Algérie: le régime se réfugie derrière une nouvelle purge pour cacher son incapacité à sécuriser les aéroports du pays

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L’affaire du jeune clandestin algérien découvert la semaine dernière à l’aéroport d’Orly, en France, dans le train d’atterrissage d’un avion d’Air Algérie prend les allures d’un véritable scandale d’État. La présidence algérienne s’est saisie du dossier en confiant l’enquête aux renseignements intérieurs, et c’est tout le personnel sécuritaire et administratif de l’aéroport d’Oran qui risque d’être limogé, voire poursuivi en justice.

L’Algérie est aujourd’hui face à un grand défi, celui de rassurer ses partenaires internationaux quant à la sécurité, de plus en plus mise à mal, de ses aéroports et avions de ligne.

Face à la recrudescence des cas d’intrusion, avec une facilité déconcertante, de candidats à la migration clandestine sur les tarmacs des principaux aéroports algériens, en vue d’embarquer dans les soutes et trains d’atterrissage d’avions en partance pour l’Europe, les autorités algériennes font aujourd’hui semblant de sortir de leur torpeur. Car ce phénomène a mis à nu, aux yeux du monde entier, les graves failles sécuritaires dans les aéroports algériens, où les avions qui y atterrissent ou décollent, qu’ils soient algériens ou pas, sont exposés, ainsi que leurs passagers, à des dangers potentiels de terrorisme, de piraterie aérienne ou d’incidents accidentels, du fait de l’accès incontrôlé de clandestins à ces aéronefs.

Alors que ces derniers mois ont connu de nombreux cas d’embarquement de clandestins dans des avions à partir des tarmacs des plus grands aéroports du pays (Alger, Constantine et Oran), c’est la découverte, le 28 décembre dernier à l’aéroport d’Orly, à Paris, d’un jeune Algérien dans le train d’atterrissage d’un avion d’Air Algérie en provenance d’Oran qui a fait réagir les autorités algériennes suite à une surmédiatisation de cette affaire qui a fait le tour du monde.

Ainsi, le président Abdelmadjid Tebboune a confié au général-major Djamel Kehal Medjdoub, patron de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), la mission de mener une enquête en vue de déterminer les responsabilités liées aux graves failles sécuritaires mises à nu par l’embarquement de ce jeune clandestin nommé Rahmani Mehdi dans le train d’atterrissage d’un avion d’Air Algérie à partir de l’aéroport d’Oran. Comment, en effet, dans un aéroport international truffé de caméras de surveillance, de dizaines de policiers et gendarmes, sans parler du personnel aéroportuaire et des autres agents de la compagnie Air Algérie, un clandestin peut-il accéder au tarmac, puis s’introduire dans un avion sans être remarqué? Et s’il était porteur d’une bombe ou autre engin explosif?

C’est la gravité d’un tel acte qui est derrière le communiqué du ministère algérien de l’Intérieur publié jeudi 4 janvier, et repris par la page Facebook de la présidence algérienne, à travers lequel on apprend que «sur ordre du Président de la République, Abdelmadjid Tebboune, le Directeur général de la sécurité intérieure a ouvert une enquête préliminaire approfondie sur l’incident de l’intrusion du jeune Rahmani Mehdi, aux fins de migration clandestine, dans un avion d’Air Algérie au niveau de l’aéroport international d’Oran, le 28 décembre 2023 à 08h05, devant assurer le vol entre Oran et Orly, où il a été appréhendé». En réalité, cet intrus n’a pas été appréhendé mais découvert dans un état d’hypothermie sévère et immédiatement hospitalisé à Paris. S’il n’avait pas été découvert en France, il est très peu probable qu’on ait pu entendre parler de cette affaire.

Le communiqué précité ajoute que la DGSI a déjà conclu à la responsabilité directe de plusieurs agents et fonctionnaires de la police des frontières au niveau de l’aéroport Ben Bella d’Oran, alors que plusieurs autres fonctionnaires régionaux de la police algérienne, de hauts responsables de la compagnie Air Algérie et de l’administration chargée de la gestion de l’aéroport d’Oran feront l’objet de plus ou moins lourdes sanctions.

En clair, c’est tout le personnel sécuritaire, administratif et technique de l’aéroport d’Oran qui est sur le grill, même si c’est la police algérienne qui aura à payer le plus lourd tribut pour cette forfaiture, comme le précise le communiqué du ministère de l’Intérieur qui ajoute que des «mesures administratives spécifiques seront prises à l’encontre des responsables régionaux et centraux à la DGSN».

Mais toutes ces mesures ne servent apparemment à rien puisqu’elles ont été déjà initiées à plusieurs reprises, sans donner les résultats escomptés.

À titre de rappel, le 7 juin 2022, suite au scandale de la découverte des cadavres de deux jeunes Algériens dans la soute d’un avion d’Air Algérie qui venait d’effectuer un aller-retour entre Alger et Barcelone, Abdelmadjid Tebboune a procédé à une purge sans précédent au sein des hauts responsables de la police. Il a ainsi limogé le directeur de la police des frontières (PAF) au sein de la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN), le directeur adjoint de la PAF, le directeur de la police des frontières à l’aéroport Houari Boumediene, le chef de la police chargée de la sécurité des avions, le responsable de l’équipe en charge de la sécurité et du contrôle de l’aéroport international d’Alger, le commissaire principal de la police de l’aéroport, ainsi que l’officier de sécurité du tarmac dudit aéroport.

Donc, c’est à un remake de ce qui a été déjà décidé suite à l’affaire des harragas de l’aéroport international d’Alger que nous assistons à Oran. Et de même que les sanctions administrées aux responsables à Alger n’ont pas contribué à sécuriser les aéroports algériens, celles qui pèsent sur le personnel d’Oran ne changeront rien à l’affaire. L’impéritie est la marque patente du régime algérien, qui est une passoire au niveau sécuritaire, avec des hordes de terroristes qui réussissent à s’introduire à l’intérieur du pays, comme en atteste la prise en otage de travailleurs étrangers dans le site gazier de Tiguentourine. Le régime algérien, qui n’a autorisé jusque-là qu’une seule manifestation de soldats déguisés en civil et leurs familles, dénonçant la guerre que mène Israël contre le Hamas, a trop peur du peuple pour concevoir une politique sécuritaire autre qu’une répression féroce des populations.

C’est dire que les purges et les limogeages intempestifs, voire l’emprisonnement de hauts responsables, sont les armes couramment utilisées par la junte algérienne corrompue, en vue de cacher son incapacité à gérer correctement les affaires du pays.

 

Par Mohammed Ould Boah

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