Une messe pour la paix dans la région des Grands- Lacs, co-présidée par une soixantaine d’évêques venus du Burundi, de la Rdc et du Rwanda, membres de l’Association des conférences des évêques de l’Afrique centrale (ACEAC), en visite apostolique à Goma, le chef-lieu de la province du Nord-Kivu, dans l’Est de la République démocratique du Congo, a été organisée dimanche 28 Janvier 2024 à la paroisse Notre Dame du Mont Carmel du doyenné de Goma. L’un des officiants de la messe, le Cardinal Fridolin Ambongo a fait observer une minute de silence en mémoire des récentes victimes de la guerre de Mweso, localité bombardée par les terroristes M23/RDF, qui a fauchée 120 vies innocentes et fait d’énormes dégâts matériels le jeudi 25 janvier 2024. Deux jours plus tard, le 27 janvier 2024 aux environs de 16 heures, deux nouvelles bombes des criminels pro-Rwanda ont été largué sur Sake aux environs de Goma faisant 2 victimes, tous des enfants.
Dans son mot, le prélat congolais a imploré la grâce divine pour que la paix règne dans la région des Grands-lacs. « Nous supplions le Seigneur pour les habitants de la République démocratique du Congo, Rwanda et Burundi qui ont longtemps souffert pour qu’ils recouvrent la paix », a imploré le Prince de l’Eglise congolaise, le Cardinal Fridolin Ambongo.
Après les affrontements de jeudi 25 janvier 2024, entre l’unité spéciale de l’armée rwandaise RDF/M23 contre les résistants Wazalendo, aux environs de Mweso dans le territoire de Masisi, un repli stratégique des jeunes résistants Wazalendo a fait que la cité de Mweso soit passée entièrement sous contrôle des terroristes du M23.
Après un samedi agité suite aux affrontements entre les rebelles du M23 et les Wazalendo, un calme précaire s’est observé le dimanche à Mweso et ses alentours.
Pendant que les évêques de la Rdc, Rwanda et Burundi célébraient la messe pour la paix à Goma, dans le viseur du Rwanda, l’objectif est toujours de couper Goma à partir de Kirotshe au bord du lac Kivu pour permettre que renforcement en munitions pour le M23/RDF traverse sur le lac Kivu à partir du Rwanda vers les hauts plateaux et bloquer la route Goma-Bukavu.
Kagame, principal déstabilisateur des pays des Grands-Lacs
La messe pour la paix dans la région des Grands-Lacs, co-présidée par une soixantaine d’évêques de l’ACEAC, n’est qu’un maillon de l’actuelle chaine de dynamiques pour le retour de la paix dans cette région de l’Afrique en proie à des guerres sans fin depuis le début des années 90. Mais plus particulièrement depuis l’attentat, doublement meurtrier pour le Burundi et le Rwanda, le 06 Avril 1994 à 21h00, de l’avion qui transportait le Président hutu rwandais Juvénal Habyarimana et du président hutu burundais Cyprien Ntaryamira.
C’est acte criminel d’assassinats des deux Chefs d’Etats hutus en fonction, qui endeuilla les peuples rwandais et burundais, sans jamais que ses auteurs ne soient poursuivis jusqu’à ces jours, marque le début des massacres au Rwanda. Ce double assassinat a été suivie par trois mois de tueries entre Rwandais qui feront entre 800.000 et 1 million de morts et dont les effets collatéraux se perpétuent encore sur le territoire congolais, 30 ans après, dont le bilan macabre s’élève à plus 12 millions des Congolais tués au Congo au nom de la ‘protection des Tutsi !’ menacés de génocide.
Un discours qui, de plus à plus, ne passe plus. Des voix s’élèvent non seulement pour indexer l’armée patriotique rwandais (APR), composée des exilés tutsi venus de l’Ouganda sous la houlette de Paul Kagame, comme étant déclencheur du génocide rwandais (génocide tutsi selon la terminologie officielle du Rwanda) mais, également Kagame comme étant le principal déstabilisateur des pays des Grands-lacs.
Tout récemment, devant la jeunesse congolaise à Goma, le président burundais avait accusé ouvertement les autorités rwandaises de tout faire pour saboter les pays de la sous-région. Dans une salle remplie de jeunes congolais, le président de la République burundaise n’a pas caché sa colère envers Kagame qui, selon lui, fait tout pour agresser et saboter ses pays voisins. Le successeur de Cyprien Ntaryamira, avait affirmé que le leader rwandais continue d’alimenter les terroristes qui ont leur Etat-major sur son territoire : « Les autorités rwandaises ne le nient pas et elles promettaient de toujours les remettre à la justice Burundaise pendant plus de deux ans de négociations, c’est de l’hypocrisie », fustige-t-il tout en qualifiant de menteurs les autorités du Rwanda : « C’est après l’attaque perpétrée par les terroristes de Red-Tabara que j’ai constaté que ce sont des menteurs, et il faut accompagner le menteur jusqu’à la porte ».
Pour lui, le peuple rwandais est innocent, il n’y a que les mauvais leaders qui ne savent pas leur mission d’unité. En co-organisant cette messe pour la paix, les évêques rwandais, viennent ainsi, peut-être indirectement, confirmer ces propos du président burundais « le peuple rwandais est innocent ».
Dieu écoutera-t-il cette prière des princes des Eglises catholiques du Rwanda, du Burundi et de la RDC ? Kagame, se montrera-t-il disciple de Jésus-Christ le « Prince de la Paix » pour mettre fin à sa politique de l’hégémonie ? Wait and see!
Willy Makumi Motosia