Dossier Godé Mpoyi: Les députés provinciaux ont tout faux

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Les députés provinciaux, de manière peu hasardeuse accusent Godé Mpoyi de tirer la fibre politico-tribale. De même, il est dangereux d’exposer les institutions en mettant en avant les appartenances tribales des acteurs. Quel intérêt ont-ils de mettre en évidence les appartenances tribales des acteurs tant du pouvoir exécutif que du pouvoir judicaire ? Ont-ils l’intention de saper les efforts du Chef de l’Etat, Félix-Antoine Tshisekedi qui combat ces pratiques et qui est aussi membre d’une certaine tribu et d’une famille politique bien identifiée ? Les députés provinciaux de Kinshasa sont-ils prêts à assumer les conséquences en cas de dérapage du fait d’une telle déclaration ? Sinon, si eux qui sont du pouvoir législatif, estiment avoir correctement fait leur travail, il sied qu’ils laissent aussi à un autre pouvoir le droit de procéder au contrôle de l’œuvre des députés provinciaux. Il s’agit là d’une manœuvre démocratique constitutionnellement organisée.

A travers une déclaration à la presse le jeudi 20 juillet 2023, les députés provinciaux de Kinshasa ont dénoncé ce qu’ils qualifient de manœuvre politico-tribal activée par Godé Mpoyi (Président déchu de l’Assemblée provinciale) pour qu’il soit enfin réhabilité par une décision judiciaire.

Rappelons que depuis son éviction de l’Assemblée provinciale de Kinshasa, l’ancien speaker de l’Assemblée provinciale a effectivement introduit deux recours judicaires, tant devant la Cour d’Appel de Kinshasa que devant la Cour Constitutionnelle. Si la Cour d’Appel a donné raison à Godé Mpoyi, il reste à la Cour Constitutionnelle de se prononcer aussi sur la question.

Qu’à cela ne tienne, il est étonnant de constater que les députés provinciaux ignorent superbement qu’une personne victime d’une décision qu’elle estime injuste à ses yeux, a le droit de former un recours devant une autre instance, même judicaire, pour faire valoir ses prétentions. Devrions-nous rappeler à ces députés que le droit au recours est un droit constitutionnellement garanti ?

En faisant une telle déclaration et en mettant en avant le pouvoir judiciaire, avec un ton qui s’apparente à une incrimination dudit pouvoir sur l’éventualité de la réhabilitation du président déchu de l’Assemblée provinciale, est-ce un chantage ou une intimidation contre le troisième pourvoir constitué de la République ?

De quoi se reprochent les députés provinciaux ?

Selon la Constitution de la République, le pouvoir judiciaire est indépendant et ne peut recevoir d’injonctions ni du pouvoir législatif, ni du pouvoir exécutif. En d’autres termes, le pouvoir judicaire est exempt de toute influence qui peut même s’exprimer au travers une déclaration politique aux allures de pression psychologique. D’où alors provient l’idée de faire une déclaration politique avec une forte dose de chantage contre le pouvoir judiciaire ? En effet, dans leur déclaration, les députés provinciaux semblent mettre en avant le fait que réhabiliter Godé Mpoyi aurait des conséquences néfastes.

A quelles conséquences néfastes ont-ils voulu faire allusion au moment où la justice est déjà saisie, n’est-ce pas là un chantage sans précédent et une menace à peine voilée contre le pouvoir judiciaire ? Si eux, qui sont du pouvoir législatif, estiment avoir correctement fait leur travail, il sied qu’ils laissent aussi à un autre pouvoir le droit de procéder au contrôle de l’œuvre des députés provinciaux. Il s’agit là d’une manœuvre démocratique constitutionnellement organisée.

Faut-il encore rappeler aux honorables députés provinciaux que dans une démocratie moderne, tous les actes du pouvoir tant exécutif que législatif sont censés passer par le filtre de contrôle de validité, à la lumière de la Constitution qui limite les pouvoirs des dirigeants, consacre la séparation des pouvoirs et reconnait les droits et libertés publiques aux citoyens ?

Enfin, les députés provinciaux de manière peu hasardeuse, accusent Godé Mpoyi de tirer la fibre politico-tribale. Ce qui est très grave. Ont-ils l’intention d’opposer les tribus dans la ville de Kinshasa? A quelle tribu font-ils allusion? Veulent-ils opposer les forces politiques à l’approche des élections? A quelle force politique pensent-ils? Dans tous les cas, à la veille des élections dans notre pays, nous connaissons ce que les messages de haine peuvent avoir comme conséquence dans l’opinion, surtout s’il provient des acteurs politiques, de surcroit des institutions.

Kinshasa étant une ville cosmopolite, il est très dangereux de faire des déclarations incendiaires aux conséquences incalculables pour une ville avec une forte concentration de la population. De même, il est dangereux d’exposer les institutions en mettant en avant les appartenances tribales de ses acteurs. Quel intérêt ont-ils de mettre en évidence les appartenances tribales des acteurs tant du pouvoir exécutif que du pouvoir judicaire ? Ont-ils l’intention de saper les efforts du Chef de l’Etat, Félix Antoine Tshisekedi qui combat de telles pratiques et qui est aussi membre d’une certaine tribu et d’une famille politique bien identifiée ? Les députés provinciaux de Kinshasa sont-ils prêts à assumer les conséquences en cas de dérapage du fait d’une telle déclaration ?

S’ils estiment avoir agi en âme et conscience pour déchoir le président Godé Mpoyi, pourquoi ne pas rester tranquilles et attendre l’issue des procédures judiciaires? Se reprochent-ils de quelque chose? Ont-ils des comptes à rendre à quelqu’un au point de faire des déclarations politiques? Est-ce le travail d’un député de faire une déclaration politique aux apparences d’une attaque ciblée, après avoir agi dans les limites de son pouvoir ?

Autant de questions qui laissent voir que les députés provinciaux de la Ville de Kinshasa sont en train de se plaindre et de perdre tout contrôle du sens du travail parlementaire. S’accusent-ils eux-mêmes auprès de l’opinion?

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