La guerre que la RdC subit actuellement occupe l’essentiel du temps du débat politique congolais, et pour cause …
Après d’interminables dialogues des sourds, il est maintenant établi, parmi nos compatriotes, que nous sommes réellement agressés par le Rwanda et l’Ouganda. Ces deux pays voisins mettent en œuvre le projet des Occidentaux de balkaniser notre pays pour pouvoir, demain, face à des micro-états faibles, s’emparer plus aisément de nos ressources minières. L’homélie du Cardinal archevêque de Kinshasa prononcé le Samedi 22 février, citant clairement le Rwanda et dénonçant à son tour le fameux accord « EU-Rwanda », a mis un terme aux stupides contradictions inter-congolaises sur l’identité des agresseurs et la désignation des commanditaires. De plus, il faut croire que la multiplication des manifestations de dénonciation des Congolais dans plusieurs capitales du monde ne permet plus à quiconque de tergiverser sur la véritable cause, les commanditaires et les exécutants du drame congolais.
Cependant, aussi surprenant que cela puisse paraître, à Kinshasa, sur les plateaux de télévision, autant que dans les réseaux sociaux, le débat prend une allure, plus inquiétante. Plusieurs intervenants pensent qu’il faut se concentrer sur les responsabilités congolaises et les établir avant d’engager la guerre avec l’espoir de la gagner.
J’ai participé impuissant et abasourdi ce lundi 26 février, sur le plateau de la chaîne Congo buzz à une confrontation emblématique de cette attitude.
Le premier interlocuteur tenait mordicus à convaincre que la cause de la situation difficile dans laquelle se trouve le pays est à imputer, originellement à l’AFDL qui aurait, dès 1996-97 facilité l’entrée des Rwandais sur le sol congolais. Pour lui, la guerre ne peut se gagner et le pays recouvrer une paix durable, sans que ces responsabilités ne soient établies. En face, l’argument était que la guerre avait repris par la prise de Bunagana puisque le pouvoir actuel avait renoué avec le Rwanda et accepté de recevoir les dirigeants du M23 à Kinshasa pendant des mois.
L’histoire se chargera sans doute de départager les partisans de ces différentes thèses. Dans l’entre-temps, je me pose la question de savoir ce qu’apporte cette opposition virulente d’analyses dans la résolution de l’agression que nous subissons depuis trente ans ? Dans quelle mesure ce genre de confrontation sur ces aspects certes importants, mais secondaires du phénomène peut-il aider à résoudre l’essentiel de l’équation ?
Croire que l’étalement de nos divergences, à la télévision ou ailleurs, n’influe pas sur les analyses et la conduite de nos ennemis pendant cette guerre serait naïf ! Il y a plus de vingt siècles, le Chinois Sun Tse notait que la recherche de la discorde dans le camp adverse est une tactique efficace de la guerre. Voilà que nous au XXI ème siècle, nous déployons nos oppositions, souvent avec fierté. Qui sommes-nous ?
Maintenant que nous connaissons parfaitement bien les enjeux de l’agression de l’Est, que peut expliquer ces antagonismes idiots ? L’action de nous rejeter les fautes, comme au sein d’un couple fatigué, dans lequel les amoureux d’hier ne s’aiment plus, nous donne-t-elle plus de force ou nous affaiblit-elle ?
Dans une guerre qui intéresse au plus haut point la fameuse communauté internationale, quel message renvoient vers l’opinion ces échanges mesquins et passionnés ? Beaucoup rigolent, et pourtant cette absence criante d’unité, de surcroit dans un moment aussi délicat est inqualifiable.
Alors que nos compatriotes sont massacrés par milliers chaque jour, que vieillards, femmes et enfants arpentent le difficile relief du Kivu, certains font le show sur les plateaux de télévision à Kinshasa alors que d’autres sont dans le Ndombolo et la bière à Matonge.
Quelle est objectivement la chance de survie à long terme d’une nation dont les élites se divisent pendant qu’elle est attaquée et même partiellement occupée ?
Le plus grave est que cette attitude d’irresponsabilité ne datte pas d’aujourd’hui. Elle perdure ! Pendant toutes les agressions précédentes une partie de la classe politique se montrait en faveur des occupants. Comment comprendre cette attitude suicidaire ?
Combien de fois allons-nous croire que le pouvoir de Kinshasa se prend à Kigali ?
Retenons qu’il y a ici une des causes du mépris que certains affichent à notre endroit.
Tous les grands penseurs et théoriciens de la guerre, comme par exemple le Grec Thucydide, le Chinois Sun Tse, le Florentin Machiavel, le Prusse Clausewitz, le Britannique Basil Liddell Hart ou le français Raymond Aron, accordent une importance particulière à l’exacte identification de l’ennemi. Si nous dépensons une partie de nos intelligences et de nos énergies à des règlements de comptes internes et à nous acharner sur l’adversaire politique local, nous sommes dans la dissipation de nos maigres moyens.
En ce moment délicat, sachons distinguer l’essentiel de l’accessoire. Cessons de privilégier le dérisoire lorsque la maison brûle !
Unissons-nous ; mobilisons-nous, autour de Felix Antoine Tshisekedi Tshilombo l’élu du peuple congolais, l’actuel choix de Dieu, pour défendre la Nation de Lumumba
Merci.
Jean Pierre Kambila Kankwende