Aux dernière nouvelles, le ministre tunisien des affaire étrangères Othmane Jerandi a été limogé par le président Kais Saied. Il est le quatrième à devoir quitter son poste depuis le début de l’année, révélant un contexte politique instable dans une Tunisie au bord de grandes ruptures.
Le départ d’Othmane Jerandi peut être interprété comme une relative bonne nouvelle pour le Maroc. L’homme a incarné le tournant diplomatique agressif tunisien à l’égard du Maroc et avait été considéré comme l’homme de main du sérail algérien au Palais de Carthage.
Ce départ intervient à un moment clef de l’histoire politique tunisienne où le président Kais Saied, obsédé par ses lubies autoritaires, tente sans succès ni crédibilité, de se tisser un costume de despote et de dictateur.
Le limogeage d’Othmane Jerandi serait pourtant lié à la mauvaise gestion par les autorités tunisiennes de l’affaire de l’activiste franco-algérienne, Amira Bouraoui.
Récemment, la Tunisie a failli se transformer en prison annexe de l’Algérie lorsqu’elle avait procédé à l’arrestation de l’opposante et animatrice du Hirak algérien Amira Bouraoui. Cette dernière fuyait discrètement l’enfer algérien via la Tunisie. Et alors que le régime de Kaïs Saied s’apprêtait à l’extrader vers l’Algérie, seule l’intervention de la France a mis fin à cet projet et offert une protection consulaire à Amira Bourraoui, porteuse aussi de la nationalité française.
Cette crise autour d’Amira Bouraoui serait si importante qu’elle a poussé le président algérien Abdelmajid Tebboune à rappeler pour consultations son ambassadeur à Paris. Elle a montré, si besoin encore était, la grande proximité des militaires d’Alger et du régime du président Kais Saied. A tel point que de nombreuses interrogations se posent sur la Tunisie d’aujourd’hui.
Que reste-il à cette Tunisie comme message à transmettre à son opinion et son environnement immédiat? L’image d’un pays qui se noie sous l’effet d’une crise économique dévastatrice, d’un peuple qui sombre sous l’effet d’une dictature sans complexe ? Le taux d’abstention des Tunisiens aux dernières législatives avoisine un record planétaire, presque du 90%.
En cause. Un homme, Kais Saied, obsédé par la confection d’une costume présidentiel sur mesure qui lui octroie tous les leviers du pouvoir et qui a spectaculairement échoué. Les Tunisiens des villes, ainsi que ceux de campagne, lui ont refusé ce caprice et ont volontairement boycotté son opération de monter en douce une dictature autour du Palais de Carthage.
Logiquement et dans les pays qui respectent la volonté populaire, un tel taux de défiance est susceptible à lui seul de provoquer démission et retrait. Pas dans la Tunisie de Kais Saied. L’homme s’accroche au pouvoir comme le pendu à sa corde. Que la Tunisie puisse perdre tous ses atouts pour pouvoir un jour espérer décoller, cela lui importe peu. L’essentiel est de garder ce pourvoir et ce nouveau parlement même s’il est adoubé par seulement 10% de la population.
Pour ne pas dire la vérité crue aux Tunisiens, une certaine presse préférait parler de désaffection par rapport à la politique, de désenchantement par rapport à la démocratie. Autant de figures de style pour éviter de nommer un flagrant retour de la dictature, incarné par les obsessions de Kais Saied.
Généralement, la tradition implique que quand on veut justifier une prise de pouvoir aussi peu démocratique, il est d’usage d’évoquer le danger islamiste. L’idée étant d’exporter vers l’international que l’autorité qui a procédé à cela vise à protéger le pays d’un danger beaucoup plus grand et plus grave.
La démarche a relativement réussi en Égypte avec les multiples hésitations et critiques qu’on connaît. Elle a, de manière ridicule, échoué en Tunisie avec les nombreuses tension internes notamment avec le puissant syndicat UGTT susceptible de plonger le pays dans un dangereux cycle de ruptures.
Kais Saied a non seulement dégouté les Tunisiens de la politique, mais il a aussi mis en danger et en question le soutien de la communauté internationale à l’économie tunisienne. Pour pourvoir espérer sortir la tête du goulot, la Tunisie a besoin de négocier des accords de soutien avec des institutions financiers internationales comme le FMI et la banque mondiale.
Et comme la situation politique et sociale engendrée par les choix du président tunisien n’est pas de nature à garantir un minimum de stabilité, cela parait comme une mission impossible de déverrouiller la générosité de ces institutions internationales. Ce qui va certainement participer à aggraver les souffrances du peuple tunisien.
Kais Saied met aussi en difficulté un de ses principaux soutiens européens, la France. Emmanuel Macron a apporté une aide politique extrêmement précieuse au président tunisien depuis le début de son aventure. Aujourd’hui avec une adhésion des Tunisiens à son projet politique des plus squelettiques, Paris pourra-elle continuer à fermer les yeux sur ce flagrant déficit démocratique sous le simple prétexte que Kais Saied a promis d’être un barrage au retour des islamistes du parti Annahda au pouvoir? Paris tente déjà de jouer les avocats de la Tunisie auprès des instances financières internationales.
Les récents échecs électoraux et les multiples coups de force contre la constitution sous l’ère de Saïd Saied vont certainement compliquer le plaidoyer français en faveur de la Tunisie auprès de ces institutions dont le soutien paraît vital pour l’économie du pays.
Le seul « exploit » dont les Tunisiens peuvent « s’enorgueillir » est de voir que leur président à l’expression bizarre et aux comportements lunatiques, a opéré une grand rapprochement avec le régime algérien depuis qu’a la surprise générale, il avait reçu en grandes pompes le chef du mouvement séparatiste du polisario Brahim Ghali. Depuis la Tunisie est généralement décrite dans les réseaux sociaux comme une wilaya algérienne, sans aucune souveraineté.
Impasses tunisiennes !
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