Insécurité à l’Est : Qui a convaincu Félix Tshisekedi de l’existence d’un accord RDC-M23 conclu sous Kabila ?

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A Addis-Abeba le 19 et à Kinshasa le 22 février 2024, le Chef de l’Etat a eu des mots d’une dureté extrême à l’égard du régime Kabila à propos de l’accord conclu entre la République Démocratique du Congo et le M23 à Kampala. De quel accord s’agît-il ? Car, le processus de Kampala avait donné lieu non pas à un accord, mais à des Déclarations du reste signées séparément. Lors de leur publication à Nairobi le 12 décembre 2013, diverses réactions avaient été enregistrées. Dont celles de Thierry Vircoulon, analyste à International Crisis Group (ICG)…

Il faut être à deux pour danser le Tango

Voici le contenu intégral extrait du “Décryptage des déclarations signées par la RDC et le M23″ publié le 18 décembre 2013 par URIN reprenant l’opinion de Thierry Vircoulon : «*Pour commencer, on ne peut pas vraiment appeler cela un accord de paix. L’Ouganda […], la RDC et le M23 ont tous signé des documents individuels, mais aucun ne peut être appelé accord de paix et aucun ne porte la signature des trois parties engageant le processus de négociation ougandais. Ces documents sont le résultat de la pression exercée par les partenaires internationaux sur le gouvernement congolais. Ce dernier a clairement dit qu’il ne voulait pas signer d”accord de paix’ avec le M23, mais en même temps, il était nécessaire de clore les pourparlers en Ouganda et d’apporter une solution pour le M23.

«*La question centrale est désormais de savoir quel mécanisme juridique sera appliqué aux chefs du groupe armé (M23). On ne sait pas clairement si le gouvernement congolais veut les poursuivre en justice ou s’il se montrera accommodant d’une manière ou d’une autre. Les partenaires internationaux (les Nations Unies, l’Union européenne, l’Union africaine, etc.) semblent se sentir à l’aise avec le principe d’amnistie tant qu’il ne s’applique pas aux crimes les pires du système juridique international. Les autorités congolaises, les Nations Unies et d’autres parties prenantes n’ont pas encore affiché clairement leur position sur cette question clé».

La confusion à laquelle il faut absolument mettre fin porte sur l’accord, réel celui-là, conclu à Goma entre le Gouvernement congolais et le Cndp le 23 mars 2009 sous la facilitation du président nigérian honoraire Olusegun Obasanjo.

Pour convaincre la partie congolaise de la nécessité d’un accord, cet habitué des règlements des conflits en Afrique avait même utilisé la formule “Il faut être à deux pour danser le tango !”.

Fait de notoriété publique : le M23 est né de la non-application par le Gouvernement de certaines dispositions convenues dans cet accord. Sa sortie publique avait eu lieu le 4 avril 2012. Soit trois ans après la signature de l’Accord de Goma.

Etant une entité distincte du Cndp, il ne peut nullement se substituer à ce dernier pour récupérer à son compte l’Accord de Goma et s’en prévaloir comme cosignataire.

En d’autres termes, il n’existe pas d’accord RDC-M23.

La difficulté est justement à ce niveau. Une opinion, mal informée, distille la thèse selon laquelle le Gouvernement avait signé un accord avec le M23 en dehors de celui avec le Cndp. Faux !

Entre les deux parties, il y a les Déclarations de Nairobi.

Pour la partie congolaise, la position exprimée par François Mwamba, alors coordonnateur du MNS, sur chacune d’elles, est reprise dans Jeune Afrique le 12 décembre 2013. En voici le contenu intégral : “*Selon François Muamba, le coordonnateur congolais du Mécanisme national de suivi de l’accord-cadre d’Addis-Abeba, ‘ trois documents’ étaient sur la table dans la capitale kényane. Le premier, celui du M23, devait réaffirmer sa déclaration de fin de rébellion rendue public le 5 novembre, quelques heures après la défaite militaire. Dans le deuxième document, le gouvernement [congolais, représenté sur place par son ministre des Affaires étrangères, Raymond Tshibanda, NDLR] ne devait que prendre acte de la déclaration du M23″ et s’engager à garantir aux ex-combattants du mouvement rebelle une ‘réinsertion sociale’. La Déclaration de Nairobi, troisième document, tire enfin les conséquences de ces deux documents et consacre la fin du processus de Kampala. Un ‘document historique’ signé par le président ougandais et médiateur Yoweri Museveni (pour le compte de la Conférence internationale pour la région des Grands Lacs, CIRGL) et la présidente du Malawi, Joyce Banda (pour la SADC), en présence du président kényan, Uhuru Kenyatta, a indiqué Manoah Esipisu, porte-parole de la présidence kényane”

A sa portée des femmes, des hommes et des structures…

La question est alors de savoir qui a fait dire au Président Félix Tshisekedi les faussetés au sujet du fameux accord Gouvernement/M23 !

Après tout, parmi les personnes ressources crédibles pour le renseigner sur la vérité des faits, il y a justement François Mwamba, actuel coordonnateur du Conseil d’Eveil Stratégique Présidentiel, structure rattachée à la Présidence de la République.

Il y a aussi Claude Ibalankir, son successeur. On suppose qu’en tant que successeur de François Mwamba, il a eu tout le temps de mieux se renseigner pour bien renseigner le Président de la République.

De même qu’il y a au sein de la Cirgl des collègues qui en savent beaucoup sur le Processus de Kampala. Félix Tshisekedi a bien sympathisé à un moment ou à un autre avec Paul Kagame et Yowerie Museveni.

On peut intégrer parmi ces personnes ressources les responsables de la Monusco, Conseil de sécurité et Secrétariat général compris.

Il y a en plus des experts indépendants comme Thierry Vircoulon d’International Crisis Group.

En un mot (comme en cent), Félix Tshisekedi avait et a à sa portée des femmes, des hommes et des structures qui ont une connaissance large de la question M23.

Condamnés à rester à la traîne…

Entre-temps, les 5 premières années de son mandat doivent l’avoir édifié sur le non-sens de juger avec les données d’aujourd’hui les actes d’Etat posés ou commis hier dans un contexte plutôt différent du sien !

Exemple éloquent : hier, sous Kabila, le Conseil de sécurité des Nations Unies renouvelait à l’envie l’embargo sur les achats d’armes par la RDC, malgré le veto répété de la Russie et de la Chine.

Que cet embargo ait été levé sous Tshisekedi ne dissout pas pour autant les effets de la sanction sur le dispositif sécuritaire de la RDC, armée gouvernementale en tête. Des années durant, les militaires congolais étaient recrutés, entraînés, mais surtout équipés en utilisant des circuits trop compliqués pendant que les pays voisins comme le Rwanda et l’Ouganda utilisaient, eux, des voies ” aisées “.

Voir, entendre ou apprendre aujourd’hui les Congolais se réjouir de l’annonce de la suspension de la coopération militaire avec le Rwanda au même moment où la Pologne sort sa tête est la preuve de l’amateurisme qui caractérise malheureusement une part importante de la société pensante congolaise. Ce, d’autant plus que les séquelles, elles, restent.

La RDC est, comme qui dirait, en train de s’empoigner autour des séquelles pendant que ses adversaires, tout comme ses ennemis, sont à la conquête des nouveaux horizons.

Ainsi, les Congolais sont condamnés à rester à la traîne, en plus dans la diversion.

La preuve éloquente est cette frénésie en observation autour du nouveau monstre du Loch Ness dénommé Accord Gouvernement-M23 !

On s’acharne à vouloir le faire exister. L’IA est peut-être déjà actionnée. Ou, pour faire soft, activée.

En attendant, les connaisseurs du processus de Kampala se demandent, eux, pourquoi, jusqu’aux sommets les plus élevés de la République, on fait d’un Accord RDC-M23 inexistant une fixation ! Car, si un tel accord existait, le M23, Yowerie Museveni, Paul Kagame, François Mwamba, Claude Ibalanky, les Occidentaux, etc. l’auraient publié…

 

Omer Nsongo die Lema

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