Alors que la date du retrait de la MONUSCO du sol congolais, fixée pour le 08 décembre 2023, profile à l’horizon, la Monusco, pendant que les officiers supérieurs des FARDC ont décidé du déploiement des troupes de la SADC lors de la réunion de hauts fonctionnaires du comité ministériel de l’organe de la communauté de l’Afrique australe tenue de le vendredi 3 novembre 2023 à Luanda, conjointement avec les FARDC, la mission onusienne a annoncé lundi 06 novembre 2023, le lancement d’une opération conjointe dénommée « Springbok » destinée à protéger la population contre les rebelles du M23. Une annonce qui ne plait pas à tout ne le monde, particulièrement pas à la Lucha qui a appelé lundi 13 novembre 2023, à un sit-in mercredi dans la ville de Goma pour réclamer le départ de la mission de l’ONU, et de la force d’Afrique de l’Est déployée depuis environ un an dans la région. Cette dernière est indexée comme cohabitant et collaborant avec le M23/RDF, plutôt que de les combattre.
Le springbok (Antidorcas marsupialis), est une antilope sauteuse d’Afrique australe (région de la SADC), présent en Afrique du Sud, en Namibie, au Botswana et en Angola dont le nom afrikaans signifie : «spring » (sauteur, qui saute) et « bok » (bouc). En présence de prédateurs, l’espèce est en effet connue pour effectuer des sauts verticaux (des rebonds) qui sont vraisemblablement un signal honnête de bonne santé !
C’est le nom de cet animal qui a été choisi pour l’opération conjointe contre la menace M23 et pour protéger la population de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu et de Sake. D’après la radio onusienne, l’opération « Springbok » vise à protéger la localité de Sake, contre d’éventuelles attaques des terroristes qui ont occupé depuis quelques positions dans cette partie de Masisi. L’opération est d’abord défensive mais, pour le commandant de la force de la Monusco, elle peut devenir offensive si la menace s’accroît.
Pourtant, la MONUSCO qui a vu à plusieurs reprises son mandat changé depuis la MONUC, avait affirmée en substance, par sa cheffe de mission Bintou Keita, devant le conseil de sécurité que la MONUSCO n’a pas de moyens suffisants pour faire face au M23 qui se comporte comme une armée conventionnelle avec un arsenal militaire supérieur à la mission onusienne.
L’opération a été annoncée depuis le lundi 6 novembre 2023, (exactement à un mois et 2 jours de la date fixée pour le retrait de la MONUSCO, le 8 décembre2023) par la Monusco et les FARDC, au cours d’une conférence de presse animée conjointement par le commandant de la force de la Monusco, le général de corps d’armée Otávio Rodrigues et le porte-parole du gouverneur militaire, chef des opérations des FARDC au Nord-Kivu, lieutenant-colonel Guillaume Ndjike.
« Nous avons pour mandat de protéger les populations de la RDC. Et nos hommes qui sont déployés ici, ils y sont, en dehors de leurs bases respectives, parce qu’ils sont prêts à mourir pour protéger les habitants de ce pays. Toute force illégale qui va essayer de nous défier, nous allons faire face à elle. Il est nécessaire de rassurer tout le monde que la Monusco a pour mandat d’appuyer les Forces armées de la République démocratique du Congo. Partout où les FARDC expriment ce besoin de notre appui, nous y serons pour appuyer les FARDC et rien que les FARDC… », a affirmé le commandant de la force de la Monusco, le général de corps d’armée Otávio Rodrigues.
Ce dernier a annoncé lors de sa visite de l’une des positions défensives des casques bleus autour de la localité de Sake, dans une vallée et autour des collines surplombant le village de Kimoka, à 2 Kilomètres de Sake sur l’axe Kilolirwe-Kitshanga, au-delà de Goma à30 Kilomètres.
La MONUSCO veut-elle rebondir à la ‘springboks’ ?
Alors que le porte-parole du gouverneur militaire, Guillaume Ndjike a loué cette décision prise par la Monusco, consistant à passer à l’offensive ou défensive face à la menace du M23, pour nombre d’observateurs, certains membres de la société civile et plusieurs habitants de Goma, par cette opération conjointe « l’ONU tente seulement de redonner une bonne image d’elle avant son départ de la RDC. Après l’échec des missions Onusiennes en RDC, en RCA, et au Mali aucun pays dans le monde ne sera intéressé de recevoir les Casques bleu chez lui ».
Depuis déjà un moment, la MONUSCO n’est plus en odeur de sainteté auprès de la population dans l’Est de la RDC comme peut l’en témoigner les manifestations anti MONUSCO comme celle du 30 août courant, qui a couté la vie à plus d’une cinquantaine de congolais. Au Mali, où la force onusienne a été chassée, les autorités sont en train de reprendre le contrôle du territoire national.
« Disons-le une bonne fois pour toutes : la MONUSCO n’aide pas le Congo, elle travaille pour faire aboutir les agendas des ennemis du Congo. La chute de Bunagana et les tragédies de Beni-Ituri doivent servir d’avertissement à ceux qui seraient tentés de faire confiance à la MONUSCO face à la menace de l’armée rwandaise/M23 sur Goma et Masisi », préviens un habitant de Goma.
Un autre de renchérir, « La Présence de l’ONU ne fait qu’empirer les crises dans le monde. Cela fait maintenant plus d’un quart de siècle que cette mission onusienne est au Congo, et la situation sécuritaire ne fait qu’empirer ».
Que dire donc, par l’Opération ‘Springbok’, la MONUSCO veut simplement rebondir pour ne pas quitter le territoire congolais comme en 2010 lorsque MONUC devint MONUSCO ?
Willy Makumi Mo
tosia