Ainsi, il vient faire ce qu’aucun de ses prédécesseurs n’a osé : empêcher ses trois alliés de devenir président de la République avant 80 ans, et avec eux ses adversaires actuels dont Moïse Katumbi, Martin Fayulu, Denis Mukwege… Né en 1962, Bemba aura 80 ans en 2042. Né en 1959, Kamehre 83 ans. Né en 1956, Bahati aura 86 ans. Né en 1956, Fayulu aura également 86 ans. Né en 1957, Muzito aura 85 ans. Tandis que Katumbi, né en 1964, aura 78 ans pendant que lui-même Tshisekedi “sortant” en aura 81. Bref, le Chef de l’Etat en fonction va devoir convaincre chacun à ajouter 14 ans de patience (deux septennats) à partir de 2028. On ne sait pas trop si à l’Udps, il y a encore de têtes pensantes pour développer et croire dans un tel schéma. A moins que celui ne soit dicté par un agenda caché…
Affaire de realpolitik
Il n’est meilleur stratagème (pour nous) ou meilleure stratégie (pour les initiés) que d’inciter ces présidentiables à réagir à la manière de Jules César, auteur de la célèbre phrase : “J’aimerais mieux être le premier dans ce village que le second à Rome”.
Car ces 14 ans de plus, d’abord évoqués dans l’audio prêté au fédéral de l’Udps/Katanga – du reste jamais démenti par la hiérarchie du parti présidentiel – ensuite par une obscure ONG ayant instrumentalisé le drame des déplacés de guerre à l’Est pour obtenir les 100.000 signatures d’une pétition basée sur l’article 218 de la Constitution, sont quelque chose de trop.
C’est vrai que les présidentiables de l’Usn savent qu’ils n’ont pas tous la chance de s’installer au Palais de la Nation. Mais, au moins, sont-ils convaincus que dans les fameux 14 ans, il y a tout de même trois quinquennats. En jouant bien, un ou deux alliés peuvent y accéder.
Convaincus (lisez déçus) d’avoir en réalité servi de marchepied à Félix Tshisekedi, ils ont du mal à comprendre les pressions exercées sur eux pour se prononcer ici et maintenant sur cette question délicate pendant qu’aucune réunion de l’Union sacrée de la nation n’est encore convoquée à cet effet et, en plus, annoncée pour 2025 par Félix Tshisekedi à Kisangani le 23 octobre dernier, la commission ad hoc censée plancher sur la re-visitation de la Constitution n’est même pas encore mise en place. Pire, ces pressions arrivent de la part de l’Udps sans même que le parti présidentiel ne se soit réuni aux mêmes fins. D’ailleurs, il se révèle incapable de se déterminer officiellement entre la révision de la Constitution (dont les mécanismes y sont prévus) et le changement de la Constitution qui, par nature selon Pr Bob Kabamba, procède du coup d’État constitutionnel.
Les alliés majeurs de l’Usn sont conscients du fait que ce n’est ni une affaire de sous, ni une affaire de dignité. C’est une affaire de “realpolitik” !
Une autre dynamique pourrait s’installer au pays
En effet, il faut être un “nain” politique pour ne pas comprendre que Lamuka Genève de 2018 pourrait se reconstituer avec Bemba, Kamerhe, Katumbi, Fayulu et Muzito (re)mis sous pressions. Il n’est pas exclu non plus de voir les soit-disant “candidats de l’étranger” Moïse Katumbi et Denis Mukwege renforcer les rangs des mécontents.
Bien plus, 2028, c’est aussi l’échéance convenue avec Joseph Kabila. Pour mémoire, le deal passé entre Félix Tshisekedi et Vital Kamehre était d’un double quinquennat au sein de Cach : 2018-2023 ; 2023-2028.
C’est, du reste, pour cette raison que depuis la rupture de la coalition Fcc-Cach en 2020, Joseph Kabila a enjoint les siens à s’éloigner de la scène politique active. Ni comme Opposition dans le sens réel du terme, ni comme partenaire.
C’est pour dire qu’en 2028, une autre dynamique pourrait s’installer au pays ! Un véritable front contre lequel l’Udps va devoir se battre peut-être seul.
A-t-il assez de crâne pour tenir le front ?
Ironie du sort : un Tshisekedi est en train de réécrire l’Histoire à l’envers comme le fit un autre Tshisekedi !
S’il faut en croire leurs proches, Etienne Tshisekedi avait obtenu de Joseph Mobutu (le général alors démocrate) l’assurance de lui succéder à la magistrature suprême. Aussi, fit-il le sale boulot d’asseoir le pouvoir de son “ami” sans réaliser qu’un autre Mobutu se construisait au sein du Mpr avec particulièrement l’aide de la coterie. Celui qui deviendra le maréchal tenté par une présidence de la République à vie sous couvert du Mpr Parti-Etat.
Déçu, Étienne Tshisekedi usa de son devoir d’ingratitude, et on connaît la suite. C’est l’épée (qui lui tomba entre les mains) sous forme de Lettre des 13 Parlementaires du 1er novembre 1980.
“Chasser le naturel, le naturel revient au galop”, dit-on.
C’est maintenant Félix Tshisekedi chef d’Etat démocrate qui est soupçonné, lui, d’utiliser l’épée de la re-visitation de la Constitution pour renvoyer à 2042 la succession, laissant sur le territoire alliés et adversaires. Serait-il “victime” de l’emprise “coterique” ?
A-t-il assez de cran pour tenir le front ? Peut-être oui, peut-être non.
Le jeu n’en vaut pas la chandelle
Mais ce qui est sur, c’est que la re-visitation de la Loi Fondamentale pourrait ne concerner que deux articles : le 8 relatif à la nationalité (question de faciliter la réintégration des Congolais de l’étranger, entendez la Diaspora) et le 220 pour l’élection du Président de la République au second degré (comme en Afrique du Sud et en Angola avec possibilité d’un septennat à la place du quinquennat).
Déjà, il n’est pas évident que la nomination des gouverneurs des provinces obtienne l’adhésion populaire.
Les autres articles “querellés” ne sont que pour amuser la galerie.
Au regard de ce qui précède, on devrait se demander ce que gagnerait en réalité Félix Tshisekedi d’une bataille rangée à la fois contre ses alliés majeurs et contre ses adversaires (opposants ya nzala).
_”Le jeu n’en vaut pas la chandelle_”, dit le proverbe. A nous de renchérir : _”Ni d’ailleurs les enjeux_”, ce au regard de la fragilisation gratuite de l’unité nationale suscitée par une initiative pour le moins inopportune.
PROCHAINEMENT : _”‘Félix Tshisekedi aurait pu être le Mandela de la RDC… Hélas, c’est raté !_”
Omer Nsongo die Lema