A l’instar de Martin Fayulu, tout Congolais a le droit de proposer des solutions à la crise sécuritaire

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Déjà, son appel à la Cohésion Nationale a plus d’importance que n’importe quel poste d’État qu’il voudrait briguer… Dans sa dépêche du 25 août 2024 intitulée “Martin Fayulu appelle à la cohésion nationale et plaide pour l’organisation d’un dialogue politique”, le siteweb radiookapi.net rapporte ses propos selon lesquels “Aujourd’hui, la solution et la seule, c’est qu’on se mette autour d’une table, nous tous, parties prenantes, autour de nos chefs spirituels. […] Nous sommes attaqués par le Rwanda. Il faut qu’on se mette ensemble, comme un seul homme, comme une seule femme pour contre-attaquer avec un esprit d’engagement, avec un esprit patriotique ». Dans la sienne parue le 1er septembre sous le titre “RDC : Martin Fayulu défend une ‘cohésion nationale’ pour sortir le pays d’une situation ‘chaotique’, Rfi reprend les extraits de son meeting Place Sainte Thérèse, à Ndjili. « Les questions que nous devons nous poser sont bien plus profondes et pertinentes. Comment faire face à l’agression rwandaise et ougandaise dans l’Est ? Comment éradiquer la mauvaise gestion et les détournements de fonds qui se répètent sans cesse”, s’est-il interrogé. Préconisant le thème « Vérité-Réconciliation-Cohésion nationale », Martin Fayulu dit vouloir “engager des discussions sérieuses sur les réformes institutionnelles, notamment électorales pour s’assurer que les prochaines élections soient crédibles, transparentes, impartiales et apaisées”.

Que faire alors ?

Au pays de la “soupconnite” (épidémie du soupçon gratuit, du soupçon facile), il n’est jamais bon d’être du “mauvais” côté de l’histoire. Martin Fayulu est en train de l’apprendre à nouveau à ses dépens. A peine a-t-il annoncé l’initiative des assises sur la Cohésion Nationale qu’il en prend des coups de tous côtés. Forces politiques et sociales se réclamant autant de la plateforme Union sacrée de la nation (Udps en pole position) que de l’Opposition (toutes tendances confondues) le voient roulant pour Félix Tshisekedi qui, en plus de lui refiler une certaine enveloppe, entendrait le placer à la primature, laisse-t-on croire ! Ils se réfèrent au prochain révélé par le chef de l’Etat lui-même dans son interview du 6 août 2024 à Christian Lusakweno et Baudouin Amba Wetshy.

Ainsi, une idée – pourtant louable – est en train d’être massacrée au propre comme au figuré au motif simple qu’elle ne doit pas émaner de lui ou ne pas l’impliquer !

Normal : ses faux pas par rapport au processus électoral de 2023 et à la formalisation de l’Opposition légitime (issue des élections) et légale (établie par la loi portant statut de celle-ci) ont considérablement affecté sa crédibilité. D’ailleurs, son score lors de la présidentielle l’a sérieusement diminué.

Cependant, cela ne l’empêche pas, en tant qu’acteur politique, mais surtout citoyen congolais, de se prononcer sur le moyen d’en finir avec l’insécurité à l’Est due à plusieurs raisons.

En effet, chacun des 252 groupes armés congolais recensés en 2021 a les siennes. Il en est de même des groupes armés étrangers qui se servent du territoire national non pas que comme bases arrières, mais terrain d’exécution des Congolais !

On se rend compte finalement que toutes les solutions préconisées au Dialogue Intercongolais et à tous les autres fora ultérieurs n’ont pas atteint leurs objectifs.

Les dernières initiatives en date du Gouvernement (état de siège, soutien aux Wazalendo, recrutement des sociétés de sécurité étrangères, participation au Processus de Nairobi et au Processus de Luanda, déploiement de la force de l’EAC et de la force de la SADC) n’ont pas accéléré le rétablissement de la paix sur le territoire national. Au contraire.

Que faire alors ?

Rien n’en justifie le rejet…

On ne peut pas prêter d’emblée d’intention malveillante tout compatriote, ou même tout étranger apte à préconiser une solution pouvant s’avérer pratique à la crise sécuritaire qui frappe le pays.

L’exemple peut ne pas plaire, mais dans la Bible il y a l’épisode du séjour de Moïse au pays des Madians. Pour avoir grandi dans la Maison de Pharaon, Moïse connaissait les règles de gestion d’un Etat. Cependant, c’est Jethro, son beau-frère, qui va lui apprendre la gestion de la “division du travail. C’est ce leadership qui l’aidera à organiser avec succès la sortie d’Israël de l’Égypte.

Personne ne peut prétendre avoir le monopole de la résolution de la crise de l’Est, mieux des crises de l’Est puisque les revendications des groupes armés du Sud-Kivu ne sont pas les mêmes, comparées à celles du Nord-Kivu ou de l’Ituri.

Par voie de conséquence, Martin Fayulu ou Thomas Luhaka, Pascal Kinduelo ou Jonas Mukamba, Vital Kamehre ou Judith Sumwinua, Didier Mumengi ou Omer Nsongo, Fridolin Ambongo ou Denis Mukwege, Modeste Bahati ou Modeste Mutinga, Joseph Kabila ou Simon Kimbangu Kiangani, Adolphe Muzito ou Trésor Mputu,

Alain Bolodjwa ou L’Or Mbongo, Stéphane Kitutu O’Leontwa ou Moïse Katumbi, Didi Kinuani ou Kofi Olomide, Didier Etumba ou Félix Tshisekedi, Roland Dalo ou Jean-Jacques Muyembe, voire le roi Mohammed VI ou l’empereur Naruhito peut faire une proposition susceptible de résoudre pour de bon la crise de l’Est non seulement pour la RDC, mais pour la sous-région des Grands-Lacs.

De ce fait, rien n’en justifie le rejet au motif de faire ombrage à l’initiative de quelqu’un d’autre, soit-il le Président de la République.

Après tout, sous Mobutu entre 1996 et 1997, sous L-D. Kabila entre 1997 et 2001 ou sous Joseph Kabila entre 2001 et 2018, il y a eu des Congolais et des étrangers à avoir proposé des solutions pour la même crise de l’Est.

Ainsi, bon nombre de fora organisés pour la RDC ont été des initiatives venues d’ailleurs.

D’un lion mort est sorti du miel

 

Cette crise, pardon ces crises ont des racines remontant à la période précoloniale pour les uns, coloniale pour les autres, postindépendance pour les autres encore.

Ce qui est évident, c’est qu’elles ont des implications géopolitiques et géostratégiques dépassant les compétences de l’État congolais.

Pour avoir manqué d’en tenir compte depuis 1960, les régimes qui se succèdent à Kinshasa se repassent la patate chaude sans peut-être le vouloir ni le savoir.

La première occasion d’en venir à bout, on l’a manquée avec la dilution maladroite de la coalition Fcc-Cach. Le premier avait la connaissance des dossiers, le second la fougue de l’action.

La soupçonnite a fait son oeuvre de division, de distraction.

Qu’à cela ne tienne !

Aujourd’hui, la nouvelle donne est là : un compatriote en la personne de Martin Fayulu a lancé un appel à la Cohésion Nationale autour du sujet le plus préoccupant de l’heure : la situation sécuritaire. Une situation susceptible de faire voler le pays en éclats et de rendre nulle et sans effet la révision ou le changement de la Constitution.

Au lieu de le livrer à la vindicte populaire comme la soupçonnite le suggestionne, on devrait plutôt prêter l’oreille à ce qu’il dit, même s’il y a des préjugés défavorables !

L’exemple pourrait également ne pas plaire, mais la Bible rapporte en Juges 14 l’épisode du miel sorti du corps d’un lion mort.

A ceux qui se vantent d’avoir confié le Congo à Dieu – comme si Dieu y a trouvé une première au pays des premières – de méditer sur cette symbolique ; le dialogue n’étant pas forcément synonyme de partage du pouvoir !

Prochainement : ” Affaire Jacky Ndala : nous devons, indistinctement, en avoir plutôt honte !”

Omer Nsongo die Lema

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