L’union sacrée de la nation, cette méga plateforme électorale puis devenue plateforme politique qui a porté Félix Tshisekedi au pouvoir pour son deuxième mandat est en train de traverser la zone de turbulence à cause de l’ouragan qui la secoue au lendemain de la publication de son ticket pour le bureau définitif de l’Assemblée nationale.
Des déclarations et des contestations fusent de partout pour dénoncer la dictature de cet organe de son présidium au sujet de la gestion des ambitions des membres et de la conduite de l’Union sacrée de la nation. Alors que l’on pensait que ces divergences seraient gérées à l’interne sous l’arbitrage de l’Autorité de référence qui est le président de la République, Félix Tshisekedi, malheureusement c’est à la place publique que les « linges sales » se lavent au sein de cette famille politique qui depuis lors était caractérisée par la discipline de ses sociétaires.
Les frustrations à l’interne , il y en avait , mais la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, c’est le ticket à présenter au scrutin du bureau définitif de l’Assemblée nationale prévu le samedi 18 mai prochain. En effet, sans se référer aux partis et regroupements politiques conformément à la charte qui la régit, le présidium de l’Union sacrée de la nation composé de Augustin Kabuya de l’UDPS, Modeste Bahati de AFDC-A, Vital Kamerhe de UNC, Christophe Mboso de CRD, Jean-Michel Sama Lukonde de ANB et Jean-Pierre Bemba du MLC, a plutôt imposé son ticket.
Si la candidature de Vital Kamerhe à la présidence du bureau définitif de la chambre basse du parlement et elle de Jean-Claude Tshilumbayi de l’UDPS n’ont pas été sujet à contestation, par contre les autres candidatures ont été rejetées par les sociétaires. Sur les 6 postes à pouvoir au bureau définitif, deux aires géographiques se tapent la part du lion. Il s’agit du grand Équateur qui s’offre deux candidats à savoir Jacques Djoli, élu de la Tshuapa, proposé Candidat rapporteur et Caroline Bemba, petite sœur biologique de Jean-Pierre Bemba, élu de Gemena, proposée candidate questeure adjointe.
Aussi, une province appartenant à l’aire géographique Grand Kivu, le Sud-Kivu, se voit aussi attribuée deux candidats. Il s’agit de Vital Kamerhe, élu de Walungu et proposé Candidat Président et Serge Bahati, fils de Modeste Bahati et élu de Kabare, proposé Candidat questeur de la chambre. Aussi, Christophe Mboso, membre du présidium, président du bureau provisoire et candidat malheureux aux primaires organisées, s’est tapé la candidature au poste de deuxième vice-président alors que politiquement, son regroupement politique ne pèse pas.
Quant aux autres provinces, elles ne sont pas représentées au bureau selon le ticket proposé par le présidium. D’où la contestation totale et l’on a crié à la prise en otage du chef de l’État par le présidium. D’autres sociétaires ont crié au népotisme, au favoritisme et au clientélisme qui le caractérise.
Aller au vote en ordre dispersé
Pour n’avoir pas été consulté et n’avoir pas vu leurs desiderata pris en compte au sujet du ticket de l’Union sacrée de la nation au bureau définitif de l’Assemblée nationale, les sociétaires ont décidé eux aussi de déposer leurs candidatures à tous les postes qui leur reviennent. C’est ainsi que hormis le poste de président, tous les autres postes ont plus d’un candidat.
Par exemple, Ngoy Kasanji a déposé sa candidature au poste de 1er vice-président en concurrence de la candidature de Jean-Claude Tshilumbayi de l’UDPS. Dhédhé Mopasa du regroupement politique de Fifi Masuka, A24 sera candidat questeur où le présidium a placé Serge Bahati. Jacques Djoli candidat rapporteur sera en lice avec plusieurs candidats dont Willy Mishiki. Quant à Christophe Mboso, il sera aux prises avec Antipas Mbusa Nyamuisi,etc .. pour ne citer que ceux-là.
Les députés « frondeurs » promettent de faire échec et barrer la route au ticket imposé par le présidium lors de scrutin. « Nous allons leur démontrer que c’est nous qui détenons le vrai pouvoir au sein de l’Union sacrée de la nation. Il sera question d’un véritable vote sanction contre le présidium qui veut nous prendre comme des garçons de course », a lâché un député national.
Pétition contre le présidium de l’Union sacrée
Constitué de 233 membres dits nationalistes, un groupe des députés nationaux a initié une pétition contre le présidium de l’Union sacrée de la nation. A en croire le député national , Willy Mishiki, il est reproché au présidium l’échec dans la gestion de la famille politique du chef de l’État. D’où il exige sa démission immédiate et sans condition pour avoir violé intentionnellement les articles 30, 31 et 32 de la charte de l’Union sacrée de la nation.
« C’est le congrès composé des présidents des regroupements politiques et partis politiques qui sont appelés à statuer sur les matières importantes sous la direction de la haute autorité. Aucun élu n’a été élu sur la liste de l’Union sacrée. Toute candidature qui serait présentée sous le label de l’Union sacrée sera écartée d’autant plus qu’elle a violé la loi électorale ainsi que le règlement intérieur de l’Assemblée nationale. Il est inadmissible qu’une province en guerre comme le Nord-Kivu qui a presque 9% des élus nationaux, ne puisse pas faire partie du bureau définitif de l’Assemblée nationale », a fustigé l’élu de Walikale.
D’autres députés nationaux appellent Christophe Mboso à se déporter de son poste de président du bureau provisoire d’autant plus qu’il est lui-même organisateur de l’élection et candidat à ce scrutin. Il ne peut pas être juge et partie au même moment. Il doit se faire remplacer par le député le plus âgé après Christophe Mboso pour organiser en toute transparence ce scrutin.
Gare à l’implosion de l’Union sacrée de la nation
Censée incarner le renouveau politique, la cohésion nationale selon le vœu de son initiateur, le Président de la République, Félix Tshisekedi, l’Union sacrée de la nation est ainsi mise à rude épreuve et à la croisée de chemin. Les aspirations et les espoirs suscités au lendemain de sa mise en place dans le chef de la population, ont cédéé place à une oligarchie. A voir toutes les contestations suscitées au lendemain de la publication du ticket de l’Union sacrée de la nation au bureau de l’Assemblée nationale, plus d’un observateur averti voit déjà le décor de la rupture planté et on tend vers une rébellion en son sein.
L’Autorité de référence de l’Union sacrée de la nation doit ouvrir l’œil et le bon en battant le rappel des troupes pour calmer les ardeurs des uns et des autres. Il doit se mettre au-dessus de la mêlée. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, ce qui se passe à l’Assemblée nationale doit servir des leçons au Sénat qui doit aussi dans les jours à venir mettre en place son bureau définitif. Déjà il faut que les sociétaires de “l’Union sacrée s’y penchent pour ne pas revivre le même scénario. Car, Gouverner, c’est prévoir”, dit-on.
RSK