N’importe qui ne doit être victime de rabaissement ou de la méconnaissance de sa dignité.
Un père ne doit pas être humilié devant ses enfants par un bourreau circonstanciel qui surgit dans sa maison. Une mère ne doit pas être obligée de coucher avec son fils. Un domestique n’est pas l’esclave de son patron pour subir n’importe quel caprice.
Il y a donc lieu de condamner ce que le Cardinal de subi à l’aéroport international de Ndjili.
Seulement, la société congolaise est en passe de devenir la championne de la dégradation de la dignité humaine. Le manque de respect de l’autre est le propre de tout celui qui occupe ou pense occuper une parcelle de pouvoir, de quelle que nature qu’il soit.
Le mépris, la violence, les insultes et les attaques personnalisées, étant le propre du discours politique en RDC et de l’opinion des influenceurs de la société, à travers les églises, les mouvements sociaux et les médias, participent à l’humiliation de l’autre dans un état d’insouciance inimaginable.
Ce qui est paradoxal et crée un malaise est le fait de voir l’indignation de la part de l’église pour une personne qui a fait le choix du chemin de la croix, de la voie de son maître Jésus, qui a sauvé l’humanité par l’acceptation de l’ignominie et de l’humiliation par une mort réservée aux voleurs et bandits de sa société. Ce choix d’une vie détachée de la recherche des honneurs personnels, de la reconnaissance publique d’une certaine dignité loin de la vie des pauvres, devrait contraindre les disciples de Jésus à être au milieu de ceux qui souffrent.
En préférant les salons d’honneurs, les privilèges de ceux qui règnent sur la misérable population pour partager leur mode de vie, celui des riches et dominateurs, les pasteurs s’éloignent du peuple et méconnaissent les conditions de misère des congolais.
En voulant une vie matérielle aisée, semblable à celle des politiciens congolais qu’ils critiquent, les pasteurs sont loin d’être les modèles voulus de notre société dans la gouvernance du monde.
Puisqu’ils ne se battent pas aux côtés du peuple en partageant leurs souffrances, dont les tracasseries dans les aéroports et les transports publics, les chefs spirituels jouent au contre-exemple et diluent leur autorité morale.
Tout en gérant mal le patrimoine de leurs communautés, qui ne se développent pas ou régressent par rapport au niveau de la colonisation, les gouvernements des églises, auxquels participent ou devraient normalement participer les laïcs, se placent sous la lumière de leurs propres critiques adressées aux politiciens.
La faillite de la famille, de l’école et de l’église en RDC ont une conséquence directe et néfaste sur la gestion publique.
La crise morale de la société congolaise, dont l’origine profonde est dans une sorte de dépravation de la spiritualité, a fait que les grands voleurs de la vie publique et délinquants politiques sont des chrétiens ou assimilés. Ce qui devait être le souci majeur et primordial des chefs spirituels chrétiens pour une remise en question de leur leadership ecclésiastique et de la manière d’évangéliser.
Comment expliquer voir un peuple à 80 % chrétien vivre sans les valeurs chrétiennes, au point de magnifier la corruption, la course à l’enrichissement personnel, l’injustice, le tribalisme, le pouvoir absolu de quelques individus et les détournements, y compris dans les églises ?!
La société congolaise à construire est celle des privilèges du peuple, dont chaque membre est respecté, considéré et valorisé quel que soit sa condition sociale.
Les privilèges exorbitants des dirigeants, dans la vie publique et dans la société civile, au mépris des droits de la majorité, doivent être bannis et ceux qui en jouissent devraient avoir honte de les revendiquer davantage.
La révolution spirituelle, dans laquelle le leadership ecclésiastique est le plus attendu, sera le moteur du changement qualitatif de notre société.
La Kombolisation est en marche.
Bamuangayi Kalukuimbi Ghislain, Libre penseur