Au premier, il reproche la volonté d’imposer aux Africains le baptême des couples homosexuels ; au second la stigmatisation de la Céni à cette étape décisive du processus électoral.
Patriarche par son âge (92 ans), par sa carrière politique (plus de 60 ans) et dans ses oeuvres sociales et culturelles, Jonas Mukamba a une histoire de cœur avec l’Eglise catholique romaine. Son cursus scolaire et académique retient qu’il a fait ses études primaires à la mission catholique Mayi-Munene de Tshikapa, ses études secondaires au petit séminaire de Kabwe (près de Kananga) et ses études universitaires à Louvain (extension de Kisantu) où il va finir ses études en tant que licencié en Sciences politiques et administratives. Certes, l’histoire garde de lui le souvenir du grand manager de la Minière de Bakwanga (Miba) à l’époque la plus glorieuse de cette entreprise après l’indépendance. Elle retient aussi de lu, en diplomatie, l’exercice des fonctions de haut niveau (ambassadeur plénipotentiaire et extraordinaire) successivement en Ouganda (Kampala) ; en Suisse (en étant en même temps Représentant du pays auprès des institutions onusiennes basées à Berne) et Genève) ; en Italie, précisément au Quirinal et auprès de la Fao et, pour clore la diplomatie, en Grande-Bretagne (Londres) avec extension en Suède et Norvège. Dans la haute territoriale, il sera en plus gouverneur de province au Sud-kasaï, en Orientale et l’Equateur, sans omettre son passage dans l’appareil judiciaire
C’est évidemment en connaisseur qu’il aborde la question d’homosexualité dont l’adoption par la communauté chrétienne a commencé, à l’en croire, avec les Anglicans, avant de déferler sur le continent américain, précisément les pays d’Amérique du Sud comme l’Argentine.
Étant alors d’origine argentine, le pape François aura beau cacher ses penchants et le voilà, presque fin carrière, lâcher la veille de Noël sa bombe qui a sérieusement heurté et ébranlé la communauté chrétienne africaine.
En effet, dans la culture des Africains, toutes ethnies et toutes tribus confondues, l’homosexualité est perçue comme un péché, mieux malédiction. Autant que le baptême des homosexuels.
D’ailleurs, en Lévitique 18:22, la Bible dit : ” Tu ne coucheras point avec un homme comme on couche avec une femme. C’est une abomination “.
On ne peut prétendre avoir amené la Bible en Afrique, c’est-à-dire évangélisé le continent noir et croire que les populations africaines sont sans culture. Au contraire.
Pour Jonas Mukamba, l’acte commis par le pape François n’est rien d’autre qu’une hérésie. Du reste, l’unanimité est totale au sein des conférences épiscopales nationales de tous les Etats d’Afrique contre cette décision.
Un vrai choc moral et spirituel pour un homme qui croit en Dieu
Tout en étant d’accord sur ce point avec la Cenco qui s’est levée contre cette initiative, le Patriarche est très monté contre deux princes de l’Eglise catholique romaine en RDC : l’archevêque de Kinshasa en la personne de Fridolin Ambongo et monseigneur Donatien Nshole, secrétaire général de cette structure.
A la base : la semence de la haine à la place de l’amour, du trouble à la place de la paix, de la tristesse à la place de la joie, alors que Jésus-Christ, particulièrement en cette période de la Nativité, prône l’amour, la paix, la joie.
Il est question, ici, des prises de position de la Cenco par rapport au processus électoral dont le point culminant est le vote du 20 décembre 2023.
La loi est la loi. Elle doit certes s’appliquer dans toute sa rigueur. Mais, la loi n’est pas immuable.
Dans le contexte actuel, la flexibilité caractérisant les enjeux électoraux plaide pour la reconnaissance des efforts fournis par la Céni et pour le respect de l’engouement manifesté par la population pour ces élections.
Pendant que tous les protagonistes – à l’exception des forces politiques et sociales réfractaires à ces scrutins – se montrent flexibles à l’endroit de la Commission électorale, l’archevêque de Kinshasa fait, lui, le choix de conduire le front anti-Ceni.
Le 25 décembre 2023, en pleine messe de Noël – pourtant symbole par excellence de l’avènement de Jésus-Christ, source d’amour, de paix et de joie pour l’homme dont il est le Sauveur et Seigneur – le cardinal s’est plutôt radicalisé. En témoigne, cet extrait de son homélie : “_Durant notre ascension vers Noël, nous avons été convoqués aux urnes pour choisir nos nouveaux dirigeants. Avec engouement et détermination, nous étions sortis nombreux exprimer démocratiquement nos préférences. Mais hélas, ce qui aurait dû être une grande célébration des valeurs démocratiques, s’est vite transformé pour beaucoup en frustrations. Pour l’heure, je vous exhorte à la prudence et à la retenue. Nous attendons les rapports de différentes missions d’observation, notamment celui de la mission conjointe de l’Église catholique et de l’Église protestante, qui pourraient nous aider à prendre la mesure des irrégularités constatées et à en évaluer l’impact sur la crédibilité de ces élections”.
De cette homélie, les médias ont retenu ce titre ” Elections 2023 : « Un gigantesque désordre organisé et planifié ».
Ainsi, se plaint le Patriarche Jonas Mukamba, l’Eglise qui a pour mission d’unir les enfants de Dieu est plutôt en train de semer la division !
Résultat : il ne se reconnaît ni dans l’Eglise catholique romaine universelle telle que le Pape François est en train de la dévoyer avec cette décision de baptiser les couples homoxuels, ni dans l’Eglise catholique romaine du Congo telle que l’archevêque de Kinshasa est, concomitamment, en train de la dévoyer avec la division qu’elle sème dans la communauté chrétienne catholique congolaise à cause des élections.
Ce qu’il vit, avoue-t-il, est un vrai choc moral et spirituel pour un homme qui croit en Dieu au travers de la Sainte Vierge, Mère de toutes les nations.
Il a tenu à l’exprimer de vive voix, et il l’a fait avec beaucoup de courage, et au nom de la Vérité.
S.M.