
D’ailleurs, Doha en appelle à l’application des options levées à Dar es Salam. Dont le Dialogue…
Drôle d’empressement que celui des communicateurs de tous bords de déduire de l’échec d’une rencontre de prise de contact puisque la rencontre prévue le 18 mars 2025 l’échec même du Dialogue. Ce qui devait se passer à Luanda le 18 mars 2025 est connu des personnes averties : c’était une rencontre de prise de contact au cours de laquelle les parties prenantes (Gouvernement et M23) devaient fixer le cadre du Dialogue. Notamment en convenant des dispositions protocolaires, sécuritaires, administratives, matérielles et financières, en plus du nombre de participants, du lieu et des dates des assises proprement dites. D’ailleurs, à ce stade des contacts, on n’aborde même pas la question essentielle des revendications. Celle-ci n’est souvent traitée que plus tard, lorsque les parties s’établissent une base de confiance.
Il y a deux étapes dans tout dialogue
Comme pour dire de toutes les revendications qu’on attribue actuellement à tel protagoniste ou à tel autre qu’elles ne sont que manipulation, mieux, tentative de sabotage. Reste à savoir à quelles fins !
Pour avoir été dans les préparatifs des fora comme la Conférence nationale souveraine (1991-1992), le Dialogue Intercongolais (2001-2003) issu des négociations ayant débouché sur l’Accord de Lusaka en 1999, ou encore pour avoir été dans les préparatifs des Concertations nationales en 2013, des négociations du Centre Interdiocésain catholique de Kinshasa en 2016 et de la Consultation présidentielle en 2020, les protagonistes congolais savent qu’il y a deux étapes dans tout Dialogue :
-la première est justement les préparatifs dont l’objet vient d’être évoqué.
-la seconde est consacrée aux travaux proprement dits à l’issue desquels on signe un Accord si cela est possible, ou on ne signe rien si cela n’est pas possible.
Joao Lourenço ne lâche pas le morceau
Or, au 18 mars 2025, il y a *constat d’absence* d’une partie, en l’occurrence le M23.
A partir de cet instant, tous les regards ont convergé vers le médiateur ou le facilitateur Joao Lourenço.
Dans la soirée, ce dernier a réagi par ses services. _”Le Gouvernement de la République d’Angola, en qualité de Médiateur, continue de faire tous les efforts pour que la réunion ait lieu à temps, réaffirmant que le dialogue est la seule solution durable pour la paix dans l’est de la République démocratique du Congo_”, ont-ils affirmé.
Preuve que Joao Lourenço ne lâche pas le morceau. D’ailleurs, il ne pourrait le faire au stade actuel car ce serait mal démarrer son mandat à la tête de l’Union africaine.
Par respect alors à son égard, on doit s’en tenir à sa position. Il a des informations qu’aucun communicateur ne détient, sauf s’il est dans la confidence.
Les affaires de l’Etat ne se traitent pas dans la violence
La confidence, elle vient justement de se traduire avec le rendez-vous de Doha. Félix Tshisekedi pour la RDC et Paul Kagame pour le Rwanda se sont retrouvés à Doha à l’invitation de leur homologue Sheikh Tamim bin Hamad Al Thani pour Qatar.
Personne n’est dupe : au moment où devait avoir lieu la première réunion de prise de contact entre délégations du Gouvernement et du M23 à Luanda le 18 mars 2025, les deux chefs d’Etat se savaient en route pour ce rendez-vous.
Même tenue secrète, cette rencontre ne pouvait pas l’avoir été pour Joao Lourenço. L’information peut lui avoir été donnée par Félix Tshisekedi, Paul Kagame et par Sheikh Tamim bin Hamad.
Autrement, c’est un coup porté à l’honneur et à la dignité du chef d’État angolais, président en exercice de l’Union africaine.
L’essentiel à en retenir, si on s’en remet à la Déclaration conjointe, est repris au paragraphe 3 ainsi énoncé : _”Les Chefs d’Etats ont salué les progrès des processus de Luanda et Nairobi ainsi que ceux du sommet conjoint EAC-SADC, tenue à Dar-es-Salaam, en Tanzanie, le 08 février 2025. Les Chefs d’Etats ont réaffirmé l’engagement de toutes les parties pour un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel tel que décidé lors dudit sommet. Les Chefs d’Etats se sont ensuite accordés sur la nécessité de poursuivre les discussions entamées à Doha afin d’établir des bases solides pour une paix durable tel qu’envisagé dans le processus Luanda/Nairobi, dorénavant fusionnés et/ou alignés_”.
Or, au point 14 de sa déclaration, le sommet conjoint EAC-SADC _”a exigé la reprise des négociations et du dialogue directement avec l’ensemble des parties étatiques et non étatiques (militaires et non militaires), y compris le M23, et ce dans le respect du processus Luanda/Nairobi_”.
Cela veut concrètement dire, sauf autre agenda, que Doha aura servi à inviter Félix Tshisekedi et Paul Kagame à faciliter l’application notamment de cette disposition.
Résultat logique : l’Initiative Lourenço” n’est pas “tombée” comme d’aucuns le suggestionnent au point de parler d’échec.
L’Autorité établie s’y est engagée pour la partie RDC.
Partant, on imagine mal l’acceptation d’un Dialogue avec le M23 (peu importe qu’il se définisse comme composante de l’AFC) et l’acceptation d’un Dialogue avec le Rwanda, tout en rejetant le Dialogue avec les forces politiques et sociales “non armées”.
Le dire à haute voix revient à attirer l’attention du Pouvoir sur des réalités en présence, de façon à l’exhorter à se préparer en conséquence.
Et pour ça, on ne peut que persister et signer en paraphrasant Lee Iacocca : _”Toute bonne décision prise trop tard devient une mauvaise décision_”.
Conseil gratuit aux communicateurs de tous bords : les affaires de l’Etat peuvent se discuter dans le vacarme ; mais elles ne se traitent cependant pas dans la violence. Ni physique, ni verbale ! Pas non plus dans le mépris et dans la suffisance…
_PROCHAINEMENT : “AVEC LUANDA, LA RDC FACE À 3 DIALOGUES INCONTOURNABLES”_
Omer Nsongo die Lema