Dans une déclaration, devant la presse ce mercredi 03 mai 2023, dont le récit est parvenu à la rédaction par le biais du journaliste de proximité Augustin Tsheza, les organisations féminines de la société civile réunies au sein du Collectif des Femmes (COFE), engagées dans la lutte pour la promotion et la défense des droits de la femme, de la paix et la cohabitation pacifique entre les communautés dans la Province de la Tshopo, se disent très « bouleversées » par la résurgence des conflits entre groupes ethniques Lengola – Mbole qui sévit ces jours dans la périphérie de la ville de Kisangani, sur l’axe routier Kisangani – Opala.
« Nous sommes très préoccupées par les conséquences incommensurables, conséquences découlant des affrontements armés, pour lesquels on compte d’innombrables pertes en vies humaines, destructions méchantes, couplées à l’incendie de plusieurs biens: édifices privés et publics, champs et animaux domestiques, pour ne citer que ces faits », déclarent ces femmes.
Et Comme si cela ne suffisait pas, le collectif des femmes de la Tshopo se lève et hausse le ton sur divers actes de vandalismes qui viennent se joindre aux faits susmentionnés comme les pillages des biens de la population, occasionnant entre autre les déplacements des populations, à la recherche d’un abri, les tracasseries militaires, policières et administratives.
« Aussi, il y a lieu de mettre également en évidence, le fait que les enfants à l’âge scolaire et fréquentant les établissements de l’enseignement ne savent à qui donner la tête, surtout que ces hostilités empêchent fondamentalement une quelconque organisation dans ces milieux de vie », disent ces femmes, qui ajoutent que plusieurs familles sont forcées de se déplacer soit pour la forêt, soit dans certaines agglomérations plus ou moins sécurisées, avec toutes les conséquences que l’on peut s’imaginer, notamment la prise en charge sur divers plans: sanitaire, alimentaire et autres.
« Dans ces différents affrontements, les femmes, les enfants et les personnes de troisième âge se recrutent parmi ceux qui paient le lourd tribut. Jusqu’au moment où nous couchons ces lignes, aucune prise en charge ou plan de contingence n’est opérationnel », regrettent-elles.
Des recommandations à tous les niveaux
À la lumière de ce qui précède, fort de la Résolution 1325 du Conseil de Sécurité des Nations Unies sur « la femme, paix et sécurité », de l’article 30 de la Constitution de la République Démocratique du Congo qui stipule: Toute personne qui se trouve sur le territoire national a le droit d’y circuler librement, d’y fixer sa résidence, de le quitter et d’y revenir, dans les conditions fixées par la loi. Aucun congolais ne peut être ni expulser du territoire de la République, ni être contraint à l’exile, ni être forcé à habiter hors de sa résidence habituelle » et à l’issue des échanges avec certains membres du bureau de l’Assemblée Provinciale et du Gouvernement provincial, autres leaders communautaires et quelques victimes de ces drames, le Collectif des Femmes de la province de la Tshopo formule les recommandations ci-dessous :
Aux Députés Nationaux et Sénateurs du caucus de la Tshopo : D’interpeller le gouvernement central sur cette question ayant fait couler beaucoup de sang dans la province de la Tshopo ; De contacter diverses institutions nationales et autres agences humanitaires spécialisées dans les secours d’urgences des populations en détresse.
A l’Assemblée Provinciale de la Tshopo, d’interpeller le gouvernement provincial de la Tshopo sur cette question ; D’exiger au gouvernement provincial, en toute urgence et sans délai, le plan de contingence pour voler au secours de ces communautés en détresse.
Au Gouvernement Provincial de la Tshopo, d’asseoir l’autorité de l’État sur toute la province de la Tshopo ; D’assurer la protection des personnes et de leurs biens ; De prendre les dispositions utiles en vue prévenir ces genres de conflits ; D’intervenir efficacement en vivres et autres biens de premières nécessités, dans ces milieux en proie aux conflits armés, en vue de soulager tant soit peu ces populations en détresse.
Aux Cours et Tribunaux civils et militaires, de diligenter d’enquêtes sur le terrain, en vue d’établir les responsabilités des uns et des autres ; De déférer devant les juridictions compétentes, toute personne impliquée de loin comme de prêt, d’une manière ou d’un autre dans ces hostilités.
Aux leaders de ces deux communautés, de prêcher pour la réconciliation et la cohabitation pacifique entre toutes les communautés, conformément à l’article 30 de la constitution de la RDC ; De s’abstenir des discours incendiaires et divisionnistes ; De collaborer avec les institutions étatiques en vue d’assoir l’autorité de l’Etat sur l’ensemble de la province de la Tshopo
Aux communautés locales, toutes tendances confondues, de s’accepter mutuellement ; De respecter les lois de la république, notamment l’article 30 de la constitution de la RDC, susmentionné.
Willy Makumi Motosia