Des dizaines de militants des mouvements citoyens et des groupes de pression sont descendus dans la rue à Goma ce jeudi 19 octobre2023, aux premières heures de la matinée, pour demander le départ du sol congolais de la force régionale de l’EAC déployée au Nord-Kivu. Il sied de rappeler que le gouvernement de Kinshasa a annoncé que le mandat de la force de l’EAC expirant le 8 décembre courant, ne serait pas renouvelé en raison de l’absence de résultats positifs.
Goma étant sous état de siège comme le reste de la partie orientale de la RDC, (à savoir toutes les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu), les manifestations publiques n’y sont pas autorisées. De ce fait, la police a été contrainte de faire usage des gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants qui reprochent notamment à la force, région de l’EAC de bloquer la progression des patriotes “Wazalendo” sur le front contre les rebelles du M23 dans les territoires de Masisi et Rutshuru.
La veille, des dizaines d’autres manifestants, membres du collectif des victimes de la guerre d’agression de la RDC par le Rwanda via le M23, qui ont pu atteindre le gouvernorat de province du Nord-Kivu, ont été dispersées par la police, à coup de gaz lacrymogène. Comme ceux du jeudi, ces manifestants exigeaient le départ de la force régionale de l’EAC accusé de complicité avec les rebelles du M23.
Réagissant à cette grogne populaire, le Commandant adjoint de l’EAC, le Général Congolais Kaputa a déclaré : « Nous multiplions les efforts, mais nous n’avons pas la capacité de communiquer à partir de Goma, c’est au niveau militaire, la communication, c’est au niveau politique à Arusha (Tanzanie). Moi-même je suis congolais, nous comprenons la souffrance et nous sommes en train de travailler sur ça pour qu’on diminue cette pression sur la plupart de nos entités ».
Le Général Emmanuel Kaputa estime qu’organiser une manifestation anti force de l’EAC est une preuve d’ingratitude du peuple congolais envers de l’EAC qui était venue de bonne foi sécuriser et protéger son territoire. « Le peuple congolais doit éviter l’ingratitude. Si nous n’étions pas venus à l’époque où le M23 était proche de Goma, les M23 seraient aujourd’hui à Goma », martèle le commandant adjoint de l’EAC, répondant aux manifestants anti-EAC ? Pas du tout d’accord avec le Commandant-adjoint de l’EAC, Héritier Nyamwami, un des manifestants.
Rétorque en disant que « Nous avons manifesté, bien que nous avons été dispersés par la police à coup de gaz lacrymogène. Si nous ne constatons pas le changement par rapport à leur comportement sur terrain, notamment le blocage de nos frères Wazalendo sur les lignes des fronts, nous allons organiser d’autres actions de grande envergure pour les contraindre de quitter le sol congolais ».
Risques d’infiltrations et de l’intrusions des Wazalendo pirates
Le gouverneur militaire ai du Nord-Kivu, le Général major Peter Cirimwami, avait réitéré 26 Septembre 2023 à Goma, son appel à tous les services de sécurité provinciaux à demeurer vigilant pour éviter d’une part, une infiltration ennemie et, d’autre part, une surprise désagréable à l’interne.
« Il a été constaté qu’après la déclaration du chef de l’Etat à la Tribune des Nations unies faisant état du refus de dialoguer avec la coalition M23-armée rwandaise, ce dernier s’illustre par beaucoup d’agitations et commence à occuper à nouveau toutes les positions jadis abandonnées. A cet effet, les services ont constaté que plusieurs traversées de citoyens rwandais possédant des cartes d’électeurs congolaises et soupçonnés d’espions envoyés par le Rwanda, sont en vogue ces derniers temps à la frontière congolaise à Goma », avait alerté le gouverneur militaire.
Curieusement, alors que les Wazalendo avaient décidé de conquérir Bunangana, le lundi 16 octobre 2023, un convoi du contingent ougandais de l’EAC a été pris en embuscade par un groupe armé inconnu. L’incident s’est déroulé à Rukoro, dans la région de Burai, le long de la route Rutshuru-Bunagana, dans le territoire de Rutshuru, alors que le convoi se dirigeait de Kiwanja à Bunagana pour se ravitailler. En cette même nuit, sur les réseaux sociaux, des voix s’élevaient pour « accuser les troupes Ougandais d’empêcher les Wazalendo de prendre Bunagana.
Les troupes ont repoussé l’attaque et ont atteint leur destination en toute sécurité, selon l’EACRF.
Des enquêtes sont en cours pour déterminer le groupe armé responsable de cette “provocation odieuse” et les motivations derrière cette attaque. Toutefois, il n’est pas sans intérêt de rappeler ces propos du Directeur général de l’Institut des recherches en Droits humains (IRDH), Me Hubert Tshiswaka, lors des évènements lors de la manifestation anti MONUSCO du 30 août dernier : « le carnage survenu à Goma coûtant la vie à plus de quarante congolais, serait le résultat ‘des faux renseignements donnés aux Forces armées de la République démocratique du Congo par un réseau connecté au M23’ », donc une manipulation de l’extérieur dans le but de noircir la RDC.
« Et si la même stratégie de diversion était à la base de l’attaque du contingent ougandais pour freiner l’avancée des Wazalendo ? », s’interroge un manifestant.
Willy Makumi Motosia