Félix Tshisekedi chez Léon Kengo : ça sent le…Dialogue !

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Visite surprise ? Pas du tout. Plutôt d’une visite bien organisée. Car on ne va pas chez quelqu’un en cortège officiel sans l’avoir prévenu. D’ailleurs, le fait de voir réapparaître l’inusable Marco Banguli faisant office de maître des céans signifie que la présence de cet acteur politique aussi discret qu’efficace n’avait rien d’improvisé.
“Mieux vaut tard que jamais’_ : Félix Tshisekedi a quand même fini par faire ce qu’on attendait de lui depuis son accession à la magistrature suprême en janvier 2019, à savoir rencontrer le seul compatriote à avoir animé au cours de sa carrière successivement les Cours et Tribunaux, le Gouvernement et le Sénat (Parlement). C’est-à-dire le seul homme qui n’aura manqué que l’institution Président de la République pour boucler la boucle. Faut-il d’ailleurs le noter : il a été candidat à la présidentielle de 2006 et à celle de 2011. Bref, Léon-La-Rigueur fait partie des rares acteurs publics Congolais à maîtriser l’histoire du pays au cours de ces 64 dernières années. Les humiliations, il les a subies de l’intérieur comme de l’extérieur des institutions, aussi bien sous le Mpr Parti-Etat que sous l’Opposition. Il est resté cependant courtois, et cette qualité-là, personne ne peut la lui contester.
C’est ça du Kengo
C’est cette courtoisie, pour l’Histoire recommencée en 2003 dans le cadre de la Transition 1+4 issue du Dialogue Inter congolais, qui va lui permettre, une fois porté à la présidence de la chambre haute en 2007, de faire conserver à Jean-Pierre Bemba son mandat de sénateur jusqu’en 2018, soit pendant les 10 ans passés par ce dernier dans les geôles de la Cour pénale internationale (CPI).
Pourtant, la Majorité parlementaire au Sénat appartenait à la famille politique de Joseph Kabila.
Évidemment, entre les deux personnalités s’étaient tissées des relations fortes respectées par les deux familles politiques. Plusieurs fois, les deux personnalités se sont retrouvées en aparté. On peut en être sûr même si on n’en a pas la preuve : l’un doit avoir convaincu l’autre de la nécessité de faire garder à Jean-Pierre Bemba ses émoluments quand bien même aucune Constitution, aucune loi, aucun règlement intérieur ne l’autorisait pour un parlementaire se retrouvant dans l’impossibilité de siéger deux mandats de suite. Ce au nom de la cohésion nationale.
Ça, c’est du Kengo.
Peut-on penser qu’au cours de leur rencontre du samedi 14 septembre 2024, les deux personnalités n’aient pas abordé la question délicate du Dialogue relancée par Martin Fayulu ?
Même si les images de la vidéo ne montrent pas un aparté, même si à l’issue de la rencontre aucun communiqué n’a été publié, on ne peut pas ne pas croire que Félix Tshisekedi et Léon Kengo se soient séparés sans échanger sur le sujet.
*De toutes les façons, il va falloir surveiller dans les jours qui viennent les mouvements de Marco Banguli*, l’un des fidèles parmi les fidèles autour de Léon Kengo.
Pour la petite histoire,
il était l’un des ténors du Clan Kengo aux côtés, entre autres, des Umba-di-Lutete, Katanga Mukumadi, Mambu Makenzu, Thambwe Mwamba et un certain Pascal Kinduelo. Ils avaient un parti politique redoutable dénommé UDI (Union des démocrates indépendants).
Il a fallu les élections de 2023 pour découvrir ce dernier dans les rangs de l’Udps.
Bref, un plaidoyer de Léon Kengo pour Dialogue inclusif n’est pas à écarter !
Ce qui peut ne pas prendre avec Fayulu prendrait facilement avec Kengo
Et pour cause !
Léon Kengo a de tous temps été le *préféré* des Catholiques, lisez Cenco. Tout au moins hier sous le cardinalat d’Etsou et de Monsengwo, aujourd’hui sous celui d’Ambongo, pour ne pas en citer la présidence.
Or, au cours de ces 30 dernières années, la Cenco n’a jamais été formellement pro-Etienne Tshisekedi et pro-Félix Tshisekedi.
Le coup de massue reçu lors des préparatifs du 4ème cycle électoral (2023) en a fait un animal blessé. Malheureusement, un animal dont on ne peut se passer quand les choses vont mal.
Dans la perspective d’un Dialogue qui puisse lui permettre de bénéficier de la jurisprudence (rester en poste comme ce fut le cas avec Mobutu lors de la Cns ou Joseph Kabila lors du Dialogue Intercongolais, le Dialogue sous facilitation Kodjo et le Dialogue du Centre Interdiocésain), Félix Tshisekedi a conscience de ne miser ni sur le chef spirituel des Kimbanguistes Simon Kimbangu Kiangani, ni sur l’évêque général de l’Eglise du Réveil du Congo Dodo Kamba.
Il lui faut absolument l’apport des Catholiques qui puisse garantir celui des Protestants (ECC).
Conséquence : l’unique personnalité politique capable de convaincre la CENCO de jouer le jeu est pour l’heure est *Monsieur Léon Kengo wa Dondo*. Si les Catholiques peuvent ratisser large en ramenant Moïse Katumbi autour de la table, seul Léon Kengo peut convaincre Joseph Kabila de faire de même.
Comme on peut alors le deviner, le président honoraire du Corps judiciaire (Cours et Tribunaux), ex-coordonnateur du Conseil Exécutif en qualité de ” premier commissaire d’Etat Gouvernement) et président honoraire du Sénat, est pour l’instant le seul acteur politique en mesure de redonner corps et vie au processus de cohésion nationale attribué à Martin Fayulu, processus hypothéqué par le Chef de l’État lui-même dans son interview du 6 août 2024.
Déjà, le président de l’Ecidé – juste question de logique – ne devrait plus tenir à l’égard du régime Udps/Usn son discours radical dès lors qu’il veut manager la cohésion nationale.
Or, il est toujours dans le bras de fer.
On ne peut pas, d’un côté, flatter l’orgueil d’un protagoniste pour l’amener à adhérer à une vision et, en même temps, le couvrir de ridicule. Ça n’a jamais marché sous son mentor Étienne Tshisekedi (il n’avait pas son pareil dans l’art de tendre la main à la personne qu’il se mettait à ridiculiser comme pour lui signifier son désaccord), ça ne marchera pas avec Martin Fayulu.
Ainsi, ce qui peut ne pas prendre avec Martin Fayulu prendrait plutôt avec Léon Kengo.
L’homme peut toujours jouer un nouveau grand rôle
Autrefois patron du parti politique dénommé ” Union des Démocrates Indépendants” (UDI), autrefois Premier ministre issu de la 3ème voie (ni Conférence nationale souveraine, ni Conclave politique de Kinshasa), Léon Kengo avait retrouvé la primature le 14 juin 1994.
Le 6 avril de la même année, soit moins de deux mois plus tôt, éclatait la guerre civile au Rwanda à la suite de la mort du Président Juvénal Habyarimana par crash de son avion. D’où le génocide rwandais.
Évidemment, c’est au Gouvernement Kengo que va incomber la responsabilité d’en gérer les effets sur le territoire national.
C’est également sous son mandat que va surgir la guerre de l’Afdl en octobre 1996.
L’histoire retient que les appels à la cohésion nationale lancés qu’il va lancer à l’époque pour amener les Zaïrois (redevenus Congolais le 17 mai 1997) seront systématiquement rejetés par l’Opposition radicale.
Ne suivez pas mon regard puisque la suite est connue.
Si on veut alors comprendre ce qui s’est passé avant l’avènement de l’Afdl en 1996, et de comprendre ce qui, depuis, arrive au Congo, Léon Kengo est l’une des personnes ressources.
Continuer à l’ignorer – comme cela s’est fait jusqu’au samedi 14 septembre 2024 – ne pouvait que se révéler contreproductif.
Le rapprocher – comme cela vient de se faire – est productif !
D’autant plus que l’homme ne demande pas mieux que de jouer un nouveau rôle décisif dans la résolution de la crise sécuritaire.
Pour peu, bien entendu, qu’on lui fasse pleinement confiance…

Omer Nsongo die Lema

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