Les victimes des manifestations de l’Udps contre la révision constitutionnelle entre avril 1990 et décembre 2018 passées au compte de pertes et profits

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Kamerhe et Sama Lukonde découvrent finalement la vraie raison du choix porté sur eux par Tshisekedi pour diriger l’Assemblée nationale et le Sénat : confier au leadership de l’Est la charge de la re-visitation de la Constitution !

Va-t-on encore, désormais, organiser des messes, des marches, des colloques etc. en mémoire de tous les “Rossy Mukendi” victimes des actions de la rue dont seuls les initiés de l’Udps connaissaient la nature ? _”Une fois l’Udps au Pouvoir, nous changerons la Constitution_”, aurait déclaré Étienne Tshisekedi sans qu’on en situe le contexte. On sait seulement que s’exprimant à ce sujet, le secrétaire général statutaire et président national non statutaire de l’Udps, Augustin Kabuya, s’est réjoui le 10 octobre 2024 de lancer officiellement la campagne de mobilisation des combattants. _”Point n’est besoin de vous rappeler que la révision constitutionnelle est une promesse électorale de notre parti et cette réforme est capitale à plusieurs égards. Nous vous invitons, à partir de ce jour, chacun dans son ressort, à mobiliser et à conscientiser la base du parti, afin d’imprégner aux militants le bien-fondé de la mise en œuvre du processus de révision de la constitution en vigueur selon les normes prévues par cette dernière_”, a-t-il précisé*

Coup dur, coup dur, coup dur

C’est qu’Augustin Kabuya ne réalise pas, et avec lui certainement les zélés de l’Udps, c’est la gravité de l’aveu.

Ainsi, toute la bataille de l’Udps au cours de ses 37 ans d’opposition et ses 5 ans du premier mandat n’aura eu pour objectif que le changement de la Constitution, revendication première de la Lettre des 13 Parlementaires du 1er novembre 1980, Parlementaires qui deviendront en février 1982 les “pères fondateurs” de l’Udps.

En d’autres termes, toutes les manifestations publiques organisées entre 1990 et 2018 (récupération politicienne de l’Opération Lititi Mboka en 1990, soutien au pillage de 1991, Marche des Chrétiens de 1992 pour obtenir la réouverture de la Cns, journées ville-morte ayant affecté le climat des affaires, rejet des signes monétaires, suspension de la coopération structurelle occidentale et soutien à l’avènement du Fpr au pouvoir en 1994, soutien à l’Afdl en 1997, soutien au Rcd en 1998, boycott du Dialogue Inter congolais lors du round Sun City 1, refus d’intégrer le 1+4 issu de Sun City 2, boycott du référendum constitutionnel de 2005, parodie organisée autour de la candidature d’Étienne Tshisekedi en 2011, mise en échec systématique des pourparlers d’Ibiza et de Venise en 2015, rencontre Ile de Gorée la même année, rencontre de Genval en juin et journées folles du 19 au 21 septembre 2016, boycott du Dialogue de la Cité de l’Union africaine et participation aux négociations du Centre Interdiocésain de Kinshasa, marches initiées par le Comité des laïcs catholiques fin 2017 et début 2018, et même chantage autour des funérailles de feu Étienne Tshisekedi ne visaient que *le changement de la Constitution !

En plus, tous les ratages économiques et sociaux du premier mandat sont à insérer désormais dans ce cadre. De même que la navigation à vue en cours.

Dans cette logique, tous les “Rossy Mukendi” (morts, veufs, orphelins, handicapés à vie, exilés, prisonniers, pertes d’emplois, pertes de biens privés ou publics, etc.) apprennent à leurs dépens qu’ils servaient juste de caution à une Cause enfin révélée : la révision ou le changement de la Constitution !

Combien sont-elles, ces victimes ? On ne le saura jamais. Qui va devoir les dédommager ? Personne ne leur a demandé d’être en vie pendant que l’Udps luttait pour atteindre son objectif*.

Ce que l’Histoire va toutefois retenir, c’est que ce parti a agi avec une froideur inouïe, convaincu qu’on ne fait pas d’ *omelette sans casser les œufs.

Ces victimes sont passées au compte de pertes et profits.

-Coup dur pour les partis qui, depuis les années 1990, auront coalisé avec l’Udps à un moment ou à un autre ;

-Coup dur pour les organisations patronales, syndicales et religieuses qui prenaient fait et cause pour ce parti ;

-Coup dur pour les ONG (Lizadho, Vsv, Asadho, Acaj) et les mouvements des jeunes comme Lucha, Filimbi etc. ayant soutenu l’Udps ;

-Coup dur pour les médias, dont la “presse rouge”, pour tout le travail de diabolisation abattu contre toutes les forces politiques et sociales qui tentaient de contenir la machine à broyer du lider maximo;

-Coup dur surtout pour les partenaires extérieurs qui n’ont eu de cesse, depuis les années 1990, de prendre des sanctions à l’égard des proches des chefs d’État. Ils croyaient faire mal à des acteurs politiques, mais en réalité c’est la population qui en fait les frais.

Conséquence, à cause de l’Udps fortifié par l’Occident à l’époque, la RDC va se jeter à son corps défendant entre les mains “rassurantes de la Chine compréhensive”. Et s’étant mis à froid avec ses “parrains” d’hier, Félix Tshisekedi ne jure plus que par la même Chine !

Tout ce beau monde va apprendre un certain 1er octobre 2024 qu’il n’aura servi qu’à une cause autre que celle affichée.

Effet boomerang

Est-ce que la révision ou le changement de la loi fondamentale n’est pas un acte légal ? Si !

C’est un acte légal.

Les mécanismes de sa révision sont prévus aux articles 218 et 219, quand bien même l’Udps renoue avec la pratique malsaine de la lecture partielle des textes.

En effet, dans sa stratégie de communication, ce parti met l’accent sur le premier article, ignorant que le sort de celui-ci est lié au second.

On ne peut de ce fait pas l’empêcher d’y avoir songé, même si le prix qu’il a fait payer au peuple congolais est celui de la méchanceté, pour ne pas dire de la cruauté.

Cependant, et on cessera jamais de le répéter, pour y arriver l’Udps ne doit pas se passer de ces mécanismes.

Autrement, il aura confirmé ce qui se constate sur le terrain : à l’opposition, il avait la même perception universelle de l’État de droit, des Droits de l’homme et de la Démocratie que tous les partis démocratiques au monde.

Au Pouvoir, il en a la perception contraire.

Tata Bo Moko

En plus, avec cette affaire de révision ou de changement “prophétisé” de la Constitution une fois aux affaires, l’Udps semble ne pas prendre conscience de l’effet boomerang au sein de l’Union sacrée de la nation.

Même s’ils n’ont pas encore réagi, il n’est pas exclu que les acteurs politiques comme Jean-Pierre Bemba, Vital Kamehre, Modeste Bahati, Michel Sama Lukonde ressentent mal ce qui s’apparente à un embrigadement du type mperien “Tata Bo ? Moko !” ; “Mama Bo ? Moko !” ; “Ekolo Bo ? Moko !” et “Mokonzi bée !”.

A moins d’avoir été prévenus, Kamehre et Sama Lukonde doivent se sentir pris au piège en acceptant le “cadeau” de Tshisekedi Tshilombo de diriger l’Assemblée nationale et le Sénat.

Là, Fatshi se sera révélé fin manœuvrier : éloigner l’Udps (son parti) et le Kasaï (son espace géographique) d’une opération aux effets incalculables, et y impliquer l’Est devenu le ventre mou du pays !

La Constitution est par essence un acte politique

La vérité à retenir de l’histoire du Congo est que le référendum constitutionnel a plus de chances de réussite lorsqu’il émane d’un consensus qui soit le plus large possible.

Celui de 1964 l’était puisque issu de la Conférence constitutionnelle. Celui de 2005 l’était aussi puisque issu du Dialogue Intercongolais.

Le référendum promu sera une énième première mondiale puisque, déjà, le pays n’a pas de problème… politique, dixit Félix Tshisekedi.

Pourtant, la Constitution est par essence un acte, un instrument politique !

En prévision du “pièce contre pièce”, les masques vont bientôt tomber avec une seule question : quand on a tout, que cherche-t-on encore à avoir de plus ?

Entre-temps, le prophète Étienne Tshisekedi n’aura pas été lui-même un modèle de démocratie au sein de l’Udps, moins encore de chacune des coalitions qu’il qualifiait de drôles d’attelages…

Omer Nsongo die Lema

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