Dans un tour de passe-passe qui surprendrait à peine les férus de la série télévisée « L’Éternel Demain », le régime des séniles militaires d’Alger aurait, semble-t-il, décidé de reporter les élections présidentielles de décembre prochain. La nouvelle, digne d’un épisode supplémentaire dans la saga des reports électoraux, n’a pas encore fait l’objet d’une annonce officielle. Que l’on se rassure, c’est une habitude maison.
Pourtant, dans les rues d’Alger, il se murmure, avec véhémence, que le calendrier politique vient de prendre des vacances prolongées. A croire que le concept de « report » est devenu le leitmotiv préféré des stratèges politiques locaux, talonnant celui de « stabilité », employé à toutes les sauces lors des banquets officiels. Et comme dans tout bon feuilleton qui se respecte, le suspense reste entier : quand les électeurs pourront-ils, enfin, actionner le levier de la démocratie?
Mystère et boule de gomme ! Alors que le président pantin par excellence des marionnettistes militaires d’Alger, semblait se diriger vers une réélection sans embûche, le consensus autour de sa candidature se fissure au sein de son cercle rapproché. Face à cette incertitude, divers groupes politiques montent au créneau, demandant davantage de clarté quant au déroulement du futur scrutin.
Dans un élan de créativité qui ferait pâlir Houdini, le pouvoir algérien envisage de faire « disparaître » les prochaines élections présidentielles, cherchant le tour de passe-passe parfait pour étirer le spectacle scénaristique au-delà de sa date de fin, le 19 décembre 2024. Devant l’absence d’applaudissements pour un second acte et une scène politique aussi déserte qu’une salle d’attente sans magazines, l’idée d’un report s’infiltre discrètement dans les plans du régime militaire algérien.
Comme un magicien invoquant des menaces imaginaire et agitant la cape de l’instabilité régionale, le régime prépare le terrain pour un numéro d’évasion électorale, espérant que le public goberait cette pirouette scénaristique sans broncher. Mais malheureusement c’est aussi prévisible que la réapparition annuelle des hirondelles, un événement saisonnier qui, malgré son caractère récurrent, semble toujours survenir à l’improviste à l’Est de l’Eden.
Moins de neuf mois avant la date prévue pour le bal des présidentielles, le pays bruisse de rumeurs plus croustillantes que les feuilles d’un brick. Ces élections, auréolées de l’aura des « grandes occasions », pourraient connaître un destin similaire à celui, naguère, de nombreux plans bien huilés — reportés, peut-être pour une énième répétition générale.
Le président actuel, dont on n’ose prononcer le nom et dont l’assise semble aussi confortable qu’un siège éjectable, se voit pressé par l’armée de céder son trône. Un trône qui, par un curieux retournement de destin, ressemble plus à un siège de coiffeur qu’à celui de Saint-Louis. Et pour cause, on souffle que certains au sein du régime des capos et un peu plus, ne le portent pas précisément dans leur cœur. Il se chuchote même dans les couloirs feutrés du pouvoir que les maîtres de l’échiquier hésitent, s’interrogent, voire divergent sur le grand spectacle de la réélection du président en exercice.
Et le régime des séniles du Muppets Show made in Algeria de vouloir continuer sa marche, imperturbable, sur le chemin sinueux de son destin politique, nonobstant les pronostics et les paris et surtout faisant planer doute et suspens. Par ailleurs, il convient de mettre en lumière la carte joker des dirigeants algériens qu’ils pourraient abattre pour justifier ce nouveau report : la menace de la guerre, l’épée de Damoclès qui pend au-dessus de la tête de l’Algérie, prête à frapper… ou pas.
Dans les cafés, on rit jaune : « Les élections, c’est comme les promesses, il vaut mieux ne pas les prendre au sérieux ». Car effectivement, dans le grand théâtre algérien, la seule certitude, c’est l’incertitude. Et comme chacun le sait, l’ironie est la politesse du désespoir. Dans ce contexte et entre-temps, la population, armée de patience et d’un sens de l’humour de plus en plus acéré, se demande si elle devrait simplement marquer son calendrier d’un grand X rouge et attendre le prochain épisode.
Les plus cyniques s’amuseront de ce que le terme « élection » pourrait bientôt être remplacé par « loterie » dans le dictionnaire politique algérien. Après tout, les chances de voir les élections se tenir à la date prévue (19 décembre 2024) semblent bien aléatoires. Pendant ce temps, l’opposition, qui semble jouer une partie de cache-cache, et attend son heure. Les candidats potentiels devraient être en train de se faire les dents, mais au lieu de cela, c’est un silence assourdissant qui règne, un silence, peut-être plus éloquent que tous les discours.
Et tandis que les factions rivales au sein du régime débattent sur la possibilité ou pas de prolonger le mandat présidentiel actuel juste assez longtemps pour dénicher le Messie politique, l’Algérie semble figée dans un présent perpétuel, où le futur est aussi imprévisible qu’une fin d’une série policière.
Pour finir, la perspective d’un report des élections pourrait servir avant tout les intérêts de l’armée, soucieuse de maintenir son emprise tout en naviguant à vue dans un océan de défis. Après tout, qui voudrait précipiter les choses et risquer de remettre le pouvoir dans les mains d’un président qui pourrait vraiment présider ?
Mohamed Jaouad El Kanabi