L’Udps entre en congrès extraordinaire ces vendredi 25 et samedi 26 août 2023. Objectif affiché : entériner la candidature de Félix Tshisekedi à la présidence de la République au scrutin du 20 décembre prochain.
Dans les réseaux sociaux circule déjà une info faisant état de la possibilité de voir Augustin Kabuya à la tête du parti en qualité de président national, poste demeuré vacant depuis l’investiture de Félix Tshisekedi au poste de Président de la République le 24 janvier 2019.
Si cette info est vraie, c’est quelque chose de gagné dans la normalisation du fonctionnement de l’Udps conformément à ses statuts.
Qu’on ne s’embarrasse pas de le déclarer : depuis le 24 janvier 2019, ce parti vit en violation flagrante de ses statuts.
Que ce soit sous la présidence intérimaire confiée de façon unilatérale à Jean-Marc Kabund ou sous la « présidence virtuelle » du secrétaire général Augustin Kabuya, tout a été faux, tout est faux.
Au sein comme en dehors du parti, des voix se sont levées pour fustiger cet état des choses. Elles ont attiré l’attention des Tshisekedistes sur les risques de voir les Cours et Tribunaux invalider les listes des candidatures Udps à tous les niveaux – à commencer par la présidentielle de la République – introduites auprès de la centrale électorale par des personnes n’en ayant pas qualité de le faire au regard des statuts.
Ces voix n’auront finalement pas crié dans le désert. Car elles sont en voie d’être entendues.
Ce qui n’empêche pas de chercher à savoir pourquoi, au lendemain de l’investiture de son président national au poste de président de la République, le parti n’a pas osé organiser en bonne et due forme son congrès pour s’appliquer l’article 27 de ses statuts, tant il est vrai que la Constitution rend incomparable la fonction de chef de parti avec celle de chef d’Etat !
Cet article dispose : «*En cas de décès, de démission, d’empêchement définitif du Président du Parti, le Président de la Convention Démocratique du Parti assume son intérim pour un délai ne dépassant pas 30 jours au cours desquels il est tenu de convoquer une session extraordinaire du Congrès en vue d’élire un nouveau Président du Parti ; élection à laquelle il ne peut faire acte de candidature».
On ne saura peut-être jamais pourquoi le parti passant pour défenseur attitré de l’Etat de droit s’est complu dans l’exception, une fois au pouvoir.
Il faut avouer que ce n’est pas une première dans l’histoire de l’Udps.
On se souviendra qu’après la mort d’Étienne Tshisekedi le 1er février 2017, le parti est resté sans président national pendant un an et deux mois. En effet, le congrès ayant porté Félix Tshisekedi à la succession avait organisé les 30 et 31 mars 2018.
Certes, on peut supposer qu’au sein du parti, certains sont dans la logique de ramener Félix Tshisekedi à la tête de l’Udps une fois à la fin de son mandat de président de la République.
Là, c’est une erreur que de croire Felix Tshisekedi, une fois au terme de son mandat de chef d’Etat, apte à redevenir chef de parti, et encore bon chef. Ce n’est ni facile, ni aisé.
Ses proches doivent alors l’apprendre (à leurs dépens) : l’homme a atteint un niveau d’autorité tel que pour préserver sa dignité, il ne devra plus agir en président national de l’Udps et commencer à débattre non pas qu’au sein de son parti, mais également avec ses collègues chefs des partis.
Avec les joutes oratoires qui caractérisent les débats politiques qu’il qualifiait à l’époque de « débats de caniveaux », il a tout intérêt, une fois sénateur à vie, à se mettre au-dessus de la mêlée.
Dans des pays de tradition démocratique comme en France, on n’a jamais vu un Président de la République sorti reprendre la gestion quotidienne du parti après l’Élysée.
D’ailleurs, si on n’est dans la logique du sénateur à vie privé de tout droit de postuler pour la présidentielle, il ne servira à rien de rester à la tête du parti sans aucune possibilité de revenir à la magistrature suprême.
Moralité : de un, l’Udps ne survivra qu’en rentrant dans ses statuts et son règlement intérieur.
De deux, avec sa première expérience de gouvernance institutionnelle, ce parti a suffisamment de matières pour adapter ses textes à la gestion de l’opposition et du pouvoir.
De trois, Augustin Kabuya peut être élu président national du parti, poste dont le mandat n’est soumis à aucun timing ! Mais, au moins, qui lui reconnaît en tant que «symbole de l’unité » notamment les compétences suivantes : «Il (elle) représente et engage le Parti conformément aux dispositions statutaires et réglementaires», «Il (elle) nomme, et le cas échéant, relève de leurs fonctions les membres de la Présidence», «Il (elle) s’investit et s’implique dans le processus électoral national conformément à l’article 10 des présents Statuts», «Il (elle) nomme les délégués du Parti à la structure électorale nationale et y transmet la liste des candidats investis par le Congrès ou la Convention Démocratique du Parti» et «Il (elle) négocie et signe les alliances politiques».
Au congrès extraordinaire qui se tient ces 25 et 25 août 2023, l’option pourrait être levée pour un congrès ordinaire à tenir dans les délais…statutaires !
Augustin Kabuya ” présidentiable national ” pour l’Udps ? Pourquoi pas si l’objectif reconnu par tout le monde, comme relevé ci-dessus, est de ramener l’Udps dans ses statuts, c’est-à-dire sa Constitution !
Omer Nsongo die Lema