En 2010 et en 2019 : Kabila et Tshisekedi avaient proposé des assises de refondation de la RDC !

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Face à toutes les agitations auxquelles il est confronté, le Congo est en train de rater son rendez-vous avec le Centenaire de l’Indépendance intervenant dans 37 ans seulement. Deux dates : 30 juin 2010 pour Joseph Kabila Kabange ; 31 décembre 2019 pour Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo. A neuf ans et demi d’écart, chacun dans des circonstances particulières s’est exprimé sur le Congo par rapport à l’avenir. Au moment où on assiste à un emballement général avec diverses menaces sur des enjeux prioritaires – dont la sécurité et les élections – il faut bien un appel au ressaisissement. Peu importe la qualité ou le statut de la personne qui le lance : religieux, activiste des droits de l’homme, acteur institutionnel, syndicaliste, journaliste, artiste, enseignant, entrepreneur, infirmier, wewa, militaire, sportif, cheffe coutumière…

Réveil patriotique nécessaire

Tous les «istes» sont libres, en raison de leurs convictions chevillées au corps (lisez plutôt foi), de continuer de s’empoigner (comme ils croient en avoir la vocation), quitte à se sacrifier comme ils le prétendre pour la consommation populaire : de grâce, il faut sauver le Congo en tant qu’Etat, Peuple et Nation.

Déjà, le 15 avril dernier au Bénin, Paul Kagame a franchi le Rubicon en remettant en cause le tracé frontalier entre le Rwanda et la RDC. Le silence observé par la majorité des acteurs institutionnels congolais n’a pas été bon signe. Peut-être de peur d’indisposer l’un ou l’autre des parrains occidentaux du Chef de l’Etat rwandais.

Dans un pays dont personne ne connaît la superficie réelle faute de tracé certifié, ni la démographie approximative faute de recensement scientifique, ce silence ne présage rien de bon lorsque certains de ces parrains, à cause de l’irrationalité de leur attitude face à la situation sécuritaire à l’Est, sont acquis depuis des décennies au schéma de partition du pays.

Ils profitent certes de toutes les occasions publiques pour marteler sur le respect de l’intégrité territoriale et de la souveraineté de la RDC mais, en même temps, ils s’abstiennent de sanctionner l’agresseur rwandais. Pire, ils sont de tous les coups visant l’affaiblissement de Kinshasa aux plans politique, diplomatique, sécuritaire, économique et social, notamment par la pratique du désinvestissement.

Ce même silence, hélas ! s’observe dans le suivi des déclarations solennelles faites par Joseph Kabila le 30 juin 2010 et par Félix Tshisekedi le 31 décembre 2019 ; les deux premiers Chefs d’État congolais procéder à une passation civilisée du Pouvoir d’Etat.

Aussi, en prévision du 63ème anniversaire de l’existence du Congo en tant qu’Etat souverain (30 juin 2023), est-il indiqué de reproduire intégralement les extraits concernés, quitte à se mobiliser pour un réveil patriotique nécessaire. Ou, comme c’est de coutume, à banaliser l’appel, chacun se croyant heureux dans sa zone de confort.

Extrait du discours de Joseph Kabila le 30 juin 2010

” Mes chers compatriotes,

Le Cinquantenaire n’est pas un anniversaire ordinaire. C’est un moment particulier d’évaluation, en vue d’un nouveau départ. Où en sommes-nous donc aujourd’hui, cinquante ans après le 30 Juin dix-neuf cent soixante ? Il est indéniable que nous avons connu des victoires remarquables. C’est le cas notamment :

• De la préservation de l’unité nationale et de l’intégrité territoriale ;

• Du rétablissement de la paix à l’intérieur du pays, et avec nos voisins ;

• De la réconciliation nationale ;

• De l’instauration du multipartisme politique et syndical ;

• De la libéralisation des médias et de l’économie ;

• De la transition consensuelle qui a permis des élections libres, transparentes et démocratiques ;

• De la démocratie dans notre pays, encore jeune certes, mais cependant bien réelle et vivante.

” Il est également indéniable que nous avons aussi connu des regrettables ratés, notamment en matière de développement, de progrès social et des droits humains.

” Comme Nation et comme peuple, nous sommes, quoiqu’à des degrés divers, collectivement responsables de cette relative insuffisance de performance.

” Il importe d’en cerner la teneur et les causes, car nous ne pouvons-nous permettre de faire l’économie d’un travail exhaustif d’évaluation.

” Ce travail est en cours, sous la coordination du Commissariat Général du Cinquantenaire. Il se fait avec le concours d’éminents experts congolais et implique, directement, différentes couches de notre population. Toutes les conséquences en seront tirées, une fois terminé ».

Extrait du discours de Félix Tshisekedi Tshilombo le 31 décembre 2019

« Mes chers compatriotes,

Notre pays célèbrera cette année 2020 ses 60 ans d’indépendance. L’occasion me semble bien appropriée pour nous interroger, revisiter le chemin parcouru et envisager des perspectives meilleures.

” Au regard de l’état des lieux actuel, il me paraît urgent de nous remettre en question sur le modèle de la Nation que nous voulons construire.

” Nos Pères de l’indépendance ont toujours rêvé de construire une puissance économique au cœur de l’Afrique assise sur des valeurs d’amour, de tolérance et de partage.

” J’invite chacun de nous à réfléchir et à apporter sa réponse dans la concrétisation de ce rêve_.

” C’est ainsi que j’ai décrété 2020, l’année de l’action !

” Le mot ‘action’ définit au mieux le leadership que j’imprime depuis mon arrivée à la tête de notre pays. Car, sans elle, nos discours politiques seront dépourvus de tout sens.

” J’entends instaurer un nouveau système de gouvernance dans notre pays.

” Et dans cette œuvre commune de reconstruction, nous devons travailler de manière à éviter le piège de la routine. Nous devons être constamment à la recherche de solutions innovantes et rapides pour répondre à nos priorités. C’est ce que j’entends par le changement ».

Que fait le potier quand il réalise que le vase est mal façonné ?

A l’analyse de ces extraits, il se dégage la même préoccupation de la *refondation du Congo* ; preuve que les conférences, les concertations et dialogues organisés jusqu’en 2010 n’ont pas atteint cet objectif.

En invitant, neuf ans plus tard, ses compatriotes à une réflexion dans le même but, Félix Tshisekedi confirme que l’objectif n’est toujours pas atteint.

Que fait alors le potier quand il réalise que le vase est mal façonné ? Il ne le laisse pas en l’état. Il ne le casse pas non plus. Il le refait en puisant dans l’expérience. Ou plutôt les expériences. Celles qui doit empêcher la RDC de rater son rendez-vous avec le Centenaire de l’Indépendance. Et ce rendez-vous, c’est dans 37 ans.

Ayons le courage de l’admettre : en une soixantaine d’années d’indépendance, aucun des foras, aucun des régimes à se succéder au pays n’a produit *un seul programme pour la RDC dans 20, 30 ou 40 ans à venir ! Celui qui a la preuve du contraire n’a qu’à l’étaler.

Les partis politiques se signalent avec des programmes de gouvernement d’une décennie puisque sur deux mandats de cinq ans qui se gèrent d’ailleurs péniblement.

La première et l’unique fois qu’on a entendu parler d’un Plan de 30 ans pour le Congo, c’était en 1956 avec le Plan Josef Van Bilsen pour l’indépendance de la colonie belge.

Il faut bien que l’on change de paradigme. Et il faut bien que quelqu’un se jette à l’eau à cet effet.

A cette personne, la Nation refondée sera reconnaissante …

Omer Nsongo die Lema

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