Arrivée au monde dans un climat de vive tension familiale
Papa Baudouin était issu de l’union entre M. Gustave Nsiala, fabricant et vendeur de vin de canne à sucre et Mme. Marthe Ntumba, ménagère et agricultrice (travaux de champ). Après la naissance de leur premier fils, feu Denis Mbata, ce jeune couple a été durement éprouvé par la perte successive et inexpliquée, à l’époque, de leurs enfants en bas âge. Ce qui provoqua une vive tension entre les 2 familles.
C’est dans ce contexte de crispation et d’incertitude sur le devenir de leurs enfants, lors des grossesses ultérieures, que papa Baudouin a été conçu. Pour conjurer le sort et infliger un avertissement sérieux à quiconque se rendrait responsable de festin macabre sur les êtres innocents, comme s’il se délectait de consommer le « mambulu », fruit sauvage très répandu dans la région, la famille se résolut d’appeler le nouveau-né Mambulu Makudia qui vint au monde le 13 novembre 1940. Il fut baptisé sous les prénoms Baudouin-Séraphin. L’enfant survécu au coup du sort qui semblait implacable sur le jeune couple. Cinq autres enfants naquirent dans la suite.
Parcours scolaire primaire sous le sceau de l’émancipation
Papa Baudouin a fait ses 3 premières années primaires à l’Ecole Sainte Famille a Kimbala, autrement appelé Kintanu, avant d’aller à l’internat de la mission catholique de Kisantu pour parachever la quatrième et la cinquième année primaire sélectionnée.
À noter à l’époque, l’immersion précoce de l’enfant dans l’internat, milieu dans lequel l’enfant apprend à forger son caractère, le sens de responsabilité et d’émancipation vis-à-vis de l’autorité parentale. Le régime matrilinéaire faisait que le jeune Baudouin était sous la responsabilité de son oncle Louis Mangani, en ce qui concerne l’encadrement pédagogique et la couverture des frais scolaires pour le reste de ses études jusqu’ à l’université.
Formation secondaire et universitaire
L’entrée des élèves au Collège « Notre Dame de Mbanza Mboma » était soumise à un très méticuleux concours, les places étant très limitées, du fait que cette institution accueillait les élèves provenant de l’ancienne province de Léopoldville qui comprenait le Bandundu, la Ville de Kinshasa et l’actuelle Province du Kongo Central.
En dépit de ces restrictions, le jeune Mambulu parvint à s’inscrire en 7ème gréco-latine, en 1955. Il s’agissait là d’un choix peu judicieux pour lui compte tenu de ses immenses potentialités manifestement ailleurs, ce que l’histoire va rapidement confirmer.
En effet il quittera alors le Collège en cinquième gréco-latine à la fin de l’année scolaire, en septembre 1958-1959. Toutefois, c’est dans ce Collège, que son chemin a croisé celui de futurs personnages de la République comme Maitre Nimy José, Umba di Lutete, Raphael Mpanu Mpanu, Ghonda Antoine père, Kimasi, etc.
Né sous le sceau du défi permanent, le jeune Mambulu est allé à l’assaut de la capitale Kinshasa pour conquérir l’Institut Saint Raphaël, célèbre pour ses humanités techniques commerciales. Sur le plan social, il habitait N’djili Quartier 2, av.Mampuka numéro 26, chez son oncle maternel, Pululu Antoine, mieux connu sous l’appellation « Mfumu Mbensa ». Il effectua avec succès ses études à partir des années 60-61 jusqu’à l’année scolaire 64-65. C’est alors qu’il croisera le chemin d’autres amis comme papa Mabeka Makundia Charles, Edmond Mpongo Meka, Prof Mbela Longin etc. A la fin de cette année, il passa un concours d’éloquence qu’il remporte haut la main. Ce qui lui valut une bourse d’étude en France à l’Université de Montpellier pour une licence en Sciences économiques qu’il termina avec succès en 1969.
Moment de Mariage et Progéniture abondante
Pendant qu’il passait les dernières années de licence à Montpellier, Papa Baudouin exprima à sa famille son intention de se marier. Selon les us et coutumes de l’époque, sa famille se chargea du choix de l’heureuse élue selon un criterium rigoureux en scrutant non seulement la moralité, les aptitudes intellectuelles et ménagères de la future fiancée mais aussi le profil moral et social de la famille de cette dernière. Le choix fut tombé sur Mlle. Lydie Mpembele Manyunga, institutrice au Lycée des Sœurs de Sacré-Cœur de Mbansa Mboma. Son Papa Ferdinand Mpembele était un très vénérable, réservé et dévoué infirmier de l’Hôpital de Kisantu. Tandis que la mère, maman Hélène Lufita, était une grande amie de longue date de l’épouse de l’oncle Louis de Papa Baudouin, maman Agnès Luafu. Les cérémonies prénuptiales ont eu lieu pendant que Papa Baudouin était encore en Europe. À peine rentré, le mariage religieux n’avait pas tardé. Il eut lieu le 08 août 1969, à Kisantu.
Feu Papa Baudouin a laissé une progéniture de 11 enfants dont les noms sont les suivants :
- Lieven Mambulu Mbata
- Yves Mambulu Nsiala
- Daddy Mambulu Mpembele
- Regis Mambulu Mangani
- Nanou Mambulu Ntumba
- Gladys Mambulu Lufita
- Patricia Mambulu Ntumba
- Olga Mambulu Nzekele
- Blaise-Pascal Mambulu Nseka
10.Francisca Mambulu Ntumba
11.Ketsia Mambulu Miezi.
Brillante carrière socio-professionnelle, tout un héritage à la postérité
À peine marié, le couple retrouva Kinshasa avec un minimum vital, pour ne pas dire rien qu’avec leur flamme amoureuse, pour habiter au départ au quartier 2 à Ndjili chez l’un des grands amis de couple, papa Claude Makengele. Bardé de son diplôme universitaire, le jeune Mambulu trouva rapidement un poste à la Banque Centrale du Congo et quelques cours supplémentaires au Lycée tandis que son épouse, institutrice au même Lycée Sacré Cœur de Kalina, actuellement Lycée Bosangani de la Gombe.
Avec leur premier revenu salarial, le jeune couple s’organisa pour avoir leur habitation et les équipements électroménagers, qui venaient enrichir un tourne disque meuble ramené de la France. Quelque temps après, le couple a déménagé au quartier 7 toujours à Ndjili. Vraiment ce couple a construit sa vie matérielle à partir de zéro, il a tout acquis à la sueur de leur front !
La vie professionnelle était inscrite dans le temps, accumulant patiemment connaissances et compétences à force d’un travail acharné, gravitant ainsi pas à pas les échelons pour arriver à devenir Directeur Principal et Chef de Département des
Etudes dans cette institution monétaire nationale. Au sein de ce dernier Département, il a eu à apprendre auprès de son maitre, M. Tshishimbi, un homme très compètent, pour lequel il avait respect et admiration. Comme le demande l’ordre naturel des choses de la vie, l’élève a vocation de dépasser son maitre. Dans son Département il a su s’entourer des jeunes universitaires brillants formés à sa méthode de travail, avec lesquels il partageait ses connaissances immenses acquises grâce à un dur labeur.
Parmi ses élèves de l’époque, on peut citer avec fierté Monsieur Augustin Matata Ponyo, futur Premier Ministre du Pays, Monsieur Jean Elongo, actuel Administrateur de la Banque Centrale du Congo et ancien Directeur Général de la DGRAD, qui a publié récemment un magnifique ouvrage intitulé « Bâtir l’émergence du Congo Démocratique par la Gouvernance » et dans lequel il a témoigné sa gratitude pour son maitre Baudouin Séraphin Mambulu Makudia Nsiala. Nous citons également le Prof Vincent Ngonga, plusieurs fois ancien Directeur de cabinet adjoint du Premier Ministre Augustin Matata et par après plusieurs fois directeur de cabinet du Ministre des Finances. Son passage au Département des Etudes lui a permis de sillonner le monde et d’acquérir des solides compétences dans les difficiles négociations avec le Fond Monétaire International dont il finit par devenir l’Expert numéro 1 au niveau National.
Appelé au service de la Nation, Papa Baudouin se retrouva tour à tour Ministre du Budget dans le Gouvernement Faustin Birindwa, en avril 1993, et ensuite Directeur de Cabinet du Premier Ministre Lunda Bululu, dont on compte dans ses réalisations le pont portant son nom reliant les communes de Bandal et Kintambo. Il importe de rappeler aussi à la communauté du Kongo Central et particulièrement celle de Kisantu, que lors de mandat comme ministre de Budget, Papa Baudouin a procédé à l’électrification de l’artère principale de la Cité de Kimbala ou Kintanu.
À l’arrivée de Mzee Laurent Désiré Kabila en 1997, il avait été appelé à apporter sa grande expérience au Cabinet du Président dirigé par M. Yerodia Abdulay Ndombasi.
Après ces différentes pérégrinations auxquelles ses compétences l’appelaient, il a fini par retrouver sa maison mère : la Banque Centrale du Congo où il termina son parcourt.
Amateur de sport et Mélomane
Papa Baudouin n’était pas seulement un brillant intellectuel, il a aimé le football et surtout la musique toutes les belles chansons congolaises comme européennes que nous avions apprises auprès de lui.
Mort inopinée et précoce à 58 ans
Le dimanche de 29 novembre 1998, la République a été réveillée par une triste nouvelle de la disparition de l’artiste musicien Kabasele Yampanya, alias Pepe Kale.
On aurait pensé que cette douloureuse nouvelle pouvait nous suffire pour cette journée dominicale. Mais hélas, dans l’après-midi, alors qu’il suivait sereinement un match de son équipe préférée de Vita Club de Kinshasa, il fit une crise qui lui fût fatale. Le corps sans vie de ce brillant homme a été conduit aux Cliniques Universitaires par un ami loyal et brave de tous les combats, papa Jérôme Mafumba, à qui il incomba la lourde tâche de nous annoncer cette disparition inopinée à 58 ans seulement.
Aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre d’années. Comme l’a écrit Rilke, c’est à tort parfois que l’on pense qu’une mort est prématurée, certains êtres sont marqués par le destin de sorte pour brève que puisse paraitre leur vie, celle-ci est pourtant accomplie. La vie de feu Papa Baudouin a été dense, toute une véritable école, un modèle pour les jeunes générations.
Nous ne pouvons que remercier le Bon Dieu de nous avoir accordé ce don infini d’avoir connu et vécu avec Papa Baudoin. Qu’il repose à jamais dans la félicité divine.
Kinshasa, 29 novembre 2023.
Dr. Nazaire Nseka Mangani, Auteur.
Mme. Gladys Mambulu L. M’vemba, Co-auteure