Représentant permanent de la France au Conseil de sécurité de l’Onu, *Nicolas Rivière* – très timide le 9 mars 2023 au cours de la conférence de presse tenue à Kinshasa à l’issue de la séance de travail que la délégation onusienne venait d’avoir avec le Président Félix Tshisekedi – a soudain recouvré son habilité une fois à Goma, c’est-à-dire en fin de mission.
C’est de cette ville qu’il a lancé ses tweets comme des «rafales» de guerre.
Nous en retenons trois.
« _il faut une négociation politique, une solution sécuritaire…, n’attendez pas des Nations-Unies qu’elles règlent des choses de manière magique et de manière instantanée à la place des autorités congolaises_». Premier tweet.
« _les Nations-Unies ne peuvent pas tout faire, elles ne sont pas en charge de tout, les autorités de la RDC sont également en charge, les FARDC sont chez elles aussi. Donc c’est une responsabilité qui leur incombe_ ». *Deuxième tweet*.
*Troisième tweet*, véritable *prise de finition* pour reprendre un expression des catcheurs : « _Je voudrais juste rappeler que la Monusco est une opération de maintien de la paix, on le voit, les véhicules sont blancs, les soldats ont les casques bleus ou bérets bleus, ce n’est pas une opération de guerre, c’est une opération de maintien de la paix !_».
Ainsi, la délégation du Conseil de sécurité de l’Onu aura attendu l’étape de Goma pour clarifier sa mission :
– avec le premier tweet, le Gouvernement est comme enjoint à dialoguer avec les groupes armés et leurs « parrains ».
Qui sont les uns ? Et les autres ?
La réponse (nous) renvoie à Obasanjo, désigné facilitateur dans la crise Gouvernement-Cndp en 2008 ! Visiblement favorable à Laurent Nkunda sinon à Paul Kagame, l’ancien chef d’Etat nigérian disait à l’époque que « _pour danser le tango, il faut être à deux_» !
Dès lors qu’un dialogue se conçoit avec un ou plusieurs interlocuteurs, il est désormais question de l’identifier ou les identifier…
– avec le deuxième tweet, l’Onu déclare en quelque sorte forfait. Sa délégation (nous) signifie que « _les Nations-Unies ne peuvent pas tout faire, elles ne sont pas en charge de tout, les autorités de la RDC sont également en charge, les FARDC sont chez elles aussi. Donc c’est une responsabilité qui leur incombe_ ».
– le troisième tweet est, quant à lui, un appel à *démobilisation*. Autant aux Congolais qu’à la Monusco.
Aux Congolais de ne pas compter sur la Mission onusienne pour leur garantir la paix et la sécurité. A la Monusco elle-même d’arrêter son implication dans la guerre aux multiples implications.
Ainsi, là où le VPM Christophe Lutundula en charge des Affaires étrangères déclarait le 10 mars 2023 « _Si on veut avoir une Monusco qui travaille, qui est légitime aux yeux des congolais, il faut revoir, muscler son mandat et lui donner des moyens qu’il faut_ », Nicolas Rivière rétorque que la Mission onusienne est « _une opération de paix_ » et non « _une opération de guerre_ » !
Or, jusque-là, le reproche continuellement fait à la Mission onusienne (Monuc hier, Monusco aujourd’hui) est de ne pas s’engager effectivement et efficacement aux côtés des Fardc pour combattre les groupes armés. Pire, de ne même pas assumer son mandat de protection des populations civiles. Elle se sent plutôt à l’aise dans le monitoring des Droits de l’homme et dans l’observation… électorale.
Et voilà que Nicolas Rivière vient (nous) rappeler, 23 ans après le déploiement de la Mission onusienne, le mandat véritable de celle-ci !
Que faut-il en déduire ?
C’est comme si, s’inscrivant dans la logique du dialogue (avec les groupes armés et leurs « parrains »), la Monusco – qui est moins équipée militairement notamment par rapport au M23 et refuse de subir des nouvelles pertes en ressources humaines, matérielles et financières – a reçu consigne de ne plus s’engager dans quelque opération militaire *ultérieure* !
Une façon subtile de (nous) dire : dès lors que la Force régionale de l’Eac est opérationnelle, on ne peut pas avoir une force intercontinentale (Onu) et à ses côtés et aux côtés des Fardc (armée nationale).
Moralité : la délégation du Conseil de sécurité des Nations Unies a séjourné en RDC pour un message clair. Dire aux Congolais : « Prenez-vous en charge» !
La réponse responsable est : ” _Nous nous prenons désormais en charge…_”
Omer Nsongo die Lema