Etats généraux de la justice: Voici la recette de A. Atundu

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C’est depuis la semaine dernière que le Centre Financier de Kinshasa abrite les Etats Généraux de la Justice, organisés par le Ministre d’Etat, Ministre de la Justice, Garde des Sceaux, Constant Mutamba. A cette occasion, l’ambassadeur André Alain Atundu a adressé une lettre ouverte aux Etats Généraux de la justice dans laquelle il propose la thérapeutique adaptée. Il s’agit d’une opération urgente de réarmement moral axée sur le civisme, le patriotisme, la déontologie et la conscience professionnelle ; Un audit moral ou éthique des Magistrats et des avocats par une commission ad hoc chargée de déterminer s’il est moralement apte à exercer la profession ; La sanction en tant qu’alerte et réaction de la société par une intervention chirurgicale vitale ; La reconnaissance des méritants comme mesure de progrès réalisé en la matière ; Une évaluation annuelle à date fixe comme bilan de l’action du Ministère de la Justice.

 

LETTRE OUVERTE AUX ETATS GENERAUX DE LA JUSTICE

Mesdames et Messieurs les Participants,

Un dicton africain proclame que trop de viande n’abime pas la sauce !

Vous ne m’en voudrez donc pas d’ajouter, à ceux de mes prédécesseurs, mes hommages au Président Félix-Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO, véritable apôtre de la lutte contre la corruption et pour l’assainissement de la Justice congolaise.

Mes félicitations au Ministre d’Etat, Ministre de la Justice, Garde des Sceaux, Son Excellence MUTAMBA qui, en croisé, a réussi à concrétiser de belle manière, à travers les Etats Généraux de la

Justice 2024, le vœu ardent du Chef de l’Etat.

Mesdames, Messieurs,

De quelle maladie souffre la Justice congolaise ?

Votre présence massive dans l’immense salle du Centre Financier International de Kinshasa est impressionnante, voire troublante, non pas tant par le nombre que vous représentez que par la qualité exceptionnelle des intervenants et des participants, décidés à déterminer, sans complaisance, avec la neutralité et l’objectivité professionnelle d’un médecin, le Mal dont souffre la Justice congolaise, à établir un diagnostic crédible et à administrer une thérapeutique fiable, dans le respect rigoureux de la posologie adaptée à la gravité du Mal cancéreux et de l’état faible du Malade !

Encore, une fois, félicitations, Monsieur le Ministre d’Etat !

Le Professeur Luzolo Bambi a évoqué l’éventualité d’une maladie innommable sans pourtant préciser si c’est à cause de la honte de l’avoir contractée ou à cause de l’ignorance due à l’état actuel de notre savoir.

Toujours est-il qu’à l’observation critique et à l’analyse exigeante, il s’avère que la Justice congolaise souffre du Mal de ceux qui participent à administrer la Justice dans la société en ce compris les magistrats, les avocats, les auxiliaires et même les justiciables.

Mais cet homme que l’on qualifie de maladie de la Justice, est-il un Mal en soi ou il est simplement la manifestation du Mal profond et invisible à l’œil nu.

Est-il bon en soi et c’est la société qui l’a corrompu ?

A mon humble avis, cet homme maladie est la manifestation d’un Mal profond appelé la corruption de la conscience individuelle et collective qui diminue son immunité dans la société.

En d’autres termes, la Justice congolaise est malade de la dépravation de la conscience des hommes qui interviennent dans l’administration de la Justice et de ses effets pervers.

Donc, en plus de soigner les symptômes en urgence pour soulager tant soit peu la société dans l’immédiat, il importe de s’attaquer au pourrissement de la conscience en tant que siège des vertus innées et nécessaires pour un comportement adéquat et voulu dans la société.

C’est l’âme de la Justice qui est malade parce que la conscience est soit émoussée soit inopérante.

En tout état de cause, je voudrais vous proposer la thérapeutique suivante :

1. Une opération urgente de réarmement moral axée sur le civisme, le patriotisme, la déontologie et la conscience professionnelle ;

2. Un audit moral ou éthique des Magistrats et des avocats par une commission ad hoc chargée de déterminer s’il est moralement apte à exercer la profession ;

3. La sanction en tant qu’alerte et réaction de la société par une intervention chirurgicale vitale ;

4. La reconnaissance des méritants comme mesure de progrès réalisé en la matière ;

5. Une évaluation annuelle à date fixe comme bilan de l’action du Ministère de la Justice.

S’agissant d’une maladie interne et physiologique en l’occurrence du cancer de la conscience, une attention particulière doit être accordée au temps de l’incubation, compte tenu de l’urgence due à la gravité du Mal afin qu’un remède, en théorie, efficace ne se transforme en un remède de cheval engageant le pronostic vital du malade.

Ce cancer de la conscience humaine s’exprime sous forme de métastase comme la corruption, la prévarication, les tracasseries, bref sous forme de la tolérance vis-à-vis des atteintes aux Lois et Règlements de la République.

Autant dire qu’il faudrait accorder au personnel dans son ensemble un minimum de bien matériel pour pratiquer la vertu, selon la belle expression du Cardinal Malula, en tenant compte du risque social que représente l’exercice de la profession.

De cette façon, l’ensemble du personnel de la Justice pourrait être le vecteur d’une Justice équitable en faveur des Pauvres et des Riches, des Faibles et des Puissants.

Eh oui ! Car contrairement aux apparences et à une opinion courante et répandue, il arrive que les riches et les puissants soient moins protégés par la Justice que les pauvres et les faibles.

Le cas des sociétés de l’Etat et de certains privés n’en sont qu’une pâle illustration.

Ainsi, le Pays aura une Justice à la fois équitable et humaine capable de participer à l’instauration et au maintien de l’homéostasie sociale ainsi que de la sérénité de la vie nationale.

En effet, si une Justice inique provoque à coup sûr indignation et colère de la société, une Justice équitable et humaine aboutit à l’hypotension sociale, à l’apaisement, à l’espoir, sans oublier la confiance aux institutions de l’Etat.

Mais pour mener à bonne fin cette thérapeutique, tout le personnel médical doit travailler en bonne intelligence et en synergie en comptant sur l’œuvre du temps bénéfique.

Mesdames et Messieurs les Participants,

Bon et fructueux travail !

Fait à Kinshasa, le 11 Novembre 2024

Ambassadeur André-Alain ATUNDU LIONGO

Président National de la CDR

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