Corriger les erreurs du passé …

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Telle est l’une des phrases emblématiques du discours du 20 janvier 2024, prononcé par le Président de République, lors de son investiture pour un nouveau quinquennat à la tête de la RDC.

Indéniablement, cet énoncé a suscité le plus d’espoirs, mais également le plus d’interrogations dans l’opinion publique. Le Président élu parlait-il des erreurs du passé en général, telles que commises pendant les six dernières décennies ou évoquait-il seulement les quelques manquements du dernier quinquennat (2018 – 2023) ?

Chacun avait saisi cette contrition selon sa perception des réalités nationales.  Les faits nous répondront au fur et à mesure du passage du temps.  Et, nous voilà déjà devant une réponse qui, à mon sens, vaut son pesant d’or.  Ne dit-on pas « ce qui commence bien, fini bien » ?

Permettons-nous d’espérer ! De quoi s’agit-il ?

La nouvelle préalablement reçue, mais que l’Inspecteur général des finances, Monsieur Jules Alingete, vient de nous expliciter ne constitue-t-elle pas déjà la correction d’une grosse bourde sur laquelle il fallait revenir ?  En effet, là où la République ne percevait que des miettes, nous avons maintenant la prévision d’en tirer un peu plus. Comme sus-évoqué, il ne s’agit encore que d’un espoir.

Rappelons que dans le cadre du contrat chinois (Minerais contre infrastructures), en quinze (15) ans, nous n’avons obtenu qu’environ 800 millions USD. Désormais, après renégociations, nous attendons tirer plus de 300 millions USD par année, avec un premier versement d’environ 600 millions USD. Si mes années d’HEC/Lausanne avaient servi à quelque chose, je devrais savoir que, toutes choses restant égales par ailleurs, la correction arithmétique sur ce seul point devrait se chiffrer à  (300 millions USD multiplié par 15  ans, ce qui  donne 4 milliards 500 millions USD par rapport aux  800 millions reçus). Quelle frappante et conséquente correction ? Il n’y a donc pas match ! Dirait mon neveu.  Comment ne pas constater la qualité de bon négociateur du compatriote Alingete ? Cette performance permet à Fatshi, le béton national, d’inscrire en lettres d’or une première correction. Il faut souligner que ladite correction  s’inscrit non seulement dans le cadre de son quinquennat précédent, mais dans l’ensemble de notre histoire contemporaine.  Pour reprendre une phrase déjà usitée, laissez-moi répéter que « cette fois, nous saurons à quoi servent nos minerais ».

C’est justement à propos de cette sentence déjà proclamée, il y a quinze (15) ans que nous devrions nous montrer modestes, prudents, circonspects.

Tirons les leçons du passé. Il ne suffit pas d’accueillir des promesses, même d’encaisser des milliards, de se réjouir pour que les infrastructures se concrétisent et ensuite s’utilisent et produisent les résultats escomptés. Nous avions attendu des routes, chemins de fer, ponts, aéroports mais nous n’avions vu que très peu, après de longues années. Pourquoi ? Il n’y a certes pas une seule et unique raison, mais nos partenaires nous reprochent notamment de ne pas avoir été capables de leur présenter des plans sérieux des infrastructures qu’ils devaient réaliser en échange de nos mines. N’est-ce pas le manque de préparation qui explique notre faiblesse ?

Sommes-nous mieux préparés aujourd’hui ? L’inspecteur Alingente nous ramène un bon pactole, mais qu’allons-nous  en faire ?

Ne faisons pas comme d’habitude, ne blâmons pas ceux qui posent des questions, fussent-elles gênantes. Ensemble, cherchons méthodiquement, patiemment des réponses adéquates. Évitons les   précipitations. Eloignons-nous de «  l’euphorie du gagnant à la loterie qui dilapide tout en quelques mois ».

Corriger les erreurs du passé veut aussi dire ne pas répéter les approximations des sauts de moutons et autres maisons préfabriquées à des millions de dollars.

Sept milliards ne développeront pas la RDC, si nous ne mettons pas à contribution nos cerveaux et notamment notre capacité de préparation. Cette fois-ci, prenons le temps de mettre en place une équipe de conception et de suivi compétente, de fixer des objectifs aptes à avoir des effets d’entraînement sur l’ensemble de notre projet de développement, de proposer une planification réfléchie, rigoureuse, cohérente pour une utilisation rationnelle de ce résultat admirable.

Les milliards chinois ne nous aideront en rien, tant que nous considérerons l’Administration Publique comme le lieu où caser nos cousins et amis pour leur assurer des salaires à vie ; tant que nous embrasserons des projets non étudiés profondément …

Le pactole à recevoir peut nous servir à véritablement prendre un nouvel élan, pourvu que nous ayons en tête que tout se tient, tout s’influence. Ces milliards ne serviront à rien tant que nous serons  sous l’emprise de la culture des plaisirs immédiats,  des générosités  inconsidérées, d’une justice au secours des voleurs et détourneurs des fonds publics, d’entretien de l’instabilité judiciaire et autres approximations.

L’heure a sonné, de faire ce travail idéologique de changement des mentalités et de révolution culturelle. Je dirais de remise en cause de ce que nous avons été et sommes encore à certains égards.

Ne gérons pas ce pactole selon nos critères habituels. Mettons en place un mode de gestion plus rigoureux,  basé sur l’ordre, la prévision, la planification, la prudence et le contrôle.

Merci.

Jean-Pierre Kambila Kankwende

 

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