Les maux de l’Afrique du Sud

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ChroniqueForce est de constater que la «nouvelle Afrique du Sud» fut immédiatement la proie de prédateurs politiques aussi incapables que corrompus, dont l’objectif principal était leur propre enrichissement. En trois décennies de pouvoir sans partage, l’ANC a ruiné un pays prospère, le transformant en un État du «tiers-monde» dérivant dans un océan de pénuries, de corruption, de misère sociale et de violences.

En Afrique du Sud, au lieu de se combler, comme l’ANC le promet depuis 1994, les inégalités se creusent davantage année après année. Aujourd’hui, 75% des familles noires vivent ainsi en dessous du seuil de pauvreté. Quant au taux de chômage, il est officiellement de 30% de la population active, alors que les agences indépendantes parlent de plus de 50%, avec des pointes à 80% dans certaines régions.

Les maux de l’Afrique du Sud sont connus et très bien documentés. Les cinq principaux sont:

– Le pays a vécu sur l’héritage légué par le régime blanc, sans procéder aux investissements indispensables dans les infrastructures, notamment en ce qui concerne l’électricité et les mines.

– Les mouvements sociaux paralysent l’économie minière, d’où un départ des investisseurs. Plus généralement, l’économie est prise en otage par les syndicats.

– L’Affirmative action a ruiné le pays en doublant les chaînes de direction et en provoquant le départ des cadres blancs.

– L’insécurité entretient un climat peu favorable à l’entreprise.

– Nombreux sont les cadres de l’ANC qui ont littéralement pillé le pays.

En dépit de ses outrances, Julius Malema, le leader révolutionnaire sud-africain, dit en partie vrai. Économiquement et socialement, un abîme s’est en effet creusé entre une minorité de privilégiés noirs, les Blacks Diamonds, et des millions de chômeurs, d’assistés et de travailleurs sous-payés qui paralysent le pays avec de continuels mouvements de revendication. Plus d’un habitant sur trois ne survit que grâce aux aides sociales, le Social Grant, et, aujourd’hui, le revenu de la tranche la plus démunie de la population noire est inférieur de près de 50% à celui qu’il était sous le régime blanc d’avant 1994!

L’héritage négatif de l‘Apartheid a, des années durant, servi d’excuse aux dirigeants sud-africains. Or, personne ne peut plus nier qu’en 1994, quand le président De Klerk laissa le pouvoir à Nelson Mandela, il légua à l’ANC la première économie du continent, un pays doté d’infrastructures de communication et de transport à l’égal des pays développés, un secteur financier moderne et prospère, une large indépendance énergétique, une industrie diversifiée, des capacités techniques de haut niveau et la première armée africaine.

Force est de constater que la «nouvelle Afrique du Sud» fut immédiatement la proie de prédateurs politiques aussi incapables que corrompus, dont l’objectif principal était leur propre enrichissement.

En trois décennies de pouvoir sans partage, l’ANC a ruiné un pays prospère, le transformant en un État du «tiers-monde» dérivant dans un océan de pénuries, de corruption, de misère sociale et de violences.

Coquille vide ne survivant plus que comme machine électorale destinée à distribuer des sièges de députés à ses membres, l’ANC est maintenant au pied du mur avec des masses noires paupérisées, qui constituent un bloc de plus en plus explosif. Ceci fait que, pour la première fois depuis 1994, les sondages ne garantissent plus au parti de Nelson Mandela une victoire automatique pour les prochaines élections.

Par Bernard Lugan

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