A tous les chefs d’état africains et à leurs courtisans fougueux, instransigeants, zélés. Après la chute d’Ali Bongo, la fuite d’Alpha Condé et la neutralisation de Mohamed Bazoum que tout le monde a déjà oublié, si vous n’avez pas encore tiré les leçons qui s’imposent, alors le Sénégal vous parle. Ouvrez les yeux et revenez à la raison.
Lorsque le gouvernement de Macky Sall a radié Ousmane Sonko de la fonction publique, ils croyaient le broyer. Or sans le savoir, Macky Sall et son gouvernement le préparaient à un grand destin.
Lorsqu’en avril 2023, la justice a décidé de poursuivre Bassirou Diomaye Faye, Secrétaire général du PASTEF, pour outrage à magistrat, diffusion de fausses nouvelles et diffamation envers un corps constitué, il croyait le détruire et mieux atteindre son mentor Ousmane Sonko.
Lorsque dans la nuit du 14 avril 2023, les éléments de la police lourdement armés ont arrêté Bassirou Diomaye Faye devant son bureau des Impôts, pouvaient-ils se douter qu’ils arrêtaient le futur Président de la République, le successeur direct et immédiat de Macky Sall ?
Lorsque ce jour d’avril 2023, Bassirou Diomaye Faye est conduit à la prison de Dakar, et qu’il arrive comme un vulgaire délinquant, le régisseur de la prison et les surveillants pénitentiaires savaient-ils que c’est le futur Président de la République qu’ils envoyaient dans une cellule derriere les barreaux ?
Quand Macky Sall s’acharnait contre Ousmane Sonko et le traitait avec mépris comme l’on traite des voyous, a-t-il jamais imaginé qu’il passerait le témoin à son protégé Bassirou Diomaye Faye?
Quand, en avril 2023, Macky Sall a envoyé la police arrêter Diomaye Faye comme on arrête des voyous, quand en juillet 2023, Macky Sall et son gouvernement ont, contre la raison et la volonté du peuple sénégalais, arrêté et jeté Ousmane Sonko en prison, ils croyaient s’être débarrassés de leurs opposants. Macky Sall croyait en ce moment avoir balisé la voie pour l’élection d’Amadou BA son dauphin.
Quand, en février 2024, la candidature d’Ousmane Sonko a été rejetée, Macky Sall a-t-il redouté un seul instant la candidature de Bassirou Diomaye Faye? A-t-il jamais considéré cette candidature de substitution comme un challenger sérieux de son dauphin Amadou Ba?
En juillet 2023, Macky Sall a décapité le PASTEF en arrêtant Ousmane Sonko, Bassirou Diomage Faye et des centaines de dirigeants nationaux et régionaux du parti. Tous ont été emprisonnés. Dans la foulée, le PASTEF est dissout par le Gouvernement de Macky Sall. Mais Macky Sall et son gouvernement pouvaient-ils se douter que le parti de Sonko qu’ils ont arbitrairement décapité et dissout allait se reconstituer au sommet de l’Etat, que le Secrétaire Général de ce parti dissout allait présider le conseil des Ministres qui réhabilitera le PASTEF?
Le pouvoir est comme de l’alcool
Le pouvoir est comme l’alcool. Il peut vous saouler et faire croire à ses tenants qu’ils sont Dieu sur terre, qu’ils sont plus intelligents, plus malins que tous les autres. Mais même au pouvoir, nous ne sommes que des humains. Jamais un Président de la République, un Ministre ne peut avoir raison contre son peuple. Dans l’exercice du pouvoir, tâchez d’être humbles, modérés et justes. Le pouvoir est éphémère, précaire et révocable. Pensez à quand vous ne serez plus aux affaires, pensez à ce que vos successeurs feraient de vous, à ce que votre peuple fera de vous.
Macky Sall abandonnera ses complices
Le mardi 2 avril 2024, Macky Sall quittera le Palais de la République. Oui ce moment arrive toujours. Il partira avec sa femme et ses enfants à l’étranger. À mon avis, malgré tout ce que les Sénégalais lui reprochent, il ne leur arrivera rien de grave ni de méchant. On attaque pas un ancien chef d’état qui se range et se tait.
Mais Macky Sall abandonnera bien tous les complices de sa machine destructrice dans les mains de Ousmane Sonko, de Bassirou Diomaye Faye, de Khalifa Sall, de Karim Wade, de Mimi Touré et de tous les martyrs de son système.
A partir du mardi 2 avril 2024, Macky Sall laissera les policiers zélés, les magistrats véreux, les gendarmes du GIGN, ses ministres les plus zélés, la masseuse Adji Sarr, bref, toutes les personnes qu’il a manipulées et utilisés pour détruire ses adveraires, pour les maltraiter et les humilier.
Oui, Macky Sall et sa famille les laisseront seuls à leur sort et face à leurs victimes.
Les événements se produisent et succèdent sur notre continent, mais les africains n’en tirent aucune leçon. À tous ceux qui sont au pouvoir en Afrique, à tous ceux qui exercent un pouvoir quelconque de l’Etat, retenez ceci : le pouvoir est précaire et revocable. Ne vous prenez pas pour Dieu. Ne vous croyez pas plus malin que vos adversaires. Ne vous croyez pas plus forts que le Peuple qui vous a installés au pouvoir. Ne vous croyez pas invincibles. Soyez modérés et humbles. Respectez votre peuple ainsi que vos adversaires afin que demain, ils vous respectent à leur tour.
Face à vos actes, si votre peuple vous observe, vous critique mais ne réagit pas comme vous le redoutez, faites attention. Un peuple qui vous subit, qui vous observe sans rien dire, vous fera payer vos outrances, vos excès et votre hubris tôt ou tard.
Macky Sall et Amadou Ba en savent aujourd’hui quelque chose. Faites gaffe à ne pas être les prochains sur la liste.
Olofofo n°41 du 27 mars 2024