Emerse Fae (Côte d’Ivoire ) : “Le tenant du titre a toujours une pression supplémentaire”

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La Coupe d’Afrique des Nations CAF TotalEnergies, Maroc 2025, pourrait-elle marquer un nouveau chapitre du conte de Faé ? À un an du coup d’envoi de cette prestigieuse compétition,prévue du 21 décembre 2025 au 18 janvier 2026, la tension monte déjà, et les attentes sont énormes pour Emerse Faé et sa sélection, détentrice du titre continental.

Le sélectionneur des Éléphants ne cache pas ses ambitions pour cette édition marocaine, conscient des défis qui l’attendent. L’objectif est clair : défendre avec honneur le trophée acquis lors de la dernière CAN et prouver que la Côte d’Ivoire reste une puissance incontournable du football africain.

Cette nouvelle aventure s’annonce pleine de promesses, mais également d’obstacles, face à des équipes africaines toujours plus compétitives. Les Éléphants devront se montrer à la hauteur de leur statut de champions en titre et répondre aux attentes d’un peuple qui rêve d’un doublé historique.

Récemment couronné Meilleur Entraîneur de Football Masculin lors des CAF Awards 2024, le tacticien s’est confié en exclusivité à CAFonline, partageant ses ambitions et ses plans à seulement 12 mois du début de cette nouvelle aventure.

CAFonline.com : Alors, comment vous vous préparez en tant que sélectionneur de la Côte d’Ivoire à aborder une compétition d’une telle envergure dans le calendrier du football africain ?

Emerse Faé : Nous sommes à un an de la compétition, et nous n’avons pas encore les groupes ni la ville où nous serons établis. Pour l’instant, c’est un peu dans un coin de la tête. Nous attendons vraiment de disposer de toutes ces informations pour pouvoir commencer à planifier. Dès que nous serons fixés, nous chercherons le meilleur site pour l’hébergement et le terrain d’entraînement, en nous assurant que la distance entre les deux ne soit pas trop grande.

Le tirage au sort, prévu pour le 27 janvier, nous fournira des indications plus précises. Au fur et à mesure que la compétition approche, le groupe de sélectionnés se réduira également.

Aborder cette compétition, la Coupe d’Afrique des Nations CAF TotalEnergies 2025, en tant que tenant du titre, ne vous met-il pas une pression supplémentaire ?

Oui, c’est sûr. Mais, franchement, même sans être tenant du titre, la pression est toujours présente. Elle existe parce que nous restons l’un des pays forts du football africain, et les attentes des supporters ivoiriens sont très élevées. Peu importe notre statut, l’objectif reste toujours de remporter la compétition. Être tenant du titre ajoute une pression supplémentaire, mais au final, cela ne change rien pour nous. Cela n’affecte ni notre préparation ni notre vision du tournoi, car nous sommes déjà très exigeants avec nous-mêmes. Même sans ce titre, nous serions arrivés avec les mêmes ambitions et la même pression.

Quels seront les principaux objectifs pour la Côte d’Ivoire lors de cette CAN 2025 et comment envisagez-vous de les atteindre ?

Cette CAN sera très difficile. Compte tenu de la compétitivité de la compétition, il faut vraiment que nous ayons un groupe capable de jouer dans plusieurs systèmes différents. Il est important que même si nous changeons toute l’équipe d’un match à l’autre, nous restions très compétitifs et que nous fassions peur à nos adversaires.

Quelle leçon avez-vous tirée lors de la précédente CAN pour guider vos choix tactiques et stratégiques en 2025 ?

Je dirais que la leçon principale, c’est l’état d’esprit. Après notre défaite contre la Guinée équatoriale, on s’est mis en mode commando, un terme souvent utilisé par le Président de la Fédération Ivoirienne de Football, Yacine Idriss Diallo. Cette défaite, inattendue, nous a appris que dans cette compétition, il faut être à 150 % pour ne pas risquer une élimination. Cela nous a obligés à nous ressouder, à travailler plus collectivement, et avec la qualité de nos joueurs, cela a porté ses fruits. Nous avons redressé la barre grâce à cette solidarité retrouvée.

La CAN 2025 se déroulera au Maroc. Est-ce que vous pensez que l’organisation de cette compétition influencera votre style de jeu ou les performances de votre équipe ?

Cela n’influencera pas notre style de jeu. Nous avons notre propre philosophie et notre propre façon de jouer, peu importe l’endroit où nous nous trouvons. Notre style restera le même. En revanche, l’environnement, c’est-à-dire l’ambiance et les conditions de jeu, sera différent. À domicile, le soutien du public nous a poussés dans des moments difficiles, comme contre le Sénégal ou le Mali. Au Maroc, je sais qu’il y a une grande communauté ivoirienne, notamment à Casablanca, et nous espérons pouvoir jouer dans cette ville. Ce soutien sera précieux pour nous.

Cette année, il y aura aussi le CHAN. Beaucoup de joueurs talentueux en Côte d’Ivoire pourraient prétendre à une place avec les A. Comment comptez-vous les intégrer à votre sélection ?

Notre projet est simple : si tu es Ivoirien, tu es Ivoirien. Nous ne faisons pas de distinction entre ceux qui jouent à l’étranger et ceux qui jouent au pays, que ce soit dans d’autres pays africains, européens ou asiatiques. Nous avons une liste de joueurs qui, selon nous, ont le potentiel de représenter la Côte d’Ivoire, et nous faisons nos choix en fonction de la façon dont nous voulons jouer. Peu importe où ils évoluent, ce qui compte, c’est la qualité des joueurs et leur capacité à s’intégrer dans le collectif.

En outre, nous avons un sélectionneur du CHAN, Romaric N’dri, qui connaît très bien le pays et les exigences du haut niveau. Il jouera un rôle clé dans la relation entre les joueurs locaux et ceux expatriés, en veillant à ce qu’ils soient tous sur la même longueur d’onde.

Quelle importance accordez-vous à la préparation mentale ?

Une importance capitale. Avec l’ère des réseaux sociaux, il faut être mentalement prêt à affronter la pression extérieure, même si l’on n’est pas particulièrement actif sur les réseaux. Il y a beaucoup de commentaires, d’analyses, de critiques. Si tu n’as pas un groupe solide mentalement, il est difficile de résister à tout cela. Il faut aussi pouvoir supporter la pression sur le terrain. Le mental est donc un aspect clé, et nous travaillons énormément là-dessus. Quand les joueurs se sentent bien, soutenus et importants, ils donnent tout sur le terrain.

Quels sont les adversaires que vous considérez comme les plus redoutables pour la prochaine CAN ?

Le Maroc sera un adversaire très redoutable, surtout qu’ils joueront à domicile. Ils disposent de moyens financiers et humains conséquents pour remporter cette CAN, et avec la qualité de leurs joueurs, ils seront un client très sérieux. En plus du Maroc, il faudra se méfier du Sénégal, du Mali, de l’Algérie, de l’Égypte, du Cameroun, de la RD Congo, qui fait un parcours impressionnant, de l’Afrique du Sud, du Burkina Faso, et de l’Angola, qui a surpris en éliminant le Ghana. Et bien sûr, le Nigeria, avec des joueurs comme Victor Osimhen et Ademola Lookman. Il y a de nombreuses équipes qui peuvent prétendre au titre, et cette CAN promet d’être passionnante.

Quelle expérience personnelle de votre carrière internationale partagez-vous avec vos joueurs pour les motiver et les inspirer ?

Je leur parle souvent de notre génération dorée, celle des meilleurs joueurs ivoiriens. Nous avions une équipe de grande qualité, mais nous n’avons rien gagné. Je leur explique que le talent ne suffit pas. Le talent, c’est 50 %, mais l’état d’esprit et l’effort collectif comptent pour les 50 % restants. Si tu as du talent, c’est un atout, mais si tu n’as pas l’état d’esprit, cela ne suffit pas. Il faut que tout le monde soit prêt à se sacrifier pour le collectif. C’est ce que nous insistons sur, et c’est ce qui fait la différence. Une équipe de 25 joueurs doit être cohérente, peu importe qui commence ou termine le match. Le mental et l’esprit d’équipe sont cruciaux pour atteindre nos objectifs.

Comment décririez-vous votre relation avec la fédération pour assurer une préparation optimale ?

La chance que nous avons, c’est d’avoir un président, Yacine Idriss Diallo, qui nous laisse travailler sans interférer dans les choix sportifs. Il suit l’équipe de près, mais il ne cherche jamais à imposer ses décisions. Dès que nous avons besoin de quelque chose, il est à l’écoute et fait en sorte que nous ayons ce dont nous avons besoin. Les conditions de travail sont exceptionnelles, nous n’avons pas de souci de ce côté-là. De plus, nous avons une équipe d’anciens joueurs qui fait toute la différence, notamment dans le domaine médical et organisationnel. Ce mélange d’expérience et de fraîcheur est un véritable atout pour nous.

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