Le vocable patrouille financière est une création de Jules Alingete qui l’a utilisé pour la première fois dans ses interviews avec les médias congolais et autres. Un concept utilisé dans l’armée et la police pour désigner des opérations de contrôle systématique pour identifier un ennemi ou contrôler et identifier les suspects. Il existe également dans l’armée de l’air, des avions patrouilleurs qui survolent un territoire, un pays, une commune pour identifier un camp ennemi ou des fugitifs.
On ne s’improvise pas Inspecteur des finances. Jules Alingete est un auditeur financier qui a un bon cursus universitaire. Il a été nommé par ordonnance présidentielle pour surveiller l’utilisation de l’argent du trésor public.
Pour ce faire, il a inauguré une méthode de contrôle de routine, les patrouilles financières. Il s’agit du contrôle à priori, contrôle à posteriori et le contrôle concomitant. Le contrôle à priori a un caractère administratif et répond à un certain nombre des critères administratif en amont. Avant de procéder à une dépense, il y a des conditions à respecter et à remplir. On a constaté que beaucoup de ministres ou mandataires publics sabotent cette étape.
Le contrôle à posteriori est un constat sur les dépenses faites soit dans les normes ou pas du tout. C’est un contrôle sur les pièces comptables et le contrôle sur la régularité dans la procédure dans la passation des marchés publics, la qualité des intervenants et le mode d’attribution des marchés.
Le contrôle concomitant porte sur la gestion quotidienne pour encadrer les sorties de fonds. L’Igf travaille en équipe et donne son avis sur la sortie des fonds. Les Inspecteurs de finances peuvent s’opposer à la sortie des fonds pour des raisons d’orthodoxie.
L’Igf travaille en équipe ou brigade avec un chef de mission pour une certaine période de contrôle. Cela suppose une grande maîtrise en comptabilité, et en audit, connaître les comptes de bilan et les compte de gestion, maîtriser le tableau de formation de résultats.
Être en mesure de dénicher les fraudes comptables, soit dans la clef de répartition des charges, dans le calcul des amortissements. Les Inspecteurs de finances ont suivi plusieurs modules de formation en audit et contrôle financier et sont capables de faire le tableau de formation des résultats.
Ainsi, tout mandataire public qui pose des actes de gestion doit être contrôlé par l’Igf.
Dans un ouvrage intitulé : « les dérives d’une gestion calamiteuse », le professeur Mabi Mulumba qui avait dirigé la Cour des comptes pendant la deuxième République avait dénoncé en son temps les mauvaises pratiques de gestion et n’avait aucun pouvoir d’y mettre fin.
L’Inspecteur général des finances sous la deuxième République, feu Kayumba n’avait pas 50 inspecteurs de finances. C’est en 1989 que le professeur Timothée Katanga recruta 50 inspecteur des finances et créa la Direction générale des contributions avec un corps d’inspecteurs de contributions sous la direction du DG Muderwa.
L’IGF a paralysé plusieurs tentatives de détournement des deniers publics
Aujourd’hui, le nombre des inspecteurs des finances a atteint 200 cadres et près de 400 inspecteurs des impôts pour la Dgi.
Avec l’avènement de Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo à la tête de la Rdcongo, l’Igf a été activée avec la nomination de Jules Alingete Key comme Chef de service principal qui a donné une autre figure à l’Inspection générale des finances. Plusieurs dénonciations de fraudes, corruptions et détournements ont lieu dans les médias et leurs auteurs déférés devant la justice.
Plusieurs opérations maffieuses ont été dénoncées dans les médias par l’Igf. On peut citer entre autres, le projet de construction de l’aéroport de N’djili avec la société turque Milvest pour 1,2 milliards de dollars américains. Un contrat surfacturé et financé en procédure d’urgence du Centre financier de Kinshasa pour 400 millions de dollars américains, Kinshasa Arena, une salle des spectacles pour 105 millions dont les travaux sont à l’arrêt.
L’Igf a stoppé Samba Bathily et Diabi qui attendaient une manne de 700 millions de dollars pour les cartes d’identité nationale. Un marché qui avait déjà rapporté 20 millions de dollars que l’Igf a intercepté et ramène dans le compte du trésor.
Un autre coup porté contre les prédateurs, ce sont les bulletins scolaires qui devaient coûter à l’État, 40 millions de dollars pour le Libanais Khanafer et le ministre de l’Epst. Un montant de 8 millions de dollars a été récupéré auprès du Libanais. Le forage des puits hyperfacturés et des lampadaires dans les mêmes procédures
Le réseau maffieux avait réussi à faire débloquer 71 millions de dollars américains parfois en liquide, parfois par des opérations qui scandalisent la Banque centrale du Congo.
Le partenaire de marchés de forages Stever Construct n’a aucune existence légale.
Au Fonds forestier national et Fonds de garantie de l’entrepreneuriat Fogec, l’Igf avait réussi à stopper l’érosion financière en bloquant les opérations bancaires.
A la Gecamines, l’Igf a fait payer aux mandataires (membres du conseil d’administration), dix millions de dollars indûment perçus comme avantages auprès de la filiale Simco (Société immobilière du Congo). Jules Alingete était resté intraitable et les mandataires étaient bien obligés de rembourser. Même chose à Manono dans le Haut Katanga. Grâce à l’Igf, la Cominiere avait été sauvée de la jointe venture avec la firme Dathomir qui avait tenté de céder frauduleusement 60% des parts à la société Anz.
Toutes ces actions de terrain ont amélioré l’image de la gestion des deniers publics par la lutte contre les détournements et la corruption.
Un autre détournement cité concerne 70 millions de dollars que l’ancien Directeur de cabinet et intervenants se sont partagé des fonds consécutifs aux négociations avec Tenke Fungurume Mining et à la révision du contrat chinois qui a occasionné un manque à gagner pour la partie congolaise.
Les réseaux maffieux considèrent que Jules Alingete a franchi le Rubicon en mettant en difficultés l’ancien argentier à qui l’on attribuerait un vaste réseau de détournement des deniers publics dans les partenariats des marchés publics, détournements de procédures, trafics d’influence, décaissement en mode d’urgence prohibé par le Fonds monétaire international et la Banque mondiale. Des projets fictifs démasqués et des milliards ont été saisis par l’Igf.
Inculquer le respect des biens publics
Si nous jetons un regard en arrière, le président Kasa-Vubu était un bon Mukongo bien connu pour sa probité morale. La première génération des politiciens congolais avait quand même un certain respect pour les biens publics.
C’est à partir de la deuxième République sous Mobutu que le Congo Kinshasa était devenu un bien dans maître. Mbongo ya l’État eza lokola ndjoko esilaka te, muntu atetaka nguba batalaka te n’a munoko te.
Depuis cette période, la politique au Congo Kinshasa était devenue comme une machine à fabriquer les riches. Des dirigeants politiques qui pillent les caisses de l’État, une période d’accumulation des richesses.
C’est à partir de 2018 que l’Igf a été activée par le quatrième président de la République, Félix Antoine Tshisekedi, que les patrouilles financières ont commencé à traquer et à lutter contre les prédateurs de deniers publics.
L’on doit féliciter le courage de Jules Alingete Key, le gendarme congolais qui protège les finances de l’État et qui donne des sueurs froides aux détourneurs des deniers publics.
Pour mettre de l’ordre dans la gestion des finances publiques, la Rdcongo a besoin de beaucoup de Jules Alingete Key, des cadres bien formés en audit et qui n’ont peur de personne. Le ministère des Finances devrait avoir plusieurs groupes d’espionnage et de contre-espionnage pour lutter contre la corruption et le détournement des deniers publics.
Alex Tutukala