Le débat autour de la révision ou le changement de la Constitution est loin de se terminer dans l’opinion publique congolaise.
En effet , alors que l’Union pour la démocratie et le progrès social, Udps, poursuit sa campagne de mobilisation de ses combattants et de la population pour obtenir le changement de la Constitution et ouvrir la voie à la nouvelle République, des voix s’élèvent pour contester les allégations du Président de la République lors de son adresse à la population boyomaise.
L’on se rappellera que Félix Tshisekedi avait affirmé urbi et orbi : « Constitution ya mboka na biso eza malamu te. Constitution basalaka yango po na ekolo pe po etikala seko na seko tant que ekolo ekobanda kozala. Biso Constitution na biso esengeli esalema sur base ya bizaleli na biso moko peuple congolais. Oyo ekobanda ko handicaper fonctionnement ya mboka te ». Traduisez : « La Constitution de notre pays n’est pas bonne. Elle est élaborée pour qu’elle demeure tant que le pays survivra. Notre Constitution doit été élaborée selon nos réalités à nous peuple congolais. Elle ne doit pas handicaper le fonctionnement des institutions et du pays ».
Différentes thèses
Parmi ceux qui contestent les propos du Président de la République figure en bonne place, un éminent scientifique et professeur des universités , Auguste Mampuya.
Invité à la radio Top Congo fm émettant à partir de Kinshasa, ce professeur des universités a balayé d’un revers de la main les allégations de Félix Tshisekedi selon lesquelles la Constitution de 2006 a été rédigée par les étrangers.
Co- rédacteur de cette loi fondamentale, le professeur Auguste Mampuya que la Constitution qui régit le pays actuellement tire ses origines des travaux qui se sont déroulés à Simisimi, une banlieue de Kisangani où la commission constitutionnelle mise en place par le Sénat de la transition s’était retirée pour pondre la première mouture ou l’avant projet de cette loi. Il s’agissait d’une équipe d’experts congolais dont Jean-Louis Esambo, l’actuel conseiller spécial de Félix Tshisekedi en matière de sécurité, Malumba Mbangula, ancien ministre de l’intérieur , le professeur Marcel Otshekonda, etc…pour ne citer que ceux -là.
Pour Auguste Mampuya, le seul étranger avec qui ils ont travaillé à Simonsimi était le sénégalais El Hadj M’boj, expert de l’Union européenne désigné depuis les travaux de Sun City en Afrique du Sud. Et c’est plus tard que d’autres experts vont se joindre aux Congolais, après Simi Simi pour poursuivre les travaux de la rédaction de la Constitution du pays.
C’est le cas de professeur Bob Kabamba de l’université de Liège, accompagné de ses trois assistants au titre d’experts. Et ces derniers n’ont pas travaillé de manière permanente à ces travaux. Concernant la liste des 21 personnes qui circule dans les réseaux sociaux dont 13 étrangers qui auraient rédigé la Constitution, Auguste Mampuya déclare ne pas reconnaître beaucoup de personnes qui y figurent. Cependant, il reconnaît l’apport des experts français et belges et mauriciens dans la rédaction de la Constitution de 2006. A ceux qui estiment que la loi fondamentale congolaise ne tient pas compte des réalités congolaise, son Corédacteur leur demande de lui prouver une seule disposition qui cadre avec cette affirmation car selon lui, c’est retourner le peuple congolais à l’ère de la dictature où tous les pouvoirs étaient concentrés sur le Président de la République. Allusion faite au pouvoir que l’on veut donner au Président de la République d’être élu au suffrage indirect par les députés nationaux et de ce fait, être seul responsable devant la représentation nationale.
« Les vraies réalités congolaises ont été relatées à la Conférence nationale souveraine où on était contre le pouvoir en place. Ce sont les réalités historiques. Il n’ y a rien qui est nouveau dans cette Constitution. « C’est la formalisation de la lutte menée par Étienne Tshisekedi et l’UDPS », s’est exprimé ce professeur des universités.
C’est dans ce sens qu’il revendique la paternité de l’article 220 qui contient des dispositions intangibles, en s’inspirant de la lutte de l’UDPS et qui empêchent à quiconque de vouloir s’éterniser au pouvoir.
Concernant l’article 217 de la Constitution qui autorise au pays de céder une partie de sa souveraineté au nom de la promotion de l’unité africaine en concluant des traités ou d’accords d’associations, regrette sa mauvaise interprétation par plusieurs personnes.
Selon lui, plusieurs pays africains à l’instar du Gabon et Sénégal comportent cette disposition dans leurs lois fondamentales. Et cette disposition tire ses origines des résolutions du sommet de l’organisation de l’unité africaine, OUA, l’actuelle Union africaine, tenu en 1967 à Kinshasa. Et même la Constitution de la transition, adoptée à la CNS, avait cette disposition en son article 108. Donc, selon lui , « il ne s’agit pas de brader les intérêts du pays car la vocation africaine figure parmi les principes fondamentaux de la politique étrangère congolaise ».
RSK