Les débats autour d’une éventuelle modification de la Constitution en République Démocratique du Congo font réveiller l’opposition de son profond sommeil. Traité par Félix Tshisekedi d’une “opposition ya pete”, pour dire “opposition faible”, celle-ci risque de faire mal en rallumant la rue. Pour donner du sens à ce combat, plusieurs leaders de l’opposition se sont de nouveau réunis afin de faire bloc contre le régime Tshisekedi.
Joseph Kabila, Moïse Katumbi, Matata Ponyo, Martin Fayulu et plusieurs autres leaders de l’opposition ont donné naissance à un nouveau front contre le projet de révision de la Constitution initié par le régime Tshisekedi. Une déclaration commune a été signée mercredi 20 novembre 2024 au siège de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco).
Faisant la lecture de ladite déclaration commune, Emmanuel Ramazani Shadary du Front Commun pour le Congo (FCC) de Joseph Kabila, a qualifié l’argumentaire développé par Félix Tshisekedi, d’ignominie au sujet de l’article 217 de la Constitution.
« Il n’y a rien de plus faux que l’affirmation de Monsieur Félix Tshisekedi Tshilombo, déclarant à Lubumbashi, que l’article 217 serait responsable de l’occupation de nos terres par des étrangers. En réalité, là, il confond la notion de souveraineté avec la notion de cession de terre. Est-il besoin de rappeler que dans notre pays, selon l’article 214 alinéa 2 de la Constitution, aucun millimètre du territoire national ne peut être cédé à quiconque sans l’accord préalable du peuple congolais, consulté par référendum ? », a-t-il dit d’entrée.
L’article 64 comme seul remède
Dans cette déclaration commune, les opposants dénoncent ce qu’ils qualifient de “plan diabolique visant à changer la Constitution et à consacrer la balkanisation de notre pays”.
C’est ainsi qu’ils rappellent l’article 64 de la Constitution qui impose au peuple congolais de “se lever comme un seul homme pour faire échec à toute tentative de subversion des institutions démocratiques”. C’est dans ce cadre qu’ils appellent les Congolais à organiser des manifestations pour défendre la Constitution de 2006 et empêcher Félix Tshisekedi de modifier les dispositions limitant le nombre et la durée des mandats présidentiels.
“Pas de changement de Constitution, pas de troisième mandat à Monsieur Tshilombo ou à qui que ce soit, pas de présidence à vie en RDC”, lance l’opposition, avant de qualifier cette initiative de révision constitutionnelle d’injustifiée, inopportune, illégale et anticonstitutionnelle.
Et d’ajouter : “La corruption et les détournements des deniers publics sont devenus des pratiques institutionnalisées. L’espace de liberté s’est gravement rétréci”.
Ce, avant de dresser un tableau sombre de la situation sécuritaire en RDC, marquée par des violences dans l’Est du pays, l’ingérence étrangère du Rwanda et de l’Ouganda, ainsi que les attaques répétées de groupes armés comme le M23, les ADF et CODECO.
“La RDC est confrontée à une grave menace alimentée par des ingérences étrangères et une insécurité généralisée”, poursuivent les opposants, qui dénoncent par ailleurs les massacres perpétrés à travers le pays par divers acteurs armés.
La révision de la Constitution contraste avec les préoccupations des congolais
Pour l’opposition, la révision constitutionnelle ne répond en rien aux préoccupations réelles du peuple congolais. “Aucune disposition de la Constitution n’empêche Monsieur Tshisekedi d’améliorer les conditions sociales du peuple congolais”, disent les opposants.
Ils appellent ainsi le président Félix Tshisekedi à concentrer ses efforts sur des questions telles que la rémunération décente des fonctionnaires, la stabilisation du taux de change, l’accès à l’eau potable et à l’électricité, ainsi que la résolution des conflits à l’Est.
“Cette Constitution garantit l’alternance démocratique et prévient les dérives dictatoriales. Nous devons la défendre coûte que coûte”, ajoutent les leaders de l’opposition. De son côté, le député national Jean-Baptiste Kasekwa a lancé que : “ce n’est pas Félix Tshisekedi qui va échapper à notre mobilisation”.
« Monsieur Félix Tshisekedi veut opérer un coup d’État contre la Constitution sur base de laquelle il prétend nous gouverner. Nous allons nous mobiliser. Nous avons gagné des victoires contre la dictature de Mobutu, contre tous les systèmes dictatoriaux qui ont suivi. Ce n’est pas Félix Tshisekedi qui va échapper à notre mobilisation », a-t-il ajouté.
Plusieurs activités de la rue sont prévues dans un futur proche, nonobstant la marche de Delly Sesanga et sa nouvelle structure annoncée pour le 27 novembre à Kinshasa.
Bernetel Makambo