En signe de protestation contre le soutien des États-Unis à Israël dans son offensive dans la bande de Gaza, qu’il a qualifié de « génocide », Aaron Bushnell, membre actif de l’armée de l’air américaine, âgé de 25 ans, a posé un acte fort. Habillé en tenue de l’armée américaine, il s’est immolé devant les locaux de l’ambassade d’Israël à Washington D.C., le 25 février 2024. Révolté par la politique de son pays face au drame qui joue dans la bande de Gaza où plus de 30 mille Palestiniens ont été tués suite à l’attaque du Hamas contre Israël qui avait fait 1 200 morts le 7 octobre 2023, Aaron Bushnell a exprimé son ras-le-bol en se donnant la mort par le feu.
C’est le comble de l’indignation contre le silence complice d’une nation dite grande démocratie devant une tragédie indigne de notre époque qu’évoque l’acte du militaire américain. Ses derniers mots expriment à quel point le désespoir l’a étreint devant le drame palestinien. « Je ne serai plus complice d’un génocide. Je suis sur le point de m’engager dans un acte de protestation extrême, mais comparé à ce que les gens vivent en Palestine aux mains de leurs colonisateurs, ce n’est pas du tout extrême. C’est ce que notre classe dirigeante a jugé normal. Libérez la Palestine », a-t-il déclaré avant de passer à l’acte.
Faut-il s’étonner du geste d’Aaron Bushnell quand les consciences se sont anesthésiées devant le drame palestinien ? Faut-il être surpris lorsque les voix qui appellent depuis des lustres à la paix entre Israéliens et Palestiniens sont étouffées, à la limite banalisées ou ostracisées ? Faut-il être médusé quand l’humanité balbutie face à ses valeurs, à sa propre vocation à savoir la protection de la vie humaine ? Absolument pas ! L’acte d’Aaron Bushnell traduit l’incurie de l’administration américaine devant l’ampleur du drame dans la bande de Gaza. Lorsque toutes les tentatives de cessez-le-feu sont vouées à l’échec, il n’est pas étonnant que des actes d’une extrême gravité comme celui d’Aaron Bushnell adviennent. Lorsque l’on est empêtré dans une politique du deux poids deux mesures, il n’est pas surprenant que des citoyens expriment leur exaspération de manière tragique.
Quand l’horreur est banalisée au quotidien et que certaines grandes nations, donneuses de leçons de droits de l’homme, sont complices de l’impunité, le choix d’Aaron Bushnell d’exprimer sa révolte de manière extrême peut s’expliquer. Comment les citoyens peuvent-ils se retrouver dans un monde où les valeurs humaines sont foulées aux pieds ? Il est temps que l’on se ressaisisse devant la banalisation de la vie humaine et de l’éthique. Il faut que certains aient l’humilité d’abandonner l’illusion qu’ils sont seuls au monde et devraient agir en toute impunité. C’est dans le respect, dans la quête d’une égalité et d’une justice pour tous que le monde aura un visage humain et pacifique. Le geste de désespoir d’Aaron Bushnell devrait interpeller plus d’un. Surtout ceux qui sont complices du malheur des autres.
(Note de l’éditeur : Cet article reflète le point de vue de l’auteur Karim Badolo et pas nécessairement celui de CGTN.)
(Photo : CFP)