Lamia Boumehdi, l’âme d’un football féminin en pleine éclosion

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À l’occasion du Mois des Droits des Femmes, CAFOnline.com met en avant celles qui façonnent et dynamisent le football féminin en Afrique. Parmi elles, Lamia Boumehdi se distingue par son parcours inspirant et son engagement sans faille. Ancienne internationale marocaine devenue entraîneure et instructrice, elle a transformé les défis en opportunités et s’est imposée comme une figure incontournable du football féminin sur le continent.

Son histoire est celle d’une passion qui transcende les obstacles. En devenant l’une des premières femmes entraîneures au Maroc, elle a ouvert la voie à de nombreuses autres. Son succès avec le TP Mazembe, sacré champion d’Afrique en Ligue des Champions féminine, témoigne du talent et du sérieux qu’elle insuffle à son travail. Plus encore, il symbolise l’évolution positive du football féminin africain, soutenu par des compétitions structurantes et des initiatives de développement portées par la CAF.

Dans cet entretien, la tacticienne partage avec enthousiasme son expérience, ses ambitions et sa vision pour l’avenir du football féminin. Elle revient sur les progrès réalisés, l’émergence de nouvelles opportunités et l’importance de la formation. Portée par une énergie communicative, elle adresse également un message fort aux jeunes filles aspirant à une carrière dans ce domaine : avec du travail et de la persévérance, tout devient possible.

CAFOnline.com : Lamia, vous avez d’abord été joueuse avant de devenir entraîneure. Comment s’est effectuée cette transition et qu’est-ce qui vous a motivée à embrasser cette carrière ?

Lamia Boumehdi : La transition n’a pas été simple. À mon époque, il y avait très peu de femmes entraîneures, et je faisais partie des premières au Maroc à me lancer dans cette voie. Passer de joueuse à entraîneure exige un changement mental et psychologique profond. Ce qui m’a beaucoup aidée, c’est la formation. J’ai suivi un cursus de cinq mois à l’université de Leipzig, où j’ai appris tous les aspects du métier : technique, tactique, préparation physique et mentale, gestion de la transition… Mais surtout, devenir entraîneure était une nécessité. Une blessure m’a contrainte à arrêter ma carrière de joueuse, et pour rester connectée à ma passion, le coaching était la seule voie.

Avez-vous été confrontée à des préjugés ou des résistances en tant que femme entraîneure ?

Malheureusement, oui. Que ce soit en tant que joueuse ou en tant que coach, j’ai souvent dû faire face à des mentalités rétrogrades. Certaines personnes considèrent encore que la place d’une femme est ailleurs que sur un terrain de football. Heureusement, ces mentalités évoluent et ne représentent pas la majorité.

Vous êtes une pionnière du football féminin africain. Comment percevez-vous son évolution ?

Le progrès est immense ! Aujourd’hui, plusieurs pays africains ont des championnats professionnels. L’organisation de la CAN féminine au Maroc a été un tournant majeur avec un engouement populaire remarquable. La Ligue des Champions féminine a aussi permis aux clubs de se structurer. Avec l’apparition de nouvelles compétitions comme la Coupe du Monde des clubs ou la Coupe du Monde féminine de Futsal, il y a une vraie dynamique en Afrique, soutenue par la CAF à travers des initiatives comme la formation des entraîneures et le développement des compétitions scolaires.

Avez-vous des modèles qui vous ont inspirée dans votre parcours ?

Mon modèle, c’est ma mère. Elle ne s’est jamais laissée abattre par les difficultés et m’a transmis cette force. Dès mon plus jeune âge, elle m’a soutenue contre vents et marées, malgré les critiques de ceux qui trouvaient anormal qu’une fille joue au football.

Que faudrait-il faire pour encourager davantage de femmes à devenir entraîneures, arbitres ou dirigeantes ?

Avec la progression du football féminin en Afrique, de plus en plus de femmes souhaitent embrasser ces carrières. La génération actuelle offre un modèle positif qui motive les jeunes filles. Il faut continuer à leur donner les moyens de se former et de se professionnaliser.

Quelle est votre plus grande fierté en tant qu’entraîneure ?

Remporter la Ligue des Champions féminine avec le TP Mazembe après seulement un an et demi de travail. Habituellement, un tel succès est le fruit de quatre ou cinq ans de construction. Cette victoire est un accomplissement immense.

Comment avez-vous vécu ce sacre et quelles sont ses répercussions sur le football féminin en République Démocratique du Congo ?

Ce fut un moment de joie intense, mais il a vite fallu tourner la page et se projeter sur la prochaine édition. Cette victoire a eu un impact direct sur le championnat féminin en RD Congo : les équipes se structurent davantage, car elles aspirent à décrocher une place en Ligue des Champions.

Merveille Kanjinga est partie au Paris Saint-Germain après ce succès. Comment avez-vous vécu ce transfert ?

C’est une immense fierté de voir une joueuse formée ici rejoindre un club d’envergure comme le PSG. Bien sûr, en tant qu’entraîneure, perdre une joueuse de cette trempe est un coup dur, mais je suis heureuse pour elle. Elle est la première Congolaise à signer directement dans un club professionnel européen, et cela montre la qualité du travail effectué ici.

Vous avez récemment pris en charge les Léopards dames en qualifications pour la CAN 2026. Comment avez-vous géré cette double fonction ?

Ce n’était pas ma première expérience à la tête d’une sélection, j’avais déjà dirigé l’équipe du Maroc. Pour la RDC, les conditions étaient particulières : j’ai pris mes fonctions deux jours avant le premier match face au Botswana. Nous étions limités en effectif, mais nous avons su nous qualifier. Il est important que la fédération continue à investir dans le football féminin, car le potentiel est immense.

Vous tenez à développer la formation avec l’académie du TP Mazembe. Pouvez-vous nous en parler ?

L’académie regroupe de jeunes joueuses qui évoluent avec l’équipe senior, faute de championnat de jeunes en RD Congo. L’an dernier, elles ont terminé troisièmes du championnat national, ce qui montre leur potentiel. Nous misons sur elles pour assurer la relève et structurer durablement le football féminin au TP Mazembe et en RD Congo.

Quel conseil donneriez-vous aux jeunes filles aspirant à une carrière dans le football, que ce soit en tant que joueuses ou dans d’autres rôles ?

Avant tout, il faut travailler sans relâche. Le travail est la clé. Il ne faut jamais se décourager. Bien sûr, tout le monde ne sera pas toujours là pour aider, et des obstacles se présenteront sur le chemin. Mais l’essentiel est de les surmonter et de persévérer jusqu’à atteindre son objectif.

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