Le dimanche 12 Novembre 2023, deux trafiquants, non autrement identifiés, prétendant venir du Kasaï, ont agressé deux conducteurs des motos-taxi à qui ils avaient sollicité le service pour atteindre Malemba Nkulu. Le triste évènement a conduit à la mort l’un des conducteurs et blessé grièvement l’autre. Les agresseurs ont emporté les deux motos. De cet évènement s’est suivi des actes de vengeance. En représailles, les collègues motards, de la victime s’en sont pris aux membres de la communauté du Kasaienne vivant à Malemba Nkulu ce qui, a degénéré des tensions latente à quelques jours des élections, entre la communauté Katangaise et celle du Kasaï , qui declencha un conflit à caractère tribal, un véritable chasse aux kasaiens. La société civile craint que la tension monte d’un cran entre les deux communautés à l’approche des élections, et que Malemba Nkulu se verse dangereusementbdans le schéma de l’ethnicité.
Une vidéo devenue virale sur internet montrant plusieurs hommes avec armes blanches en train de torturer et tuer d’autres qui seraient de la tribu « lubas » continue d’indigner plus d’un internaute. Ces violences ont déjà fait des morts et suscitent l’indignation. Mais pour tirer au clair l’incident, sans passion ni précipitation, le Vice-Premier ministre et ministre de l’Intérieur Peter Kazadi a appelé la population au calme leur assurant que le gouvernement va initier une enquête pour savoir le pourquoi de cet incident malheureux.
« La situation sécuritaire à Malemba Nkulu est sous contrôle. Les forces de sécurité ont restauré l’ordre public perturbé par des inciviques. L’enquête judiciaire est ouverte et des auteurs des crimes activement recherchés », peut-on lire via son compte X.
Tshisekedi et Katumbi appellent à préserver le vivre ensemble
Devant les évènements malheureux dans cette ville du Grand-Katanga, Félix –Antoine Tshisekedi et Moise Katumbi, deux candidats à la présidentielle de 2023, originaires des deux communautés impliquées dans le conflit, ont chacun réagit promptement pour appeller Kasaïens et Katangais à préserver le vivre ensemble collectif. Dans son adresse à la Nation devant les Chambres du Parlement réunies en congrès ce mardi 14 novembre, le Chef de l’Etat Félix Tshisekedi a appelé les autorités provinciales du Haut-Lomami à prendre des mesures devant conduire à la désescalade des conflits communautaires dans la région.
Quant à l’ex- Gouverneur du Grand Katanga, Moïse Katumbi, candidat à la présidentielle de décembre prochain, il a réagi face à ces atrocités rappelant la sacralité de la vie humaine. « Toute vie humaine est sacrée. Je suis révolté par les évènements qui se déroulent à Malemba Nkulu. Ces images d’horreurs sont insoutenables. Faute de maintenir l’autorité de l’Etat, les pouvoirs publics doivent assumer leur pleine et entière responsabilité dans cette tragédie qui endeuille la nation », a écrit Moïse Katumbi sur son compte. L’ancien gouverneur de l’ex-province du Katanga a rappelé la nécessité de sauvegarder le vivre ensemble.
« Il est important de sauvegarder notre vivre ensemble. Les blessés doivent être soignés et les victimes secourues. Les responsables doivent être identifiés, poursuivis et sanctionnés de la manière la plus exemplaire », a-t-il ajouté.
Toutefois, dans les réseaux sociaux, chacun y va de son interprétation. On notera par exemple des images d’un présumé chef de bande qui serait à la tête d’un réseau des malfaiteurs qui serait à la base du meurtre de ce motards. Il s’agirait du général autoproclamé Kapapa présenté comme étant un coupeur de route et kidnapeur qui vivait dans le Haut Plateau d’Uvira au Sud-Kivu. Il serait très actif dans la plainte du Ruzizi, et venait fraichement d’enlever deux agents de l’OCC la semaine passée. Ce malfrat est tombé entre les mains des autorités et arrêté le vendredi 11 Novembre à la frontière de Kavimvira.
Dans ce cas, le meurtre du motard, qui serait le déclencheur des évènements malheureux à Malemba Nkulu dans le Haut-Lomami, est l’œuvre de ce général autoproclamé. Si tel est le cas, l’on serait donc en face d’un cas de manipulation politique comme cela fut le cas avec les évènements survenus à Kinza Mvuete au mois de juillet 2020 quand Max Senga et Percé Ntumba, deux frères jumeaux originaires du Kasai ont été enterrés après avoir été brûlés vifs par un groupe des wewas (motards) et dont les restes des corps ont été exhumés le vendredi 28 août 2020 aux petites heures du matin à Kinzau-Mvuete, territoire de Seke-Banza à 60 kilomètres à l’Ouest de Matadi pour une inhumation définitive à Kinshasa.
Bien que le forfait ait subi de la récupération politique pour être présenté comme un conflit communautaire, Kasai-Kongo Central, le Procureur et la famille des victimes n’avait pas adhéré à cette thèse, précisant qu’il s’agissait plutôt d’un acte de banditisme urbain d’un réseau des ‘criminels à motos’ très bien connus dans la région de Kinzamvuete majoritaire de même communauté sociologique que les victimes ! Il ne s’agissait donc pas d’un conflit inter ethnique.
Il faut laisser la justice poursuivre son cours sans vite se verser dans le schéma de l’ethnicité.
Willy Makumi Motosia