Lequotidien
La population de la province du Nord-Kivu en général et celle de la ville de Goma, chef-lieu de la province auront passé un très mauvais week-end avec l’avancée de la coalition M23-AFC-RDF aux portes de la ville après la bataille de la cité de Sake, située à 27 Km de la ville de Goma. Cette bataille qui non seulement a provoqué le flux des déplacés de guerre en plein centre-ville, mais aussi ayant occasionné l’assassinat du gouverneur militaire, le général de brigade Peter Cirimwami Nkuba tombé au champ d’honneur vers Mubambiro après avoir été la cible des snipers rwandais, selon le porte-parole des Fardc, le général major Sylvain Ekenge, dans la nuit de jeudi à vendredi dernier.
Pour l’instant, les combats s’intensifient autour de la ville de Goma que l’armée rwandaise et ses alliés de M23 et de AFC tentent d’envahir, alors que les Forces armées congolaises et les patriotes volontaires « les » Wazalendo « sont déterminés à les repousser le plus loin que possible. C’est dans cette situation confuse d’insécurité que la République démocratique du Congo a finalement décidé de rompre officiellement les relations diplomatiques avec son voisin de l’Est, le Rwanda qu’elle accuse d’agression sur son territoire et de soutenir la rébellion de M23 et AFC.
En effet, dans un communiqué du ministère des Affaires étrangères, de la coopération internationale et de la francophonie adressé à l’ambassade du Rwanda en Rdc lui fait part de rappel des diplomates de la République démocratique du Congo basés à Kigali avec effet immédiat. Et par conséquent, il est demandé aux autorités rwandaises de tirer toutes les conséquences de cette décision avec effet immédiat en mettant fin, endéans 48 heures, aux activités diplomatiques et consulaires de l’ambassade du Rwanda à Kinshasa.
« Par conséquent, le ministère des Affaires étrangères, coopération internationale et francophonie demande aux autorités rwandaises compétentes de tirer toutes les conséquences de cette décision en cessant, dans un délai de 48 heures, toutes les activités diplomatiques et consulaires de l’ambassade du Rwanda à Kinshasa », peut- on lire dans ce communiqué. Et d’ajouter : « La République démocratique du Congo s’engage à respecter toutes les procédures diplomatiques et assurer une transition ordonnée de cette décision ».
Une décision qui intervient plus de deux ans après l’expulsion de Vincent Karega
La courageuse décision prise par Kinshasa de rompre les relations diplomatiques avec Kigali aura été le vœu de plusieurs observateurs et analystes de la situation sécuritaire dans l’Est de la République démocratique du Congo. L’on se rappellera que les mouvements citoyens, les organisations de la société civile ainsi que certains acteurs politiques avaient organisés des manifestations anti-Rwanda lorsqu’il était attesté que ce pays avaient déployé ses troupes sur le sol congolais pour combattre aux côtés des rebelles de M23 et de AFC et qui se sont emparés de plusieurs agglomérations du Nord-Kivu telles que Bunagana, Rutshuru – Centre, Kiwanja, etc…. Ce qui finalement sera à la base de l’expulsion de son ambassadeur en RDC, Vincent Karega en Octobre 2022 à l’issue d’une réunion de Conseil supérieur de défense élargi présidée par le Chef de l’Etat, Félix Tshisekedi.
« Au regard des faits qui précèdent , le Conseil supérieur de la défense a demandé au Gouvernement d’expulser dans les 48 heures, Vincent Karega, ambassadeur du Rwanda en RDC, du fait notamment « de la persistance de son pays à agresser la RDC », a indiqué le porte-parole du Gouvernement congolais, Patrick Muyaya. Une décision que Kigali avait démenti et avait dit regretter « cette collision « avant à son tour d’accuser Kinshasa de collaborer avec les Forces démocratiques pour la libération du Rwanda, FDLR, cette rébellion rwandaise.
Dans l’opinion congolaise, la décision de la rupture des relations diplomatiques avec le Rwanda est saluée par plus d’une personne, même si selon elle, elle intervient tard et après que la situation sécuritaire se gâte dans l’Est de la RDC. Cette opinion estime que c’est un signal fort que Kinshasa lance non seulement à Kigali, mais aussi à la Communauté internationale qui est appelée à emboîter les pas des autorités congolaises avec des sanctions contre le Rwanda. Il est donc temps que cessent les hostilités dans l’Est de la RDC et stopper cet afflux des déplacés de guerre qui vivent dans une situation humanitaire catastrophique.
RSK
