« Nos clientes, en plus d’être littéralement exploitées, n’avaient droit à aucune pause et leurs arrêts de maladie furent ni plus ni moins rejetés », a écrit l’avocate Yasmina Boukossa, en 2021, dans une lettre adressée au consulat général d’Algérie à Montréal et consultée par Le Journal.
Selon deux poursuites civiles, Marisa Amaya, 65 ans, et Elida Rivera Lopez, 69 ans, deux travailleuses autonomes en entretien ménager, auraient été victimes de harcèlement psychologique, d’abus de pouvoir, d’insultes, de cris et d’humiliation de la part du consul général d’Algérie, Nourredine Meriem, et son épouse.
Elles poursuivent le gouvernement algérien et le ministère des Affaires étrangères algérien pour un total de 452 452 $ en salaire impayé, perte de salaire, dommages et intérêts. M. Meriem n’est pas personnellement visé par le recours. Les dames travaillaient pour le consulat depuis 2008 et 2014, respectivement.
Ambiance détériorée
Or, ce n’est qu’après l’entrée en poste du diplomate en 2019 que l’ambiance et les conditions de travail se seraient détériorées, jusqu’à devenir « intolérables », « toxiques », lit-on dans les documents.
Celles-ci auraient alors vu leur charge de travail augmenter considérablement en plus d’être assignées à entretenir la demeure du consul et de sa famille, allèguent les poursuites. À cet endroit, les plaignantes disent avoir subi des comportements « vexatoires » et des conditions « hostiles ».
Des objets auraient été jetés au plancher devant elles, accompagnés d’ordres de les ramasser. Et en plus de devoir tolérer des propos haineux, Mmes Amaya et Lopez auraient aussi eu à travailler blessées, selon les requêtes introductives.
« C’était un cauchemar. On ne sait pas comment on a fait pour rester », raconte Mme Amaya, en essuyant ses larmes. Elle croit que sa collègue et elle ont été perçues comme des « servantes ».
« Comme des chiens »
« L’estime de soi est tombée par terre. On sentait un nœud dans la gorge de se faire traiter comme des chiens », seconde Mme Lopez. Par ailleurs, les deux femmes allèguent également avoir fait l’objet d’un congédiement déguisé. Depuis, elles disent souffrir de symptômes dépressifs, ne se sentant pas capables de retourner travailler.
Il n’a pas été possible de joindre M. Meriem ni le gouvernement algérien, hier. Dans un document déposé au palais de justice de Montréal il y a quelques jours, l’État d’Algérie a laissé entendre qu’elle disposait d’une immunité. « En vertu de la Loi sur l’immunité des États, la République Algérienne Démocratique et Populaire est un État étranger aux fins de la loi », est-il indiqué, par la voix d’Affaires mondiales Canada.
Avec la collaboration de Michael Nguyen