entendu, du huis-clos consacré traditionnellement à l’effort de guerre…

Le 16 septembre 2025, si Dieu nous prête vie, nous y reviendrons. Soit pour nous excuser de nous être trompés. Soit pour être excusés d’avoir prédit l’hécatombe.

 

Omer Nsongo die Lema

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