« Je suis proche de vous. Vos larmes sont mes larmes, votre souffrance est ma souffrance » : c’est ce que le pape François a dit en s’adressant aux victimes des violences commises à l’est de la République démocratique du Congo, mercredi 1er février 2023, la première journée de son voyage apostolique en RDC et au Soudan du Sud, indique Vatican News.
Le pape a écouté les quatre récits des victimes – d’un jeune agriculteur de 16 ans, d’une jeune fille de 17 ans de Goma, d’un survivant déplacé, d’une femme de 33 ans – qui ont chacun apposé un geste de réconciliation, déposant au pied de la Croix les objets de leurs tortionnaires : « uniformes, machettes, marteaux, haches, couteaux ». « Il n’y a pas de mots; il faut seulement pleurer en silence », a relevé le pape François après avoir écouté leurs témoignages. Il a énuméré les noms des localités d’origines des victimes – « Bunia, Beni-Butembo, Goma, Masisi, Rutshuru, Bukavu, Uvira » – soulignant que ces « lieux » ne sont « presque jamais » mentionnés par « les médias internationaux ».
Le pape François a exprimé sa proximité à toutes les victimes et à leurs proches : « À chaque famille en deuil ou déplacée en raison des villages brûlés et d’autres crimes de guerre, aux survivants des violences sexuelles, à chaque enfant et adulte blessé, je dis: je suis avec vous, je veux vous apporter la caresse de Dieu. Son regard tendre et compatissant se pose sur vous. »
Le pape a déclaré: « Il n’y aura pas de paix en RDC tant qu’elle ne sera pas obtenue dans la partie orientale du pays. » Il a qualifié cette guerre de « déchaînée par une insatiable avidité de matières premières et d’argent », ajoutant qu’elle alimente « une économie armée laquelle exige instabilité et corruption ». « Quel scandale et quelle hypocrisie, s’est-il exclamé: les personnes sont violées et tuées alors que les affaires qui provoquent violences et morts continuent à prospérer! »
Dans son discours, le pape François a adressé un appel à toutes les personnes qui s’enrichissent de la guerre : « Vous vous enrichissez par l’exploitation illégale des biens de ce pays et le sacrifice cruel de victimes innocentes, a-t-il déclaré. Entendez le cri de leur sang: faites taire les armes, mettez fin à la guerre. Cela suffit ! Cela suffit de s’enrichir sur le dos des plus faibles, cela suffit de s’enrichir avec des ressources et de l’argent entachés de sang! »
Pour atteindre la paix, il a proposé quatre types d’actions basées sur deux « non » – à la violence et à la résignation – et deux « oui » : à la réconciliation et à l’espérance.
Le pape François a appelé à extirper les racines de la violence – l’avidité, l’envie, la rancœur – et à « désarmer » le cœur : « Je le demande à tous, au nom de Jésus qui a pardonné à ceux qui lui ont transpercé les poignets et les pieds avec les clous pour le fixer à une croix : je vous prie de désarmer votre cœur ». « Ce qui nous est demandé, a-t-il poursuivi, au nom de la paix, au nom du Dieu de la paix, c’est de démilitariser le cœur: ôter le poison, rejeter la haine, désamorcer l’avidité, effacer le ressentiment. » « La paix naît des cœurs, a-t-il affirmé, des cœurs libérés de la rancœur. »
Le pape a cité un proverbe, en demandant à répondre au mal par le bien, à la division par la réconciliation: « Dans la vie, a-t-il dit, fais comme le palmier: il reçoit des pierres, il rend des dattes. » La réconciliation, a-t-il ajouté, « transforme la réalité de l’intérieur plutôt qu’elle ne la détruit de l’extérieur ».
Pour le pape, « se réconcilier, c’est engendrer demain »: « Si l’on peut représenter la réconciliation comme un arbre, comme un palmier qui donne du fruit, l’espérance est l’eau qui le rend florissant ». Cette espérance a le nom du Christ : « Avec Lui, chaque tombe peut se transformer en un berceau, chaque calvaire en un jardin pascal, a conclu le pape. Avec Jésus l’espérance naît et renaît. »