La dernière livraison a pour titre ” Au pays des patriotes, on revendique maintenant les rapports électoraux des missions étrangères ! ” et pour sous-titre ” Les Missions d’Observation Électorale sont défiées par un nouveau métier : électorat reporter photo-vidéo…”.
A l’analyse des rapports des MOE étrangères et internationales officiellement invitées par la Céni sous la couverture du Gouvernement congolais, la partie essentiellement retenue est celle des félicitations. Les ratages, pourtant retentissants, sont relativisés. C’est tout à fait normal.
Conséquence : est minimisée, sinon banalisée, la partie ” faits à déplorer ” rapportés par l’électorat témoin oculaire des dérapages.
C’est de bonne guerre, dirait l’autre…
Sur le terrain, toutefois, c’est l’angoisse. Les Congolais, qualifiés d'” étrangers ” dès lors qu’ils ne s’alignent pas sur la position de la Céni (à ne pas confondre à celle du Gouvernement, svp !), vivent la peur au ventre, ce au regard d’une lame de fond diffuse susceptible de tout emporter. Une sorte de tsunami survenue en Indonésie en 2004 à cette même période des fêtes de fin d’année.
Bien sûr, au moment où la publication des résultats partiels a démarré, plus rien ne va arrêter le train jusqu’à la proclamation des résultats provisoires au plus tard la fin de l’année, en attendant la proclamation, par la Cour constitutionnelle, des résultats définitifs dix jours avant l’investiture.
Il va alors falloir tenir le coup.
La seule possibilité d’y parvenir, c’est soit la flexibilité, soit la rigidité.
Il y a lieu, d’emblée, de l’admettre : la classe politique sort sérieusement divisée des suites du vote du 21 au 2 (?) à cause du chaos dans lequel il s’est déroulé.
Que cette pagaille ait été planifiée ou non, les conséquences sont déjà terribles au sein de l’Union sacrée de la nation (USN), surtout au niveau de la députation nationale.
En effet, certains candidats soupçonnent leurs compagons d’avoir obtenu frauduleusement des kits pour s’imprimer des bulletins et bourrer les urnes. La rumeur qui attribue ces kits à l’équipe Naanga ne dit rien des bulletins. S’il s’avère que les députés concernés ont procédé eux-mêmes à cette impression ou ont été servis de façon frauduleuse, c’est que le bourrage doit être énorme. L’aventure ” Être du bon côté de l’histoire ” va s’arrêter pour les non-initiés.
Passons.
La division, c’est aussi au niveau des protagonistes de la présidentielle. Avant le vote, il s’est constaté une unité parfaite côté USN, et une division réelle côté Opposition.
Aujourd’hui, l’Opposition se reconstitue. Elle annonce pour ce mercredi 27 décembre 2023 le début des actions de rue. Pour cela, ne devant ni ne pouvant réinventer la roue, elle empruntera de l’ex-Opposition (Udps) ses méthodes de lutte.
Et l’ex-Opposition se sait interdite d’utiliser les méthodes du régime passé pour gérer les marches les sit-in, les grèves etc.
Si l’Occident ne change pas les principes établis – dont celui d’engager la responsabilité de l’Etat détenteur des instruments du Pouvoir que sont l’appareil sécuritaire (armée, police et renseignements) et l’appareil judiciaires) – c’est au régime Tshisekedi de savoir s’assumer !
Va-t-il, pour ce faire, rétablir l’ordre dans le respect des normes, notamment les Droits de l’homme ? Ou, plutôt, faire ce qu’il reprochait autrefois aux régimes Mobutu, Laurent-Désiré Kabila et Joseph Kabila, c’est-à-dire déployer les forces de l’ordre et de défense pour réprimer les manifestations publiques ?
Peut-être pour la dissuasion, le déploiement des militaires dans la ville de Lubumbashi tel que signalé dans les réseaux sociaux depuis le dimanche 24 décembre 2023 est pour rassurer l’opinion.
Dans cette éventualité, il pourrait se passer ce qui se passerait : même “reconnue” par les MOE étrangères et internationales, la légitime obtenue des urnes dans la contestation en cours pourrait se liquider en cas de répression disproportionnée des manifestations publiques, voire de simple refus d’autoriser l’organisation de celles-ci ou leur dédoublement. Les mêmes méthodes (lisez causes) produisent les mêmes effets.
L’Occident – dont on se rapproche quand il s’agit de faire agréer le vote mais qu’on accuse d’ingérence dans les affaires internes (comme si les élections ne l’étaient pas) – sait que chaque crise institutionnelle en RDC rapproche ce pays des objectifs visés. Au nombre desquels, hélas !, la balkanisation.
Lumumba l’avait dit, Mobutu l’avait redit, les Kabila ont renchéri et Tshisekedi n’en pense pas moins. D’où, d’ailleurs, sa théorie de ” candidats de l’étranger”.
Là, on est de plain-pied dans la fameuse stratégie du chaos !
La manière dont le vote est encore en train de se dérouler semble effectivement s’insérer dans cette stratégie.
Rien n’explique, par exemple, que la Céni ait attendu le 4ème jour du vote pour reconnaître les incidents ayant entaché les élections et se mette à menacer de saisir la justice ! Elle devait le faire le premier jour.
Certes, le chaos est en train d’être justifié par le timing.
Dans une chronique récente, il est démontré que cet argument ne tient pas la route. Du fait de son expertise, Denis Kadima n’avait pas à accepter de conduire un processus électoral qu’il savait au départ en manque de temps, de moyens et de consensus. S’il a pris les choses en mains, c’est qu’il doit assumer entièrement la responsabilité de la réussite ou de l’échec et non accuser les ” étrangers ” d’avoir exercé des pressions sur lui. Celles-ci ne sont rien par rapport aux pressions de l’Udps sur les prédécesseurs de Denis Kadima en 2004-2005-2006, de même qu’en 2011, 2016 et 2018.
Ceux des membres de l’AMP, de la MP et du FCC passés à l’USN – où ils sont devenus Tshisekedistes que Tshisekedi savent comment ils suaient à l’annonce de chaque manif signée Udps.
Si alors Denis Kadima estime avoir réussi son mandat, c’est son droit. S’il estime le contraire, c’est aussi son droit. Pas besoin d’être kimbanguiste (au fait, on n’aimerait bien le voir en image sanglé dans son uniforme vert et blanc) pour se souvenir qu’on ne juge l’arbre que par son fruit.
Le sien de fruit s’apprécie par le contexte malsain que le Congo est en train de connaître. Tenez !
Par le Kivu, le Congo n’a jamais été aussi proche de la guerre avec le Rwanda que maintenant ; ce qui consacre l’échec du Processus de Luanda avec la médiation Joao Lourenço. Déjà, le Processus de Nairobi avec facilitation Uhuru Kenyatta pour les groupes armés nationaux est en voie de liquidation. L’Eac est partie, la Monusco est en voie de s’en aller. La Sadc n’est pas encore là.
Par le Katanga, on a comme impression qu’une main noire est en train de ressusciter la sécession du 11 juillet 1960.
Par le Kasaï, une autre main noire semble déterminée à ressusciter la sécession d’août 1960.
C’est à croire qu’en quête de leur devenir sinon de leur avenir, les autres provinces se mettent en observation quand elles ne poussent pas Katangais et Kasaïens à franchir le Rubicon.
Vraisemblablement, Félix Tshisekedi – qui exerce la fonction présidentielle jusqu’à l’investiture de son successeur (il pourrait l’être à l’issue de la proclamation des résultats provisoires) – a fait le choix de gagner d’abord avant d’envisager quoi que ce soit…
Puisse-t-il tenir bon, dès lors que les MOE lui sont favorables selon les aspects positifs publiés.
Mais, qu’on ne l’oublie pas : ces MOE ressemblent à une procession mortuaire à la sortie de l’église ou à l’entrée du cimetière !
N’engageant nullement leurs gouvernements respectifs qui leur assurent directement ou indirectement financement et visibilité, elles obéissent à la logique de redessiner le monde là où c’est nécessaire.
Les gouvernements qui les ” sous-traitent ” ont mis cinq ans à bouder le régime Félix Tshisekedi issu, à les croire, d’un processus électoral piégé par Joseph Kabila.
Ce même Félix Tshisekedi est en train de se faire piégé en étant issu des élections qualifiées de chaotiques. Comment si on voulait prolonger l’indifférence.
La 25ème commune de Kinshasa qui est à la fois la 27ème province du pays, alias République de la GOMBE. Se regarde dans le nombril. Elle se croit en sécurité via le quartier des ambassadeurs occidentaux !
Elle n’a même pas conscience du fait que les félicitations qu’elle reçoit des MOE à propos de l’organisation du vote du 20 décembre 2023 peuvent ressembler au dernier repas des condamnés dans le couloir de la mort.
Que l’exécution se fasse par pendaison, par électrocution ou par injection, le bourreau fait sa sale besogne calmement, froidement, consciemment, consciencieusement et, parfois, en souriant !
Il a été programmé pour ça.
Puisse la Nativité nous épargner des actes qu’on prend sous les effets combinés des Trois C (Caviar, Champagne, Cigare) alors qu’on est en pleine saison des ouragans…
Omer Nsongo die Lema